Le dataïsme, nouvelle religion ? Une brève synthèse d'Homo Deus, du génial Yuval Noah Harari (Sapiens)
Ca y est, je viens de finir 𝐇𝐨𝐦𝐨 𝐃𝐞𝐮𝐬, un des trois pavés du génial auteur 𝐘𝐮𝐯𝐚𝐥 𝐍𝐨𝐚𝐡 𝐇𝐚𝐫𝐚𝐫𝐢 (également auteur de Sapiens). Franchement, je me suis pris une claque en le lisant. OK, je suis déjà relativement bien informé de l’état actuel du monde, mais là, l’auteur a pris encore plus de recul et a réussi à identifier ce qui pourrait bien devenir la future religion (ou croyance) dominante : 𝐥𝐞 𝐝𝐚𝐭𝐚𝐢̈𝐬𝐦𝐞.
Le dataïsme est basé sur la croyance que 𝐥𝐞𝐬 𝐨𝐫𝐠𝐚𝐧𝐢𝐬𝐦𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐥𝐠𝐨𝐫𝐢𝐭𝐡𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐬𝐞 𝐫𝐞́𝐝𝐮𝐢𝐭 𝐚𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞́𝐞𝐬. A en croire les dataïstes, 𝐥’𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐜𝐞𝐬𝐬𝐮𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐯𝐢𝐬𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐚̀ 𝐚𝐦𝐞́𝐥𝐢𝐨𝐫𝐞𝐫 𝐥’𝐞𝐟𝐟𝐢𝐜𝐚𝐜𝐢𝐭𝐞́ 𝐝𝐮 𝐬𝐲𝐬𝐭𝐞̀𝐦𝐞 en accroissant le nombre de processeurs, leur variété, le nombre de connexions entre les processeurs et la liberté de circulation via les connexions existantes. Leur but ultime serait de créer un « 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐧𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭 », où tout, absolument tout, serait relié, de l’infiniment grand à l’infiniment petit.
Cela peut paraitre complètement dingue, voire même absurde, mais, grâce aux 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐚𝐫𝐭𝐢𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 (𝐈𝐀), cela a déjà commencé dans de nombreux domaines. Réseaux sociaux, moteurs de recherche, médecine, justice, mobilité, loisirs, arts… Si je me projette dans plusieurs années, 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐥𝐠𝐨𝐫𝐢𝐭𝐡𝐦𝐞𝐬 𝐧𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭𝐬, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐭𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐢𝐠𝐞𝐧𝐭𝐬, 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐫𝐚𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐛𝐢𝐞𝐧𝐭𝐨̂𝐭 𝐦𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐢𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐞 𝐦𝐨𝐢-𝐦𝐞̂𝐦𝐞. Par exemple, je pourrais avoir une IA qui pourrait me recommander avec une certitude élevée d’épanouissement personnel de démarrer une formation en ébénisterie, de déménager à Annecy et de me marier avec Géraldine… Si j’ai plus de chances de m’épanouir en suivant ses conseils qu’en écoutant mes pensées et mes sentiments, pourquoi ne l’écouterai-je pas ?
La vie est très intelligente, certes, mais la vie est-elle pure intelligence seulement ? Que faire de la conscience, cette chose qui rend l’existence possible ? 𝐋’𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐬𝐞 𝐝𝐞́𝐜𝐨𝐮𝐩𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞, et les dataïstes font donc le choix d’oublier la conscience pour se focaliser sur l’intelligence. Or, la conscience est un domaine qui est peu abordé dans la communauté scientifique, et dont nous ne savons quasiment rien. Le dataïsme est donc 𝐮𝐧 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐬𝐚𝐮𝐭 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥’𝐢𝐧𝐜𝐨𝐧𝐧𝐮, qui pourrait profondément changer la face du monde.
L’auteur finit son livre en posant trois questions cruciales auxquelles je vais apporter mon humble réponse :
𝟏. 𝐋𝐞𝐬 𝐨𝐫𝐠𝐚𝐧𝐢𝐬𝐦𝐞𝐬 𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐧𝐭-𝐢𝐥𝐬 𝐫𝐞́𝐞𝐥𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐥𝐠𝐨𝐫𝐢𝐭𝐡𝐦𝐞𝐬, 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐬𝐞 𝐫𝐞́𝐝𝐮𝐢𝐭-𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐚𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞́𝐞𝐬 ?
Considérer les organismes comme des algorithmes et la vie comme un moyen de traiter des données, ok. Mais affirmer que les organismes et la vie se réduisent à cela, c’est arrogant et il serait fou de croire cela.
𝟐. 𝐃𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐨𝐮 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞, 𝐥𝐚𝐪𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐩𝐫𝐞́𝐜𝐢𝐞𝐮𝐬𝐞 ?
On dit que la vie c’est la rencontre entre la lumière et la matière. La lumière c’est la conscience, et la matière l’intelligence. Dans un monde vivant, l’un va avec l’autre. Les dissocier signifierait l’arrêt de la vie.
𝟑. 𝐐𝐮’𝐚𝐝𝐯𝐢𝐞𝐧𝐝𝐫𝐚-𝐭-𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́, 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐪𝐮𝐨𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐥𝐠𝐨𝐫𝐢𝐭𝐡𝐦𝐞𝐬 𝐧𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐡𝐚𝐮𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐢𝐠𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐭𝐫𝐨𝐧𝐭 𝐦𝐢𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐨𝐧𝐬 ?
Tout dépend de comment ils sont programmés et comment ils apprennent. Mais si leur but est d’extraire toujours plus de data, de relier cette data, de la faire circuler etc, alors, à terme, ils feront tout pour atteindre leur but, quitte à nous exploiter (êtres humains et autres êtres vivants). Cela me fait penser au film Matrix, où toute l’humanité est asservie par des machines qui s’en servent comme énergie vitale.
𝐄𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐥𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧, dans une perspective humaniste, les IA peuvent facilement trouver leur place. Mais questionnons-nous maintenant sur les impacts de leur développement à long-terme, quels effets cela aurait sur les humains, les autres êtres vivants, sur l’univers ? Personnellement, je m’en méfie beaucoup et n'ai pas confiance en elles car elles sont inconscientes et beaucoup plus intelligentes que les humains. Alors, même si elles peuvent nous être utiles aujourd'hui, je pense qu’il est inconscient et dangereux de nous embarquer dans cette voie. 𝐅𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧𝐬-𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐭 𝐢𝐦𝐚𝐠𝐢𝐧𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐭𝐨̂𝐭 𝐮𝐧 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐪𝐮𝐞𝐥 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐧'𝐚𝐮𝐫𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐛𝐞𝐬𝐨𝐢𝐧 𝐝'𝐈𝐀 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐠𝐞𝐫𝐞𝐫 !