L'avenir des filles en RDC : Des écoles sûres et inclusives
Après avoir modernisé les curriculums en sciences et mathématiques au niveau secondaire et renforcé la pertinence de l'enseignement technique et professionnel dans des secteurs clés pour l'économie nationale, le Ministère de l'Enseignement Primaire, Secondaire et Technique va dorénavant se concentrer sur la création d'espaces éducatifs sûrs et inclusifs, en particulier pour les filles. A l’occasion de la Journée internationale de la fille ce 11 octobre 2023, je vous propose un voyage panoramique à travers la diversité et les défis du paysage éducatif de la République Démocratique du Congo, et les solutions envisagées.
Contexte général
Située en Afrique subsaharienne, la RDC est le pays le plus vaste de la région et abrite environ 92,4 millions de personnes. Malheureusement, selon différents rapports de la Banque Mondiale, la RDC détient également le triste record de troisième plus grande population en situation de pauvreté au monde, une tendance qui continue à s'aggraver. Le pays se classe 164e sur 174 dans l'Indice du Capital Humain 2020, un reflet de sa longue histoire de conflit et de fragilité qui ont entravé son développement. Par ailleurs, la RDC occupe la 151e position sur 170 dans l'indice d'inégalité de genre 2021. Les principales mesures de cet indice incluent la santé reproductive, l'émancipation et l'emploi.
L'impact de la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités existantes, en affectant de manière disproportionnée les femmes et les filles, notamment en raison des restrictions liées au COVID-19 et des fermetures d'écoles. Il est donc crucial pour le gouvernement de remédier aux disparités de genre en investissant dans l'éducation, la santé et l'émancipation des filles, et en leur offrant de meilleures perspectives économiques. En outre, le changement climatique représente une menace sérieuse pour le développement durable de la RDC.
Facteurs limitant la qualité et l'accès à l'éducation secondaire
Notre système éducatif se compose d'établissements publics et privés. Les écoles publiques fonctionnent sous deux modalités : celles qui sont conventionnées et celles qui ne le sont pas. Depuis 2020, une nouvelle initiative gouvernementale visant la gratuité de l'éducation primaire a été lancée pour élargir l'accès à l'éducation. Néanmoins, le taux de scolarisation au niveau secondaire reste préoccupant, notamment pour les filles.
Le réseau des écoles secondaires est insuffisant, notamment en ce qui concerne les classes de 7e et 8e années de l’éducation de base. Les installations sanitaires et d'hygiène (WASH) sont limitées, affectant particulièrement la participation des filles. Par ailleurs, la connectivité numérique et les infrastructures TIC sont faibles. Le milieu éducatif est également marqué par un harcèlement récurrent, y compris des formes d'abus et d'exploitation sexuels, contribuant au décrochage scolaire. La qualité pédagogique laisse à désirer; seulement 16 % des enseignants du secondaire public sont des femmes, et beaucoup d'enseignants sont sous-qualifiés. Les mécanismes d'assurance qualité font défaut.
La précarité financière des ménages constitue un obstacle majeur à la scolarisation au secondaire, surtout pour les filles. Par ailleurs, les taux élevés de mariages et de grossesses précoces contribuent également au décrochage scolaire. Les initiatives visant à sensibiliser les communautés sur la santé sexuelle et reproductive sont encore embryonnaires. En outre, l'augmentation démographique continue à exercer une pression sur le système éducatif.
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Un nouveau projet au Ministère de l’EPST
Cette mosaïque complexe d'enjeux est sculptée par une variété de facteurs interdépendants, qui limitent l'accès à l'éducation secondaire et compromettent la réussite scolaire ou académique des jeunes. Dans ce cadre, les initiatives du ministère pour rehausser la qualité de l'éducation et instaurer des milieux d'apprentissage inclusifs ne sont pas seulement opportunes, mais cruciales pour le devenir du pays.
La RDC vient ainsi de décrocher un financement essentiel de la Banque Mondiale. Ce dernier vise à favoriser un accès à l'éducation à la fois sûr et équitable, avec un accent particulier sur la scolarisation des filles. Il servira également à améliorer les conditions d'enseignement et d'apprentissage dans les établissements secondaires de dix provinces congolaises. Il s’agit du Projet d'Apprentissage et d'Autonomisation des Filles, plus couramment désigné par son acronyme PAAF.
