L'approche systémique... mais bien sur !

Je partirai d’une situation simple, concrète, inventée mais réaliste, à laquelle je vais appliquer une lecture « lambda » et une autre « systémique ». 

Vous comprendrez dans quelle mesure l’approche systémique apporte de la valeur, ouvre des perspectives et permet des décisions et actions plus appropriées. 

Les faits : « 1er juillet, lundi matin, Arthur entre dans la salle de réunion du projet B56 qu’il rejoint pour renforcer l’équipe après le départ rapide d’un collaborateur (Marc). Pour Arthur, voilà enfin le moment tant attendu, le projet dont il rêvait : visible et intégrant de multiples innovations auxquelles il s’intéresse depuis longtemps et qu’il étudie durant son temps libre. Niveau de confidentialité élevé, stress sans égal. Pour l’équipe, c’est une aubaine : Marc est parti du jour au lendemain, c’était inespéré de trouver si rapidement quelqu’un compétent et immédiatement opérationnel.

La semaine précédent l’arrivée d’Arthur, le chef de projet annonce à l’équipe le départ de Marc et l’arrivée d’Arthur (waouh, une chance, ce n’est pas toujours le cas). 

1 mois plus tard… Arthur se sent toujours mal à l’aise, comme à son arrivée. Il sent un malaise qu'il prend pour une forme de rejet de l’équipe qu’il ne comprend pas. Alors il se questionne, se demande ce qui pourrait justifier ce malaise. A t-il dit quelque chose de travers ? Est il compétent et légitime ? Peut-être ont ils entendu parler du projet Y auquel il a participé il y a 9 ans et qui s’est arrêté net du jour au lendemain ? Il a beau chercher, il ne comprend pas.

1 mois plus tard… Arthur est convoqué par le chef de projet qui lui annonce qu’il a 2 semaines pour terminer son livrable et qu’il quitte ce projet. 

Il y a fort à parier qu’Arthur, en professionnel qu'il est, aille chercher à comprendre, se questionne, se remette en cause … puis doute, se dévalorise, perde confiance en lui alors que personne n’a jamais remis en cause ses compétences et son professionnalisme. 

Avec une approche systémique, la lecture de la situation devient bien différente. Un point de théorie avant de poursuivre avec l’analyse. L’approche systémique repose sur le postulat que les systèmes vivants respectent et entretiennent des principes de fonctionnement plus forts que tout. Ce qui prime, c’est la survie et l’expansion du système. Cette phrase, aussi simple soit elle, est centrale dans l’approche systémique. 

Sans que personne ne s’en rende compte, ni Arthur, ni les collègues, ni le chef de projet, il était systémiquement impossible pour Arthur de réussir dans ce poste. En effet, personne ne s’est rendu compte des dysfonctionnements systémiquesque voici. 

Le prédécesseur (Marc) a été remercié très rapidement, sans que ses contributions passées sur le projet aient été reconnues et valorisées. Seule son erreur inacceptable de la semaine dernière grave les mémoires. Systémiquement, le travail de clôture de la mission de Marc a été bâclé, le poste d’expert reste (systémiquement) occupé par Marc, même après son départ physique. Le lien (systémique) n’a pas été rompu. La place n’est donc pas disponible (systémiquement) pour un remplaçant, qu'il s'agisse de Arthur ou de quelqu'un d'autre.

Par ailleurs, Arthur ressemble beaucoup physiquement au frère de Paul qui est dans l'équipe depuis toujours et dont la présence guide un peu l'ambiance de l'openspace. C’est plus fort que lui, inconsciemment, il colle 30 ans de conflits de fratrie avec son frère, sur le dos d’Arthur, qui ne connaît pas le frère, ni l’histoire et n’est pas du tout le même type de personne. Les systèmes personnel et professionnel de Paul se confondentsans aucun signe apparent et cela impacts l'ambiance du projet. 

