LA TECHNOLOGIE DES COLLAGES

LA TECHNOLOGIE DES COLLAGES

L'ART DU FEEDBACK ET DU FEEDFORWARD!

Pour m’aider dans ma recherche et mes réflexions sur la pensée, la nature humaine et moi-même, j’utilise, depuis l’âge de dix-sept ans, un outil particulier, simple et très efficace : les collages. Je me suis initié à cet art à mon arrivée au cégep. J’ai eu l’occasion d’en faire un usage intensif dans les années qui suivirent. J’utilisais les collages à titre d’instrument de communication. J’ai conservé cette habitude jusqu’à aujourd’hui.

Les premiers collages furent créés au tout début du XXe siècle par les premiers adeptes du mouvement DADA dont l’Allemand Max Ernst, réputé pour ses collages inventifs. Ces créateurs s’en servaient pour provoquer et aussi comme forme d’art. Ils disaient, entre autres, être capables ainsi de voir dans le futur. Je précise ici que je n’utilise pas le collage comme instrument d’expression artistique tel un artiste qui juxtapose formes et couleurs pour leur effet esthétique. Le collage est avant tout pour moi un instrument de communication, de feed-back. La méthode du collage est facile et n’exige de l’utilisateur qu’un peu de patience et beaucoup d’humilité; il y a une bonne dose d’inconnu dans cet exercice et beaucoup à découvrir.

Les matériaux à utiliser sont très simples et économiques : un carton de la dimension que vous voulez, des revues, des magazines à recycler, des journaux, toutes sortes de publications dont le contenu semble intéressant ou non, des ciseaux et de la colle. Tournez les pages de vos magazines et découpez ce qui vous tente de façon purement intuitive. Il ne faut pas essayer de raconter une histoire, mais plutôt de choisir les images et les mots en fonction de ce que vous ressentez. Ne cherchez pas à dire quelque chose de précis, logique et rationnel; ce n’est pas le but de l’exercice. C’est facile, vous n’avez qu’à simplement vous laisser aller; découpez ce qui vous touche et vous dit quelque chose. Posez les images et les mots au fur et à mesure sur votre carton. Faites votre assemblage de manière graduelle, toujours de façon intuitive et sans idée préconçue; allez-y comme bon vous semble, c’est bien important. Le collage est un geste créatif, une façon de s’exercer à la liberté de penser. Continuez à découper et à poser vos trouvailles sur le carton jusqu’à ce que ce dernier soit entièrement recouvert ou jusqu’à ce que vous jugiez que vous en avez assez. Attention : il faut au moins trois images pour faire un collage! Une fois que vous jugez que tout est en ordre et à sa place, passez à l’étape de la colle. Fixez chaque image, chaque forme, chaque mot et chaque texte sur le carton. J’ai toujours aimé cette dernière étape pour les idées qui jaillissent et s’imposent progressivement.

Le phénomène qui s’opère durant le processus du collage en est un de saisie et d’identification d’émotions, de sentiments et de pensées intérieures. Tout au long de l’activité, les émotions, les sentiments et les pensées intérieures se reconnaissent et se projettent dans les images et les mots choisis. Nous les saisissons au plus profond de nous-mêmes et les transposons à l’extérieur; subito presto! La plupart du temps, ces émotions intérieures que nous saisissons ne sont pas encore décodées, elles ne se sont pas encore manifestées dans la chambre de décodage de notre cerveau. Elles sont à l’intérieur de nous, provenant d’un peu partout, circulant de notre inconscient à notre inconscient collectif et vice-versa. Elles sont là, nous habitent et s’inscrivent dans un processus d’éclosion et de matérialisation que je qualifie de lent, comparable à une superposition de sentiments diffus, d’émotions et de pensées intérieures non décodées et non extériorisées et en attente de matérialisation dans la réalité.

Je qualifie ce processus de lent parce qu’il est comparable à un embâcle – ces glaces prises, immobiles sur une rivière, lesquelles provoquent une obstruction. Les collages agissent ici comme de la dynamite sur le mental; dynamite au sens où ils viennent libérer les émotions, lesquelles pourront se traduire dans la réalité et se matérialiser au sein des événements, puisque c’est bel et bien de cela qu’il s’agit ici. Il faut se rappeler que notre éducation est toujours restée muette sur les mécanismes de la pensée et ne les a jamais mis en valeur; drôle d’éducation. On ne nous a pas appris à reconnaître, à identifier et à gérer ces processus mentaux et encore moins à assurer la circulation des émotions et des idées dans nos têtes. Tout ce que l’on nous montre, c’est : apprenez ceci et assurez-vous de pouvoir le répéter au moment opportun; le reste, débrouillez-vous comme vous pouvez…