Ce projet revêt un caractère si novateur que je me réjouis de vous en parler. Conçu pour agir sur les quatre facteurs qui influent l'éducation - les apprenants, les enseignants, les ressources pédagogiques et la gestion scolaire - il emploie des approches complémentaires. Celles-ci incluent l'évaluation de l'apprentissage et l'utilisation de données factuelles pour améliorer à la fois l'efficacité et la sécurité des écoles. Rappelez-vous l’article que j'avais précédemment rédigé sur le rôle crucial des données empiriques dans l'amélioration de notre système éducatif. Si vous ne l'avez pas encore consulté, je vous encourage vivement à le faire.
Le PAAF met en œuvre des interventions transversales dans ses diverses composantes. Cela inclut l'usage de technologies pour améliorer la mise en œuvre et le suivi des activités, la promotion de la participation citoyenne, ainsi que le renforcement des méthodes d'enseignement et d'apprentissage. Une stratégie globale visant à réduire les inégalités de genre sera également intégrée. À cet égard, il est notable que des travaux de recherche, comme ceux de l'Américaine Claudia Goldin, lauréate du dernier Prix Nobel d'économie, peuvent nous éclairer. Ses recherches sur les inégalités de genre dans le monde du travail fournissent des données essentielles qui peuvent guider l'élaboration de notre stratégie en matière de genre.
A ce stade, je suis certaine que vous êtes curieux de connaître les provinces ciblées par ce projet. Les voici : Kinshasa, Kongo Central, Kwilu, Kasaï, Kasaï Central, Kasaï Oriental, Lomami, Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Pourquoi celles-là ? Parce qu’il s’agit des provinces reprises dans le Cadre de partenariat pays avec la Banque Mondiale qui affichent les taux nets de scolarisation des filles les plus bas, tant pour le cycle terminal de l'éducation de base que pour les humanités. Dans ces provinces, il est malheureusement moins probable pour les filles que pour les garçons de progresser du niveau primaire au premier cycle de l'éducation de base et de le compléter, ainsi que de poursuivre et terminer le cycle des humanités.
Le projet se déploiera sur une période de cinq ans. À l'issue de cette phase, on prévoit dans 5 provinces que 74 000 élèves auront accès à de nouvelles infrastructures scolaires, 360 075 profiteront d'installations sanitaires et d'hygiène améliorées, 111 880 bénéficieront de laboratoires polyvalents intelligents, appelés SMART Labs, et 1 628 910 disposeront de salles de classe intégrant des technologies numériques avancées. De plus, dans les 10 provinces, le recrutement de 5 000 nouvelles enseignantes est anticipé. Concernant les ressources pédagogiques, 4 531 680 élèves recevront des manuels scolaires basés notamment sur les programmes éducatifs du domaine d’apprentissage des sciences. En ce qui concerne les écoles sûres et inclusives, environ 2 140 894 étudiantes et enseignantes seront les principales bénéficiaires. Les efforts du projet pour renforcer les curricula et établir des mécanismes d'assurance qualité toucheront l'ensemble des élèves du secondaire en RDC, estimés à 7 442 100.
Un point crucial à souligner est que le projet aspire à assurer une participation citoyenne active tout en instaurant un milieu éducatif sécurisé et inclusif, notamment pour les filles. Il prévoit un système de responsabilité pour gérer les questions d'exploitation et d'abus sexuels, ainsi que de santé sexuelle et reproductive. Cette approche favorisera une meilleure qualité d'exécution et de résultats, enrichie par les retours des bénéficiaires. Elle permettra également aux filles d'acquérir des connaissances et des compétences essentielles dans un cadre d'apprentissage qui non seulement encourage leur participation en toute sécurité, mais aussi atténue et répond aux risques associés au genre.
En somme, le Projet d'Apprentissage et d'Autonomisation des Filles veut augmenter le nombre de filles qui s'inscrivent dans l'enseignement secondaire et le terminent, réduire les disparités entre les garçons et les filles, accroître les connaissances et l'autonomie des filles dans les domaines clés de la vie, et améliorer l'efficacité des pratiques d'enseignement et d'apprentissage. Je me réjouis de vous partager au fur et à mesure les progrès qui seront accomplis dans la mise en œuvre de ces activités.
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Thank's for sharing
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1 ansMerci madame Raissa pour ce partage riche et encourageant pour l'éducation de nos filles. Nous souhaitons plein succès à ce projet.
Fondatrice de l’Académie d’Art Oratoire Et Leadership Juriste, Consultante en Leadership vertueux, Conférencière en Éducation et Eloquence, Ecrivaine.
1 ansExcellente initiative ! Thanks for sharing Raïssa Malu ! Big up!
A transformative project to improve learning and empower girls in the Demographic Republic of Congo!