L'automne
C’est un vent saisissant qui m’apprend la nouvelle
Celle humide et froide, celle un peu mortelle.
Avec amertume et effroi je ne peux que constater
La fin rapide et annoncée, celle des beaux jours d’été.
Alors, pourquoi mettre le bout de son nez dehors
Quand bien même l’on sait que le temps est mort
Apercevant au loin une magnifique feuille orangée
Tournant, virevoltant et prête à s’allonger.
Les signes ne trompent pas, à terre elle s’aplatit
Superbement détachée sur ces brins d’herbe hibernants
Ce point d’espoir lumineux, malheureusement périssant
Sous le poids familial, finira ensevelie
Chaque larme qui tombe de ce ciel menaçant et triste
Remplit mon âme vagabonde et moribonde
D’une langueur grise, ou de couleurs plus profondes
Accablant sans ambages mon esprit d’artiste
Que faire alors, à la vue mortifère de ce temps décharné
Ecrire, lire ou ne rien faire, attendre que cela passe
Ou bien alors remplir d’amour, de chaleur et de bonheur l’espace,
Le libérer de toute incommodité de cette pluie acharnée
Ma raison se perd alors dans une inconscience naïve
Celle de croire que les beaux jours reviendront rapidement
Sentir la chaleur éternelle des rayons ardents
De mon ami le soleil, réchauffant ma terre native.
Mais cet espoir est vain, lorsque j’aperçois, malines,
Ces gouttes d’eau qui se jouent de moi sur les carreaux
Me montrant enjouées, leur cavalcade de cours d’eau
Riantes sans diplomatie, bien profond sans vaseline
A ce mot quelque peu familier
Mon agacement fait rage, mon humeur s’assombrit
Je ne peux que subir, au plus profond de mon abri
Face à ce temps insoumis, fou à lier
Malgré tout je la trouve belle cette saison
J’admire l’abnégation avec laquelle elle prépare
Sans rechigner, sans sourciller de nulle part
Cet hiver rigoureux qui nous siège à maison
Et puis elle nous offre par moment, une telle splendeur
Un émerveillement pour les yeux, de beaux sentiments pour le cœur
Une couverture diaprée, recouvrant les arbres endormis
Les préparant attentionnée, à la perte de cette amie.
Il reste encore tant de choses joyeuses à découvrir
Un feu de cheminée, des marrons, une bonne soupe de citrouille
Les couleurs des feuilles aussi, celles qui ressemblent à la rouille
Enfin on se rassemble autour d’une bonne table, pour manger et pour rire
Et oui vous l’aurez bien deviné
Il s’agit de l’automne dont je vous parlais
Cette saison aux embruns d’humus que l’on renie
A tort, croyez-moi, je vous le dis.
Poème : Nicolas Dumoulin