Une fois que notre collage est terminé, que nos sentiments diffus, nos émotions et nos pensées intérieures ont été saisis et assemblés, notre esprit n’a d’autre choix que d’en tenir compte et de s’ajuster en conséquence. Et c’est là la surprise! Nous nous retrouvons aux« insolences d’une caméra », à « surprise surprise » ou un truc du genre. Quelque chose en dedans de nous se voit et se reconnaît à l’extérieur; ce quelque chose est absolument convaincu que nous le voyons également. C’est la débâcle ou, si vous préférez, l’équivalent d’une relâche, d’une perte d’emprise, d’un laisser-aller. Quelque chose en nous est libéré parce qu’il s’est vu à l’extérieur et assume qu’il n’y a plus aucune raison de s’agripper, de se cacher et de se cloîtrer dans sa grotte préhistorique.

Pour ajouter un peu de piquant à tout ceci, il nous faut tenir compte du principe de la gestalt « le tout est plus grand que la somme des parties ». Dans le contexte du collage, ce principe trouve toute sa force puisque le résultat de cet exercice, le produit final, va au-delà de la simple addition de toutes ces images. Le tout produit une situation originale et combien surprenante pour l’esprit. Il y a toutes sortes de rebondissements avec les collages. À certains moments, j’ai l’impression de regarder un véritable bulletin de nouvelles beaucoup plus intéressant que ceux qui nous sont présentés à la télévision. C’est tout à fait l’équivalent d’une nouvelle chaîne spécialisée : MIND NEWS! On vous tient au courant des toutes dernières manifestations de l’esprit. Cette chaîne possède un nombre inimaginable de correspondants à l’étranger, dans l’inconscient collectif. Elle a une série inédite sur l’histoire et ses reality shows sont les plus authentiques au monde. Ce qui est super avec cette nouvelle chaîne spécialisée, c’est que nous sommes à la fois le spectateur, le présentateur, la nouvelle, le producteur de la série et le patron de la station. Il n’y a pas de temps d’antenne publicitaire sur cette chaîne.

J’utilise les collages pour m’aider à comprendre et pour pousser plus loin l’exploration de toutes sortes d’idées, mais vraiment toutes sortes. Au passage, il m’arrive d’avoir le sentiment que certaines questions me pressent ou encore s’imposent; à l’occasion, les collages me permettent de constater que ces questions ne sont pas importantes, que je n’ai pas à m’en préoccuper et que je peux passer à autre chose. C’est parfois bien pratique. Dans ces cas-là, j’ai le sentiment de sauver du temps, beaucoup de temps.

Il y a aussi cette étonnante facette reliée à l’avenir, cette impression très distincte de réellement programmer le futur. Cette réaction est associée au fait que le collage nous fait voir et matérialiser maintenant des éléments de notre vie intérieure qui ne sont pas encore traduits dans la réalité. Nous prenons de l’avance sur nous-mêmes, nous sommes notre propre éclaireur dans l’exploration de cette magnifique contrée, nous nous précédons en quelque sorte. C’est un peu comme si tout en marchant, nous lancions des sentiments et des émotions devant nous sur notre chemin et que nous les rejoignions. Au passage, ils nous semblent familiers, ne cherchent plus à nous arrêter et, mieux encore, au fur et à mesure de ce processus, nous constatons avec joie que notre vitesse s’accélère. Nous comprenons rapidement qu’il y a plus encore à découvrir, beaucoup plus.

De collage en collage, il y a comme un rappel de l’un à l’autre. Ceci est comparable à la superposition de couches transparentes, des idées-force qui sont reprises et remises en situation, toujours à l’intérieur de nouveaux contextes. Avec le temps, j’ai découvert dans les collages plusieurs approches ou aspects particuliers qui reviennent régulièrement d’un collage à l’autre.

• Un volet historique : les ancêtres, les époques antérieures, un retour dans le temps, des artéfacts.

• Un volet physique : la maison, la ville, le bureau, l’espace, la terre, la planète, l’atome, la cellule, le système solaire.

• Un volet de situation : la rencontre, l’annonce, l’opportunité, le contexte, la mise en situation, le moment particulier, les circonstances.

• Une notion de point de vue : le témoin, l’acteur, l’observateur, le précurseur, la victime, plusieurs rôles – comme dans une pièce de théâtre, voir une situation sous plusieurs angles différents.

