La septième guerre de Tsahal
Par Mohamed Abdel Azim
1 / Un demi-siècle d’affrontements
La deuxième moitié du XXe siècle est rythmé par les affrontements armés entre Israéliens et les Arabes. Au Moyen-Orient, depuis 70 ans, chaque décennie est marquée par un conflit armé.
Lors de la création de l’État d’Israël en 1948, la première guerre israélo-arabe a lieu. En 1956, Paris et Londres incitent le gouvernement de Ben Gourion à entrer en guerre contre l’Égypte. Le Tsahal envahit alors le Sinaï, en quelques jours. Mais l’armée israélienne se retire sous les pressions de l’administration Eisenhower, mettant fin à la crise de Suez et aux deux anciennes puissances coloniales au Moyen-Orient. Le Premier ministre Ben Gourion se trouve alors face à des critiques, pour son rôle dans la crise de Suez, malgré le succès des opérations militaires.
Lors de la guerre de 1967, la première guerre préventive dans l’histoire militaire, l’armée israélienne impose un changement majeur dans la géopolitique du Moyen-Orient, occupant le Sinaï, le Golan et la Cisjordanie. Les conséquences de la guerre de Six jours sont considérables. En effet, l’armée israélienne montre sa suprématie et impose sa présence à la frontière syrienne et égyptienne.
En 1973, le président égyptien Sadate se jette dans l’eau du défi, challenge la force de frappe du Tsahal et déclenche la guerre de 73. Cette guerre, qui provoque un choc en Israël, aboutit à la démission de Golda Meir en 1974, succédée par Yitzhak Rabin. C’est aussi cette guerre qui ouvre la voie aux accords de Paix de Camp David entre Le Caire et Tel-Aviv, sous l’administration Carter, en 1978.
Alors que la guerre civile au Liban fait rage (de 1975 à 1990) l’armée israélienne déclenche, en juin 1982, une offensive baptisée « Paix en Galilée », avec l’ambition de « liquider » l’OLP. Le Tsahal avance jusqu’à Beyrouth. Ariel Sharon impose le siège de Beyrouth, bombardée durant deux mois. Yasser Arafat (chef de l’OLP) quitte Beyrouth avec ses Feddayins. Ces commandos palestiniens, ne reconnaissant pas Israël, embarquent sur des bateaux français sous protection multinationale.
Invasion du Koweït par les troupes irakiennes de Saddam Hussein, en 1990, donne lieu à l'intervention internationale sous l'égide de l'ONU. L’opération Desert Storm menée par la coalition internationale, dirigée par les États-Unis, libère le Koweït en 1991, mais l’instabilité régionale commence et laisse apparaître des réalignements politiques régionaux. C’est cette guerre qui dévoile la complexité des tensions politiques et économiques régionales, mettent alors en lumière les rivalités entre les puissances régionales (Iran, Israël notamment).
Cette guerre du Golfe façonne durablement la sécurité régionale qui n'a plus jamais été rétablie. La complexité post-guerre met en évidence les défis persistants de la reconstruction et de la gouvernance en Irak. L’organisation terroriste Al-Qaeda s’organise et, 10 ans plus tard frappe en plein cœur de la ville de New York et de Washington, en 2001.
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2/ Un autre millénaire, Afghanistan 2001
L’intervention militaire internationale après les attentats du 11 septembre 2001 vise le renversement du régime taliban et l’établissement d'un gouvernement afghan soutenu par la communauté internationale. Mais les objectifs de ces interventions restent à atteindre, 20 ans plus tard. Insécurité persistante et les fréquentes résurgences des talibans aboutissent au retrait des troupes américaines en 2021, mettant ainsi fin à l'opération Freedom's Sentinel et la mission appelée Resolute Support pilotée par l’OTAN.
L'intervention en Afghanistan révèle les défis d'appliquer des solutions militaires à des problèmes profondément enracinés, illustrant la complexité de la lutte contre le terrorisme international. La guerre Israël-Hamas n’échappe pas à ce constat. Car malgré le succès initial des opérations contre les talibans, l’instabilité régionale persiste et s’avère un objectif complexe. Le retrait des troupes américaines, en 2021, souligne la nécessité de solutions politiques durables.
Les leçons tirées de l’intervention américaine en Afghanistan ont des analogies avec celles que la guerre contre Saddam Hussein en 2003. Basée sur des allégations d'armes de destruction massive en Irak et le renversement de Saddam Hussein provoque l’instabilité politique et l’émergence de groupes terroristes, tels que Daech ou Al-Nosra, etc. Ces groupes d'idéologie salafiste ou djihadiste apparaissent dans un contexte de guerre en Syrie. Sur les décombres d’Al-Qaïda, le sectarisme accru et la montée de l'État islamique sont des manifestations de la répercussion prolongée sur la stabilité régionale.
L'invasion de l'Irak, en 2003, illustre les conséquences potentiellement déstabilisatrices des interventions unilatérales, avec des répercussions à long terme sur la sécurité régionale, voire internationale. Le renversement de Saddam Hussein a ouvert la voie à des luttes sectaires et à l'émergence de groupes insurgés, mettant en lumière les défis complexes du rétablissement de la sécurité post-conflit, tandis que les conséquences humanitaires persistent, illustrant les coûts à long terme des interventions militaires. Plus de 4 400 soldats américains ont perdu la vie, et les coûts de guerre sont estimés à plus de 2 milliards de dollars, écrit Williamson Murray dans "The Iraq War: A Military History".
En 2006, la guerre des 33 jours est l’un des épisodes de la fatalité des affrontements armés du Tsahal. Cette guerre qui oppose Israël au Hezbollah lors de l'été 2006 marque les difficultés de l’armée israélienne à faire face à des groupes armés et bien organisés (Hezbollah et Hamas). Le mouvement libanais, dirigé par Hassan Nasrallah, obtient un regain de popularité dans toute la région, lorsqu’il oblige l’armée israélienne à annoncer son retrait unilatéral du Liban sud.
L’instabilité à la frontière israélo-libanaise montre la fragilité de la dissuasion conventionnelle. L’un des fondements de cette logique est l’acceptation par Israël sa vulnérabilité face aux groupes militarisés et de l’impossibilité de défaire l’adversaire non dissuadable, tel que la Hamas. En 2005, Tsahal s'est unilatéralement retiré de Gaza. En 2023, la septième guerre de Tsahal pourrait avoir des conséquences politiques intérieurs en Israël, avec la certitude que cette guerre aura des conséquences durables au niveau de la stabilité régionale et le phénomène de la terreur globalisée.
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