L'après confinement... Se sont les victimes du burn-out qui en parlent le mieux
"Ce n'est pas une crise, c'est une catastrophe" nous lance cette semaine le neuropsychiatre, Boris CYRULNIK. La période que nous vivons depuis le 17 mars, nous renvoie incontestablement à la fragilité de l'être. Oui, nous sommes mortels ! Elle nous déséquilibre brutalement dans notre course folle contre le temps et notre recherche quotidienne à vouloir sans cesse le rattraper. PASCAL écrivait sur le sujet : "Rien n'est si insuportable à l'homme que d'être en plein repos" Le temps suspend son souffle et nos espaces se réduisent et empiètent sur nos libertés dont parfois, nous n'avions même plus conscience...
Ce confinement entraîne aussi de l'angoisse pour de nombreuses personnes. En effet, si nous sommes toutes et tous embarqués sur le même bateau, nous ne logeons pas toujours au même niveau et n'appréhendons pas cette période d'une façon identique. Catherine TOURETTE-TURGIS professeure à la Sorbonne explique dans une étude récente, qu'après dix jours de confinement, cela peut générer du stress, de l'anxiété, des insomnies...
Sur ce sujet,, Dans mon article précédent du samedi 21 mars , j'écrivais comme d'autres, qu'il existait sans équivoque des points communs entre le confinement et le processus du burn-out. Et l'après confinement comment pourraient-ils nous en parler ? Le neuropsychiatre nous précise qu'après chaque catastrophe, il existe un changement de culture. Les victimes de burn-out nous diraient que la prise en compte en permanence de la santé en représente l'axe universel. A la fois : pour notre vie intime et professionnelle. En effet, nous ne devons plus perdre notre vie à la gagner.
Une victime d'un effondrement professionnel le sait, car elle a connu le mal-être au travail, la souffrance, le harcèlement, sans oublier, la perte de sens, la non-reconnaissance, l'isolement puis la solitude. Ainsi, dans son processus de reconstruction, elle s'interroge sur la place du travail sous un aspect individuel mais aussi sociétal. Non ! Le travail ne rend pas libre, il contribue à notre existence de vie via un salaire, Et contrairement à l'acte de se nourrir, manger, boire ou dormir, il n'est pas naturel. Puis, la personne victime d'un burn-out s'engage dans la recherche d'un équilibre entre son bien-être intérieur et les missions qu'elle souhaite mener. Elle reprend sa destinée en main pour lui donner un sens, une cohérence entre le dire et le faire.
Ainsi, au cours de sa renaissance, elle prend conscience de son bagage inestimable, celui de ses émotions. Elle apprend à les entendre, les écouter et les comprendre. L'âme et l'esprit se retrouvent ainsi reliés. Les ignorer équivaut à nous rendre aveugles et sourds des autres et de notre environnement. Bien souvent, nous entendons les témoignages de professionnels qui expliquent que l'expression émotionnelle est bannie par la hiérarchie, en particulier dans les métiers de la relation d'aide. De ce confinement, nous devrons libérer et accepter d'avoir peur, d'être triste, joyeux ou en colère. Nous devrons revendiquer le droit à l'émotionnel.
Par ailleurs, un écho tous les soirs résonne depuis le début de cette période : la reconnaissance envers les soignants et tous les corps de métiers qui sauvent et préservent nos vies. Ainsi, il nous aura fallu être au seuil de la mort pour que nous comprenions que l'autre existait. Lorsque j'entends le président de la république ou les patrons de grandes entreprises comme Carrefour ou Auchan (qui annonçait quelques semaines avant, des licenciements) qu'ils s'engagent à verser des primes aux salariés pour leur courage, je suis amer, en colère de ce temps gâché et je pense à toutes ces personnes, n'ayant pas obtenu de reconnaissance professionnelle de la part de leurs hiérarchies, qui se sont suicidées. Comme Madame Christine RENON en septembre dernier, dans la cour de l'école dont elle était responsable.
La reconnaissance ne se valorise pas économiquement mais d'abord dans une relation humaine.. C'est un bonjour, un merci, une réponse. Saluer les capacités de la professionnels, se parler en se respectant... Porter attention à l'autre. Alors, une victime de burn-out vous expliquera que le collectif doit reprendre ses droits. Cet écho au balcon ne doit pas être un simple courant d'air, non ! Il devra se traduire pas des actes concrets dans nos vies intimes et professionnelles. Le bien-être au travail ne pourra plus être un mythe. Boris CYRULNIK ajoute ainsi "L'individualisme nous a coûté cher"
Enfin, nous sommes notre propre et unique richesse et nous devons devenir auteurs et acteurs d'une économie à taille humaine. A l'inverse alors, il nous faudra s'indigner et résister. Aujourd'hui, les victimes de burn-out, se sont elles qui en parlent le mieux. Alors, écoutez-les.
Coach professionnel et psychopraticien, spécialiste du burn-out
4 ansBonjour Laurent. Merci pour votre article très intéressant. Ayant traversé le désert et l'épreuve de feu du burn-out, on peut effectivement supposer que ces victimes vivent mieux le confinement.
Osez franchir les limites de vos croyances et de vos certitudes
4 ansBonjour Laurent, Votre article est intéressant par ce parallèle que vous faites entre la situation sociétale actuelle (dans son sens large) et la situation de burn-out. Je souscris à l'idée qui peut se lire au travers de vos propos (et que sans doute vous avez déjà affirmée antérieurement): la société est en burn-out. Je crois que le sens des choses humaines a été perdu dans des intérêts artificiels et qui ne profitent pas à tous. À voir combien la suspension de l' "agitation" des terriens fait du bien à la Nature, et la crise, par certains côtés, à la nature humaine, on peut dire que le Covid-19 pousse à la circonspection et à l'interrogation même parmi les plus réfractaires. Yves Simon interrogeait: "Que sommes-nous devenus, nous qui aurons inlassablement rêvé de bonheur, qui avons inventé la démocratie, su repérer les trous noirs, l'invisible sidéral et les amnésies de l'histoire ?" Oui, que sommes nous devenus? C'est une question qui hante ceux qui sont victimes de burn-out... retrouver du sens pour pouvoir avancer de nouveau... rester au contact avec l'essentiel, cette petite voix tapie au fond de nous et qui n'a de cesse de nous murmurer: vis! Passez une belle journée confinée.