• Un sens de renforcement et d’action : on me décrit, me guide, me réconforte, m’aide, m’annonce des choses, me prépare, me révèle à moi-même, me révèle des choses, des sentiments, des souvenirs et des émotions.

• Un volet thérapeutique : aide à faire disparaître les maux de tête, le stress, l’angoisse.

Nous pouvons très bien faire un collage sur un thème précis ou encore pour quelqu’un. Le principe est le même; nous gardons en tête notre thème ou nous pensons à la personne à qui il s’adresse et nous choisissons les images et les mots en fonction de ce que nous ressentons. Nous pouvons à l’occasion y inclure notre photographie, d’autres photos personnelles, certains de nos textes, nos idées maîtresses, des phrases clés qui nous captivent; bref, tout ce que nous voulons. Nous pouvons ainsi faire et envoyer des collages à toute personne qui joue un rôle de n’importe quel ordre dans notre vie. Cela, c’est le côté sexy des collages. Voici une liste non limitative de suggestions : des parents, des beaux-parents, des amis, des vieux amis, une ancienne flamme, un professeur d’école, des collègues de travail, notre patron, un fournisseur, le maire, notre député, nos vedettes du petit écran, du sport ou de la culture, etc.

Au tout début de ma carrière dans l’univers des collages, je décide d’en donner à tous mes amis et à tous les membres de ma famille. Je suis dans une phase d’introspection et j’ai besoin de clarifier mes relations ou, tout au moins, de m’assurer de la qualité des liens avec les gens dans mon environnement. J’en remets donc à tout ce beau monde à l’époque et cela me procure un réel bienfait. Bienfait au sens où j’ai le sentiment de mettre de l’ordre dans mes relations, mais d’une façon bien positive, originale et combien efficace. En faisant l’exercice, je comprends que dans chaque famille subsiste, au-delà de l’héritage génétique, un héritage affectif et émotif. Cet héritage se transmet de génération en génération et cherche parfois à s’imposer. L’on se retrouve avec une facette de notre histoire qui est presque incontournable. Présentes dans le patrimoine familial, ces facettes sont des charges émotives qui peuvent être négatives ou positives et qui tendent à jouer un rôle d’influence auprès des membres de la famille. Dans cette série de collages, j’ai la chance de pouvoir littéralement saisir ces charges émotives, de les traduire et de les extérioriser. Pouf! Parti, envolé, disparu; pas plus compliqué que ça! Ce quelque chose en dedans de nous, qui se voit et se reconnaît à l’extérieur, est absolument convaincu que nous le voyons également; c’est la débâcle. Il m’est bel et bien resté une histoire issue de ces charges émotives, comparable au récit d’un rêve très prenant au petit matin.

Un exemple intéressant parmi cette série de collages liés à mon entourage immédiat concerne mon père, malheureusement décédé depuis. Je sais qu’il n’aurait pas d’objection à ce que je raconte cette histoire. La voici : Je réalise trois ou quatre cartons collages, de format 9 po x 12 po en pensant à lui, bien sûr, mais en n’ayant aucune idée préconçue de ce que je vais faire. Je ne cherche pas à lui raconter une histoire précise. Ce qui est clair dans mon esprit, c’est mon intention en réalisant le collage : je veux lui dire que je souhaite « aller plus loin dans la vie » et que je dois me départir de certaines valeurs qu’il m’a données, pas de tout son héritage, mais de certains aspects. Je suis conscient que pour réaliser mes rêves, je dois me départir de certains bagages, car ils me seront inutiles; plus encore, ils risquent de se transformer en fardeau. Le résultat final, le contenu des collages ne me dit rien de particulier; cela semble raconter une histoire qui ne m’est pas familière; mais bon.

Je vais le voir sur les lieux de son travail et lui remets l’enveloppe qui contient les collages. Je lui dis : « J’ai un cadeau pour toi ». Il l’ouvre, prend deux ou trois minutes pour les regarder. Au même moment, je vois l’émotion gagner ses yeux. Je réalise qu’il y voit quelque chose, un sens à toutes ces images que je ne comprends pas. Il me demande « Qui t’a dit ça? Qui t’a informé de tout ceci? » Je lui avoue bien franchement que ne je sais pas ce que mes collages racontent et que j’ai réalisé ces derniers de façon bien intuitive, sans chercher à dire ou à raconter quelque chose de très précis. C’est là que je lui fais part de mon intention d’aller plus loin dans la vie et que je comprends que je dois me départir de certaines choses qu’il m’a léguées; ces choses, je viens simplement les lui remettre. À ma grande surprise, il m’avoue ne pas être étonné de ma démarche. Il jette un autre coup d’œil aux collages et me dit qu’il comprend ce que je suis en train de faire et il accepte mon « cadeau ». La rencontre est brève, cordiale, sans animosité, mais chargée d’émotion.

