L’art au service de la création de valeur en entreprise

L’art au service de la création de valeur en entreprise

Il est bien révolu le temps où les entreprises dépensaient sans compter pour des séminaires dans des destinations de rêve au bout du monde, souvent à des prix pharaoniques ! Il est bien révolu le temps où les salariés faisaient carrière dans une même entreprise. Tant pour des raisons économiques (de rentabilité) qu'éthiques (de respect pour ses salariés), l'entreprise se veut, aujourd'hui, plus rationnelle, raisonnable dans ses choix et attend un retour sur investissement concernant les dépenses engagées. Préserver et développer le chiffre d'affaires ou la rentabilité restant une priorité, il est clair que les dépenses pour conquérir de nouveaux clients ou fidéliser les clients existants sont toujours mobilisées. Mais qu'en est-il des actions menées auprès des salariés ? Comment créer et maintenir l’engagement nécessaire à la motivation, la performance et la fidélité ?

L’émotion par la culture

Aujourd'hui, l'entreprise a aussi pour rôle de transmettre ses valeurs aux salariés, non seulement lors de leur embauche mais aussi tout au long de leur vie professionnelle dans la société. Pour bien faire, il s'agit de toucher l'humain et non le travailleur, de lui faire vivre des expériences sensibles, émotionnelles ou culturelles qui le toucheront personnellement et le projetteront dans la culture d'entreprise. Ce terme est d'ailleurs édifiant : la " culture " d'une entreprise ne peut elle pas être mieux transmise que par une dimension culturelle ou artistique ? L'art a cette vertu de nous emporter, nous transporter, on ne sait où, on ne sait comment. Quand nous sommes touchés, nous nous laissons emmenés avec plaisir : nous sommes énergisés, motivés. La rencontre avec l'art est comme une rencontre amoureuse, cela ne s'analyse pas ni ne s'explique, cela se vit ! Les valeurs d'entreprises, transmises avec émotion, en permettent une meilleure appropriation ... pour mieux les vivre personnellement.

Voyages initiatiques

Un, voire plusieurs rendez-vous peuvent être proposés au cours de l'année lors desquels sont expérimentés les messages de l'entreprise. Les dispositifs peuvent être mono discipline et idéalement pluridisciplinaires, ponctuels ou récurrents.

Lors de rendez-vous réguliers, peuvent être proposées diverses interventions comme, par exemple, celle de faire venir tous les mois un conférencier (art, philo, histoire ...) qui enchantera et fera s’évader les salariés d'une business unit ou issus de différents services de la société. Ceux-ci se retrouvent pendant une heure autour de la pause déjeuner et découvrent un thème culturel différent à chaque rencontre, le thème pouvant être lié à une des valeurs de l’entreprise. Un artiste peut également proposer un atelier de créativité qui permet aux salariés de prendre des cours de peinture ou de poterie, mobilisant leurs sens et leur créativité.

D'autres initiatives peuvent être mises en place plus ponctuellement, lors d’un événement d’entreprise plus formalisé. Ainsi, en matière de team-building, il peut être proposé la création d'une œuvre collective autour des valeurs de l'entreprise (peinture, graffiti ...) : les collaborateurs sont accompagnés par un artiste et également un coach dans certains cas pour les guider dans la réalisation. L’œuvre sera exposée dans l’entreprise, telle une trace de ce moment fédérateur passé ensemble, de ce travail d’équipe. Des animations expérientielles et ludiques peuvent venir agrémenter une soirée ou un séminaire : concert participatif lors duquel les salariés sont mis à contribution, ou concert plus classique proposant un voyage émotionnel et sensible... Toujours de manière ponctuelle, une prise de parole de conférenciers singuliers (historien, poète, neuroscientifique, acteur...) viendra éveiller les consciences, cultiver l’auditoire, révéler des valeurs, une histoire … Enfin, l’entreprise peut organiser dans ses locaux un vernissage artistique avec prise de parole de l'artiste ou d'un conférencier, que ce soit lors d’une acquisition d’œuvre par la direction, une location longue durée ou pour une simple exposition ponctuelle.

Création et démarche entrepreneuriale

La notion de création recouvre de nombreuses dimensions : on parle tout d’abord du Créateur avec un grand « C », ce Dieu qui aurait donné la vie sur terre il y a plusieurs millions d’années. Il y a surtout des créateurs, plus nombreux, avec un petit « c » qui, comme leur nom l’indique « créent » : il peut s’agir du styliste dans une maison de couture ou du créateur d’entreprise qui lance une nouvelle activité. Le créateur crée quelque-chose pour la première fois, quel que soit le domaine concerné (scientifique, artistique, culturel, industriel …), il innove ! Le fait de créer nécessite de lâcher prise, de tester et de prendre des risques. Quand on crée, il n’y a pas de certitude car il n’y a pas toujours de référentiel et au contraire, si le produit ou le service existe déjà, il faudra faire mieux : répondre à une demande insatisfaite, être moins cher, plus performant …Mettre un collaborateur en situation de création, au-delà de générer du plaisir ou amener du sens, consiste à l’encourager à se mettre en danger en expérimentant des techniques qui lui étaient jusque-là inconnues. Il pourra ainsi dépasser ses limites, savourer la fierté du résultat insoupçonné, la reconnaissance de ses collègues et de son management. La confrontation à l’art est pour l’entreprise une manière de transmettre l’esprit entrepreneurial à ses salariés, à leur faire changer de posture en passant de l’exécution (ou l’obéissance est souvent de mise) à la création et donc au goût du défi. Acquérir l’esprit « intrapreneur » est une tendance d’avenir, source de valeur, de compétitivité et de performance pour l’entreprise de demain. De nombreuses grandes sociétés françaises ont déjà expérimenté des dispositifs de co-création ponctuels sur une ou plusieurs journées. On peut compter parmi elles : BNP Paribas, Orange, La Redoute et bien d’autres …

La symétrie des attentions

Par toutes ces initiatives, l'entreprise montre plus de considération pour ses salariés, les implique, les cultive. Mieux connectés à eux-mêmes, à leur intériorité (motivations, sensibilité, désirs, …) ils sont plus engagés à l'égard de leur employeur et de l’entreprise, créant ainsi plus de valeur autour d'une marque employeur renforcée. La cohésion d'équipe, les liens interindividuels tissés lors de moments expérientiels, est meilleure, l'implication est plus grande ... terreau favorable à mieux penser le service ou la relation au client final. On parle d’ailleurs de « symétrie des attentions », concept apparu il y a dix ans dans l’ouvrage Du management au marketing des services de Charles Ditandy et Benoît Meyronin. Par ce principe, l’entreprise s’engage d’une part dans un certain niveau d’attention à son client final ; d’autre part, elle doit soutenir ses salariés avec le même niveau d’effort pour garantir un cercle vertueux dans la création de valeur !

Article paru dans La revue des marques N°99 - juillet/septembre 2017


Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets