Le financement du CPF, une toute petite partie du problème d'un dispositif largement fantasmé

Le financement du CPF, une toute petite partie du problème d'un dispositif largement fantasmé

Le problème du Compte Personnel de Formation n'est pas que financier, il est d'abord organisationnel

En effet si on oublie un peu les considérations financières du CPF (un droit capitalisable couvert à hauteur de 2 à 3 % des fonds supposés capitalisés) le problème d'un tel dispositif public de formation est d'abord organisationnel.

Comment l'Etat pourrait-il organiser et circonvenir la formation de 30 millions d'actifs ?

La France manque de compétences, que ce soit en amont avec son école déclassée et après

avec sa formation endogame et souffreteuse. Si parmi les 30 millions d'actifs un travailleur sur 4 voulait réellement se former chaque année avec son CPF il faudrait financer mais aussi suivre, organiser et contrôler environ 8 millions de dossiers formation par an soit 20 à 30 000 dossiers formation par jour.

Cela aurait nécessité un gigantesque effort d'organisation avec des milliers de personnes validant les dossiers, accompagnant les parcours, contrôlant l'effectivité des formations, puis leur paiement aux organismes de formation. (ce que faisaient les OPCA/OPCO).

C'est évidemment improbable et inatteignable dans la complexité et la défiance de nos systèmes. Du coup la Caisse des dépôts n'avait comme solution que de dématérialiser et d'automatiser tous les process (y compris le paiement des formations) et les escrocs ont eu le champ libre.

Aujourd'hui la tentation est d'élever des barrières à l'accès au CPF dès avant l'inscription : passer par France Connect, désormais par l'identité numérique de la poste (qui elle-même fonctionne mal), multiplier les contraintes, les chausse-trapes, changer tous les mois les CGU et désormais dissuader le plus grand nombre d'utiliser son CPF avec l'instauration d'un ravageur "ticket modérateur".

Le CPF était un dispositif mal né, il est mal interprété et très peu évalué

Le problème du CPF, dispositif se voulant universel et public, tient dans cette promesse intenable faite en 2014 : organiser et financer la formation de tous les travailleurs de France, à l'instar d'une éducation nationale censée quant à elle fournir une éducation à toute la jeunesse de France.

Le CPF (et la formation en général) n'a pas d'avenir sans une implication forte des employeurs

L'avenir du CPF est sans doute derrière lui, avec le "ticket modérateur" il risque de finir sa carrière 10 années après son invention (autour de 2025 tout comme le DIF qui avait fait son tour de piste durant 10 années de 2004 à fin 2014).

Tel que le CPF est formulé il n'a pas la capacité de restaurer les compétences des travailleurs de France.

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