LE CONSEIL EN MANAGEMENT BEURK

LE CONSEIL EN MANAGEMENT BEURK

Ou comment le psychodrame Julia de Funès fait toucher au conseil en management le fond de la piscine.

Le Figaro Magazine publie une Une racoleuse : l’Entreprise (Toutes? Une? On ne saura jamais...) serait gangrenée de toute cette bien-pensance dégoulinante, d’inspiration woke évidemment, à coup de réunions anti homme, de bienveillance sur les murs et de chief lol & love officer. BEURK.

« Quand l’enfer managérial est pavé de bonnes intentions ». 

C’était suffisamment grotesque pour être ignoré, la Guest concernée surfant en toutes situations sur les buzz faciles : managers = incompétents notoires, coachs = charlatans et process = inutiles. Alliance d’interêts entre une bonne cliente et un média qui cherche à rameuter les clics des travailleurs frustrés : rien de nouveau sous le soleil. Et rien d’intéressant non plus, ce rien étant suffisant cependant pour que le mini monde du management s’agite, chacun poussant des cris d’orfraie. 

- "Hiiiiiiii ce n’est pas la bien-pensance le problème, mais ces vieilles structures obsolètes et statiques, inaptes à la complexité, amorales !

- Noooooon ce sont tous ces leaders avides et obsédés par le court-terme, qui n’ont pas compris que l’excellence humaine faisait la performance durable.

- Heyyy vous oubliez le management autoritaire, dominant, désuet ? Il détruit les corps sociaux, la preuve : 38% des salariés français ressentent de la détresse psychologique, 30% disent vivre des symptômes de burn-out.

- Que nenni ! Ce sont les DRH qui utilisent la bien-pensance comme cache sexe de vraies pratiques toxiques !!

- Et puis la culture, on a parlé de la culture ?!" 

Je me suis crue un moment dans une scène d’Astérix et Obélix. Mais non. Nous sommes sur Linkedin où chacun balance sa petite sauce autocentrée pour vendre son produit sur étagère.

Pendant ce temps là, dans la vraie vie, les boites galèrent. 90% des entreprises de France sont des PME. Elles font comme elles peuvent dans un monde où discerner devient impossible. Les dirigeants -loin d’être parfaits mais qui l’est ?- prennent leur courage à deux mains pour décider, désormais sur l’autel de convictions et non plus de projections confortables. Les managers retiennent du bout des doigts les élastiques de collectifs abimés, éparses, fracturés depuis la pandémie. Les DRH évoquent à demi-mot la crise terrible de l’engagement qui traverse le travail français, depuis quelques années déjà. Recul de la productivité horaire du travail, recul de l’engagement, explosion de l’absentéisme : La France qui était jusqu’en 2014 dans le peloton de tête européen est désormais en queue de peloton. Tous ces hommes et femmes fustigés ci et là interviennent dans des organisations humaines, qui mutent en même temps que l’époque et en sont le reflet. L'Entreprise peut beaucoup mais l'Entreprise ne peut pas tout. La réglementation, les turbulences technologiques, les impasses écologiques, les ras de marée sociologiques, les risques militaires et le vaudeville politique français se télescopent dans l’entreprise, sur le travail et les travailleurs. Les faillites s’envolent (+40% à Paris et Bordeaux), être dirigeant c’est désormais être insomniaque et/ou Chiva, être manager c’est être exposé à l’intimité des individus, dont la prise en compte est devenue un sous jacent de l’engagement. Le tout dans une France qui, pour adresser ce sujet fondamental du Travail utile, émancipateur et performant, n’a que les mots de pénibilité, insoutenabilité et bien-pensance à la bouche.  

L’érosion de l’engagement et la mise à distance du Travail dans la vie des individus, dans une époque contrariée et dans une France qui ne sait plus s’aimer, sont des sujets probablement trop complexes pour les médias et influenceurs mainstream. Partout le cynisme, nulle part l'analyse.

En attendant, le petit monde du management tourne sur lui-même, dévoilant un peu de la situation absurde dans laquelle nous sommes. En recherche de réponses, de réassurance, de convictions et parfois même de certitudes ; l’Entreprise se tourne vers des vendeurs de solutions, prophètes en tout et experts en rien. Il y en a pour tous les goûts, parce que le diagnostic (et même le sujet !) n’est pas posé et qu’en fait, la vérité… bah on s’en fout. Peut-être que, de ça aussi, le Travail est malade. De ces phénomènes de mode hors sol qui secouent sans cohérence et sans constance les organisations et donc ceux qui y vivent. 

Ibrahima Fall, PhD Albert Moukheiber Pierre Hurstel Laurent Choain The Boson Project Guillaume Sarkozy Olivier Lajous Philippe Nicolini Thomas Georgeon Jasmine Manet Jean Claude Le Grand Christopher Guerin Caroline de l'Espinay Guy Mamou-Mani 🟠 ...


Amandine GERMINAL

Directrice TailorMade Talent et L'Offre Portage | LINK GROUP

1 mois

Enfin! Je n'en pouvais plus de lire les mêmes choses! J'adore! Merci Emmanuelle Duez

Anaïs Georgelin

Fondatrice et CEO @somanyWays I Conférencière Future of Work I J'aide les entreprises à faciliter la relation managériale pour améliorer durablement l'engagement des équipes

2 mois

Ce que j'observe chaque jour est parfaitement résumé dans ton propos "être dirigeant c’est désormais être insomniaque et/ou Shiva, être manager c’est être exposé à l’intimité des individus, dont la prise en compte est devenue un sous jacent de l’engagement" Et je milite pour que l'on puisse embrasser toutes les réalités du travail. Certes il peut être délétère, mais aussi, comme tu le dis si justement utile, émancipateur et performant. N'oublions pas que, par essence, travailler peut donner un sens à notre vie.

Olivier Lajous

Conférencier et consultant en conduite du changement des organisations

2 mois

En effet, loin de toutes ces billevesées sur la bien pensance dans la vraie vie les équipes de terrain souffrent de la pression permanente du temps court, de l'accumulation des contraintes et normes en tous genres et des injonctions paradoxales qui en résultent, de l'anxiété entretenue par les médias, les réseaux sociaux et autres influenceurs, et de l'incapacité des dirigeants politiques à promouvoir le bien commun. Pendant ce temps, la haine contre l'occident mobilise des puissances dotées d'armes nucléaires et décidées à sortir du cadre international hérité de la seconde guerre mondiale, quitte à déclencher une troisième guerre mondiale. Mais cela personne ne veut ni le croire, ni le voir, pas même l'Union européenne pourtant directement menacée mais totalement désunie. Alors, la bien-pensance étouffant les entreprisses, est-ce vraiment le sujet ? Il est temps d'ouvrir les yeux et de se mobiliser sur les véritables risques. Les démocraties occidentales sont en danger et la Paix tout autant...certes la guerre génère de nombreuses opportunités économiques, mais à quel prix humain ? Le vrai sujet pour les entreprises est celui de la Paix menacée. Sommes-nous prêts à nous battre pour la Paix ?

Hervé DELIAUNE

Docteur en Sciences de Gestion, expert en résilience des organisations & innovation managériale

2 mois

Excellent point de vue

Thierry AUTRET

Manager Commercial BtoB | Chef des Ventes | Expert en Stratégie de Développement et Négociation Grands Comptes | BtoB et Retail

2 mois

Je partage ce point de vue, et merci pour cet article… qui doit résumer ce que bon nombre doit discrètement penser

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