J’en arrive rapidement à la conclusion qu’en montrant ou en remettant un collage à une personne, celle-ci y cherche un sens, s’y projette et fait des liens avec sa vie intérieure et sa propre histoire. C’est un véritable automatisme et la personne n’a d’autre choix que de l’interpréter de manière hautement subjective. Plus encore, j’ai la conviction que c’est la personne, tout au moins ce que j’en ai intériorisé, qui fait le collage. Très souvent, les gens n’en reviennent pas et se sentent totalement concernés par ce qu’ils voient. Vraiment comme s’ils l’avaient fait eux-mêmes. C’est ainsi que toutes les personnes à qui je remets des collages y voient des choses, des sens et des messages dont elles seules peuvent saisir toute la portée; sachez que, bien souvent, je ne m’en plains pas!

En cherchant plus loin, j’ai aussi compris que remettre un collage à quelqu’un revient à saisir une partie de soi vis-à-vis de cette personne et aussi vis-à-vis le type de rapport ou de relation que je peux avoir avec elle. Dans certains cas, le collage vient mettre fin à la relation parce que les choses apparaissent évidentes. Dans d’autres situations, le collage vient mettre en relief ce que les deux personnes ont en commun et permet à chacune d’elles de dépasser ce niveau et d’aller plus loin. Le collage ramène la personne à elle-même, l’invite à se concentrer sur ses préoccupations personnelles et à s’occuper de ses affaires.

Les collages dans nos sociétés s’inscrivent dans un contexte de projection. Comme tout le monde le sait, les individus se projettent les uns sur les autres à des degrés d’intensité qui peuvent varier considérablement. J’utilise le terme projection dans le sens de porter ou de transférer aux autres des intentions ou des suppositions qui renferment en elles une charge émotive et affective, si minime soit-elle. On se projette en fonction de notre éducation, de nos problèmes, de nos désirs, de nos tracas et de nos ambitions. En plus de se projeter, l’on reçoit et l’on subit les projections des autres. Certaines personnes ne se projettent pour ainsi dire pas, mais peuvent être extrêmement réceptives à leur environnement. Chez d’autres, c’est le contraire; elles passent leur temps à se projeter partout, sur tout le monde et c’est souvent un véritable jeu pour ces personnes. Ce système de projection est un problème grave, un véritable fléau, un virus ancestral qui s’est installé dans les rapports humains et qui vient fausser et handicaper toutes les relations. Ce système prend sa source dans l’histoire chez nos gentils ancêtres, les premiers reptiles. S’appuyant sur la relation de dominant et dominé, il s’insinue sournoisement dans les moindres aspects de la personnalité des individus, et ses principaux supports, vous vous en doutez, sont la peur et la haine. L’évolution aurait besoin d’évoluer un peu, n’est-ce pas? Alors, en faisant un collage pour quelqu’un, nous saisissons, entre autres, mais pas exclusivement, ses projections, les traduisons en références culturelles actuelles et les lui retournons. C’est ce qui fait que ce dernier s’y reconnaît. Les collages, dans ces cas bien précis, provoquent un effet boomerang qui peut être parfois très saisissant à observer.

Un ami psychologue, le docteur René Bernèche, me dit que mes collages lui rappellent des mandalas, soit des représentations géométriques de l’univers dans le brahmanisme et le bouddhisme. Voici ce que j’ai trouvé à propos des mandalas dans le livre La danse de la vie, d’Edward T. Hall : « Il s’agit d’un des plus anciens moyens de classification jamais utilisé : un mandala a généralement la forme d’un cercle ou d’un carré, et son fonctionnement est comparable à celui d’une matrice utilisée en algèbre. Les mandalas sont particulièrement utiles quand les relations considérées sont paradoxales, au sens où elles se complètent et se contredisent à la fois; ou encore, quand il s’agit de considérer des paires ou ensembles de faits dissemblables dont on saisit intuitivement la relation, mais sans les avoir encore associés, reliés ou combinés en un seul système. »

Hall m’a amené à comprendre un des aspects les plus importants des collages. Cet auteur traite des expressions de l’homme, de cette faculté unique de s’extérioriser à grande et à petite échelle. Il parle des manifestations de l’homme, de ce processus unique chez l’être humain de se transposer à l’extérieur, de créer; il explique que la culture est le résultat, le fruit de cette expression. Il précise également que culture égale esprit; c’est l’esprit de l’homme qui se projette ainsi. J’ai rapidement fait le lien avec les collages; dans ce cas-ci, les images et les mots utilisés sont essentiellement des éléments culturels. Je me rends compte en quelque sorte qu’en faisant un collage, je prends des morceaux de culture, d’esprit, que je redéploye et réarrange sur le carton. Il y a assurément de l’intelligence dans les collages. J’en déduis que c’est un moyen de communication et de feed-back extraordinaire qui nous aide à nous reconnaître et à nous réaliser.

J’ai vu des collages raconter une histoire très précise, parfois même très complexe. Je suis obligé de vous admettre qu’à force d’en faire, je découvre une direction, un objectif. Je me rends compte que je m’en vais quelque part. Comme si nous marchions dans le noir absolu et, qu’au travers des collages, nous avancions, franchissant des obstacles et progressant rapidement malgré le fait que nous n’y voyons absolument rien. C’est un sentiment étrange qui nous amène graduellement à faire un choix, à décider si, oui ou non, nous faisons confiance à ce que nous voyons et comprenons dans nos collages. Au même titre, les collages nous aident à faire une certaine « mise à jour » des outils de notre cerveau. Ils aident à établir de nouveaux liens et nous guident dans l’apprentissage de nouvelles façons de penser et dans l’acquisition de nouveaux points de vue face aux situations et aux événements; comparable au fait d’effectuer d’importants travaux de rénovation dans sa maison. C’est un magnifique instrument de recherche qui peut nous amener très loin…

Dernièrement, à la suite de la réalisation d’une série de collages personnels, je décide de les traduire littéralement en mots dans un texte. Une fois les collages terminés, je me mets à expliquer et à interpréter ce que je vois et ce que j’en comprends. Pour chacun d’eux, je donne ma version des faits, mon explication, que je compile à l’ordinateur en prenant soin de transcrire également les mots, les phrases et les textes que contiennent les collages. Cela me fait penser à cette technique qui consiste à noter ses rêves, nuit après nuit, pour parvenir à en saisir le sens. Bien sûr, cette traduction est totalement subjective, libre et très spontanée, mais je m’aperçois qu’elle vient complètement changer ma relation avec le médium lui-même. Je comprends que j’amène ainsi l’effet et l’impact du collage à un autre niveau, à une autre phase de communication. Je prends ainsi conscience que j’encourage, supporte, intègre et m’approprie cet exercice, son contenu et tout ce qu’il véhicule. Dans ce sens, je me rends compte que cet exercice de transcription et de traduction me procure l’énergie nécessaire pour soutenir dans le quotidien l’expression de nouvelles idées. C’est une sensation extraordinaire et un phénomène tout à fait exceptionnel.

Puis j’ai décidé de pousser l’exercice encore plus loin, toujours dans un processus de recherche, justement en travaillant à la rédaction de ce livre. Il y avait certains thèmes qui s’imposaient à mon esprit, mais ils étaient incomplets. Je manquais soit de données ou encore de liens entre mes informations. C’est ainsi que j’identifiai les thèmes que je souhaitais développer et que, pour chacun d’eux, je réalisai un collage spécifique. Voici la liste de ces thèmes : La dimension politique, O le Révélateur, Les médias, La créativité/cerveau 10 %, The Self Contain Experiment, Crise d’identité/Total Memory Environment, À propos de cette certitude/cette référence qui m’habite, Le fil conducteur/The One Spirit Movement, Passage.

Ce qui est particulier ici, c’est qu’au lieu d’attendre que le collage soit terminé pour en faire la traduction et écrire ce que je percevais, j’ai pris des notes au fur et à mesure de la construction du collage. Je regardais l’image que je découpais et, immédiatement après l’avoir déposée sur mon carton, je m’empressais de noter ce qui me passait par la tête – les idées, les réflexions et les questions que cette image ou ce texte suscitait, et ainsi de suite, jusqu’à la fin. Une fois toutes mes images, mes mots et mes textes collés sur le carton, je procédais immédiatement à la transcription à l’ordinateur de toutes les notes que j’avais prises. Ces notes m’ont aidé à nourrir mon travail de rédaction; elles m’ont fourni de nouvelles idées et m’ont permis d’établir de nouveaux liens. C’est ainsi que j’ai été en mesure de compléter la rédaction de la deuxième partie de mon livre, Quel Cirque! Ma Théorie Générale de la Réalité.

JEAN DAVID

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