Et enfin, pour aggraver la situation, Arthur est jeune et brillant. Son poste est élevé dans le projet. Systémiquement, cela génère nécessairement de la confusion dans la hiérarchie. En terme d’âge (35 ans), c’est un « petit », en terme de poste, c’est un « grand » (Directeur …), en terme d’ancienneté, c’est un « petit » (3 ans d’ancienneté), en terme d’expertise, c’est un « grand » (expert européen du sujet, conférencier et interviewé dans les revues spécialisées). Dans un cas comme celui ci, un travail de positionnement de chacun est nécessaire (par le management) pour pacifier les relations. C’est en dehors de toute intention de nuire, de toute jalousie ou autre des collègues ou du management. C’est purement systémique, invisible à l’oeil non-initié et pourtant d’une puissance incroyable. 

Alors attention, quand je dis que c'est au management de clarifier cela, il ne s'agit pas de réaliser tout ce travail systémique avec l'équipe présente. Certains actions sont purement managériales et peuvent être menées par le manager lui même (avec un coach systémique, en formalisant un organigramme, ... par ex). 

Nous pouvons alors revenir à la question de « valeur de l’approche systémique» que je posais en début d'article… revenons-y. 

Comme vous pouvez le constater autour de cet exemple simple (la réalité professionnelle est souvent plus complexe encore), la situation est régie par des dynamiques bien plus vastes et puissantes que la volonté consciente de quelques consultants, chefs de projets, managers et directeurs (et je les cite volontairement dans cet ordre, c’est systémique). 

La question n’est pas de savoir qui a raison ou qui a tord, loin de là !

La question est de prendre du recul et lire les signes systémiques à notre disposition, pour comprendre plus justement la situation et pouvoir agir sur la source, sur l’origine et non pas sur les symptômes. 

Un évènement de teambuilding n’aurait par exemple rien résolu en profondeur dans ce cas. Cela aurait temporairement boosté l’équipe grâce à un changement de cadre, un peu d’air et de prise de recul, mais dans le fond, les causes seraient restaient intactes alors qu'il est possible d'intervenir systémiquement sur la situation et rétablir de l'harmonie. 

Porter un regard systémique sur une situation, c’est accepter que des principes forts régissent les dynamiques, avec bien plus d’influence que ce que l’on pourrait croire. C’est une ouverture à de nouvelles perspectives. La situation reste inchangée, la perception initiale demeure. Cependant, le regard évolue et un vaste spectre d’actions ou de décisions devient alors possible. 

Dans la vie professionnelle, le coaching systémique (et les constellations systémiques qui feront l’objet d’un article dédié tellement c’est un sujet vaste et important) permet d’ouvrir la compréhension d’une situation vécue et accéder à de nouvelles perspectives. C’est « regarder le rubix cube » sous un autre angle et ouvrir le champs des possibles. 

Dans la vie personnelle, c’est notamment regarder la famille comme un système bien plus complexe qu’un ensemble de générations, sexes, âges, caractères qui interagissent. Par exemple, l’enfant qui pique constamment des colères, c’est une chance. Il exprime « quelque chose » au nom du système. Ce n’est pas lui, le problème. Il est le porte voix d’un autre sujet qu’il est possible d’aller chercher. Un travail systémique (qui se fait avec un parent ou les 2) permet de comprendre ce qui se joue, au delà des apparences et de dénouer la situation. 

En famille, comme en entreprise, utilisons ce qui peut être perçu comme un « problème » plutôt comme une occasion d’aller écouter le système. Plus le « problème » est enfoui, combattu, tu, … plus il se fera fort afin d’être vu et entendu. Il faut alors choisir entre faire l’autruche ou écouter…

Ce sujet vous intéresse, vous questionne ? Parlons en. 

Vous remarquerez le titre, c'est bien volontaire de ma part de terminer par ! et non par ? 

Certifiée en coaching et consulting systémique, j’interviens auprès de particuliers et d’entreprises pour des accompagnements systémiques (entre autres). Avec un parcours en France et à l’étranger, dans le conseil et comme épouse et mère de 5 enfants, j’intègre ce parcours de vie à mon approche de coaching. Bienveillance et confidentialité son mes maîtres mots, vous pourrez toujours compter dessus. 

Cécile Bertin Chaves - Coach Systémique Certifiée - 26 Avril 2018 -