L’alcool non, l’eau ferrugineuse [et le vin] oui.

L’alcool non, l’eau ferrugineuse [et le vin] oui.

Au cours de ses douze heures et demie de visite au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a eu tout loisir de le confirmer : oui il aime le vin.

Pas comme Manuel Vals aimait l’entreprise - sans y avoir jamais goûté – mais comme un amateur convaincu [« J’en bois midi et soir »].

Le Président n’ayant pas été lâché d’un pouce par sa Conseillère technique et ancienne Déléguée générale de l’association Vin & Société, Audrey Bourolleau, le message au monde viticole est bien passé.

Pourquoi un tel déploiement de signaux positifs vers la filière ? Parce que la ministre de la Santé avait eu le tort d’affirmer sur France 2 quelques jours plus tôt que « scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre »* et que du côté des vignobles, on a décidé d’allumer des contrefeux, voire de faire donner l’artillerie lourde.

Lourde comme la question posée au Premier ministre par la sénatrice [et viticultrice] Nathalie Delattre : « Souhaitez-vous faire de la France le pays de la prohibition ? ».

Mais lourde aussi comme l’obstination des associations de prévention à ne pas reconnaître que le monde viticole œuvre - dans son propre intérêt - pour promouvoir un usage « responsable » du vin, obstination aussi à refuser qu’un message de modération s’avère toujours plus efficace qu’une diabolisation ou une injonction.

Du coup, on aimerait bien que les lobbys pro et anti cessent d’opposer tradition et santé publique. Inutile d’attaquer le vin quand il s’agit de combattre le binge drinking des jeunes : ils n’en boivent pas.

Inutile, à l’inverse, de nier que ce même vin est autant chargé en alcool qu’en vertus culturelles et que ses prétendus bénéfices pour la santé sont loin d’effacer ses dangers potentiels, notamment chez les femmes enceintes.

Il n’y aura pas d’amendement pour durcir la loi Evin, comme en circulait le bruit depuis quelque temps. L’hypothèse était d’ailleurs d’autant plus improbable que l’assouplissement du texte était dû à un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, permettant de distinguer publicité et information sur le vin...

Jacques DRAUSSIN

*L’alcool, un tabou français, France 2, 7 février 2018

séparons le bon grain de l'ivresse

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets