Le Grand Ecart #20 : ça sent le roussi
Christina's world de Kennard Phillipps, photomontage pour une campagne de Greenpeace (courtesy of Kennard Phillips)

Le Grand Ecart #20 : ça sent le roussi

L'ALERTE : 
Les indicateurs de la transition écologique & sociale sont au rouge        
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Alors que les Etats négocient en ce moment sur le climat, le rapport "State of Climate Action 2022" du World Resources Institute a analysé les progrès réalisés sur 40 indicateurs des mesures à prendre d'ici à 2030 et 2050 pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Parmi ceux-ci : l'augmentation de la consommation d'énergie renouvelable, l'arrêt de la déforestation ou de l'adoption de régimes alimentaires plus durables.

Mauvaise nouvelle : « Nous avons constaté qu'aucun des 40 indicateurs évalués n'est en bonne voie pour atteindre les objectifs de 2030 », déplorent les auteurs. Certes, beaucoup d’indicateurs (27 sur 40) « vont dans la bonne direction » mais « ils progressent beaucoup trop lentement pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, et sont donc classés dans les catégories "hors trajectoire" ou "très hors trajectoire" ».

Cinq indicateurs vont totalement dans la mauvaise direction : la perte des mangroves, la production de gaz à effet de serre dans l’agriculture, la part des kilomètres parcourus en voiture, la part du gaz dans la production d’électricité et l’intensité carbone de la production d’acier mondiale (plus de 7% des émissions de GES dans le monde). Les 8 derniers ne disposent pas de données suffisantes pour évaluer les progrès.

Le rapport est « un signal d’alarme urgent pour les décideurs, qui doivent s’engager dans une véritable transformation de tous les aspects de notre économie », Ani Dasgupta, directeur du WRI
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Pour combler le grand écart entre les besoins et les efforts actuels en matière d’adaptation au changement climatique, c’est ici . C’est notamment la finance qui ne suit pas. Les flux internationaux de financement vers les pays en développement sont estimés à 29 Mds $ en 2020. Or, les besoins d’ici à 2030 sont estimés à 250 Mds $ par an et à 440 Mds $ par an d’ici 2050. On est bien…

C’est à peu près le même topo pour les Objectifs de développement durable qui ne concernent pas seulement le climat mais aussi la biodiversité ou les inégalités sociales. Dans les derniers rapports du Sustainable Development Solutions Network (SDSN) ou de l’ONU, aucun pays n’est en voie d’atteindre les ODD en 2030. Une situation aggravée par la pandémie et la guerre en Ukraine.


LES RECOMMANDATIONS : 
L'ONU réclame une tolérance zéro pour les engagements de neutralité carbone        
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Fini le grand n’importe quoi des engagements « Net zero » ! C’est en tout cas le message qu’a fait passer le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de la #COP27 qui se tient actuellement à Charm-el-Sheik. Alors qu'un nombre croissant d’entreprises, d’investisseurs de régions ou de villes s'engagent à être neutres en carbone, beaucoup d’engagement sont en réalité de simples plans de greenwashing, soit parce qu’ils reposent en grande partie sur de la compensation, soit parce qu’ils se limitent au périmètre direct de l’entreprise, sans prendre en compte sa chaine de valeur (en moyenne 80% des émissions d’une entreprise). Lors de la COP26, le chef de l’ONU avait ainsi mandaté un groupe de travail pour crédibiliser l’engagement net zero.

« Nous devons avoir une tolérance zéro pour l’écoblanchiment ‘net zéro’. Le rapport du groupe d'experts d'aujourd'hui est un guide pratique pour garantir des engagements ‘net zéro’ crédibles et responsables », Antonio Guterres.

Explicitement intitulé « Integrity Matters » (l’intégrité compte), le rapport donne  donc 10 recommandations, élaborées par 17 experts internationaux, pour encadrer ces engagements. Voici les principaux points :

·       Tous les engagements doivent respecter les scénarios du GIEC. « Les acteurs non étatiques ne peuvent pas prétendre être net zéro tout en tout en continuant à construire ou à investir dans de nouvelles sources d'énergies fossiles » comme le pétrole, le charbon et le gaz. Cela est tout simplement «incompatible». Travailler sur l’efficacité énergétique n’est pas suffisant.

·       Les objectifs doivent couvrir toutes les émissions de gaz à effet de serre et tous leurs périmètres (Scope 3 compris). Pour les institutions financières, cela comprend « toutes leurs activités financières » et pour les entreprises cela signifie « toutes les émissions - directes, indirectes et celles provenant des chaînes d'approvisionnement ».

·       Les engagements « net zéro » devraient être accompagnés d'un plan sur la manière dont la transition se déroule, avec les étapes intermédiaires, tous les 5 ans. Ces plans doivent être publics et si possible réunis sur une plateforme commune. La création d’un service  public de données « net zéro », qui fournira des données vérifiées pour les entreprises a d’ailleurs été annoncé à la COP27 par Emmanuel Macron et l'Envoyé des Nations Unies pour le climat Michael Bloomberg.

·       On ne peut pas être « Net zero » et pratiquer la déforestation ou la destruction des écosystème naturel, y compris dans sa chaine d’approvisionnement.

·       On ne peut pas s’engager sur la voie du Net zero et pratiquer un lobbying pour amenuiser les politiques publiques en faveur de l’environnement (y compris en passant par des fédérations professionnelles…)

·       La compensation n’est pas une façon d’assurer la neutralité carbone. « Les acteurs non étatiques ne peuvent pas acheter des crédits bon marché qui manquent souvent d'intégrité, au lieu de réduire immédiatement leurs propres émissions dans leur chaîne de valeur ». La compensation peut cependant être utilisée « pour aller au-delà des efforts destinés à atteindre les objectifs intermédiaires alignés sur 1,5°C et pour augmenter les flux financiers dans des domaines sous-investis (ex : la décarbonisation des pays en développement) »

·       Point (très) important : le rapport de l’ONU va jusqu’à demander que ces initiatives volontaires deviennent « une nouvelle norme », demandée par les Etats, spécifiquement pour les pays développés. Le message aux entreprises est on ne peut plus clair : «Respectez ces normes et révisez vos lignes directrices dès maintenant, au plus tard d’ici à la COP28» (dans un an), avertit le chef de l’ONU.

Rappelons également que l’Ademe précise que seuls les Etats peuvent être réellement neutres en carbone. Les collectivités locales et acteurs économiques ne peuvent que « contribuer » par leurs engagement à cette « neutralité » nationale et mondiale.


LA ZONE:
L'Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale        
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On pensait le continent européen relativement préservé des conséquences les plus extrêmes du changement climatique mais les scientifiques viennent de nous rappeler – s’il était besoin- qu’aucune zone n’était épargnée. Pire, dans son rapport sur l’état du climat en Europe, l’Organisation météorologique mondiale et Copernicus, expliquent qu’au « cours des 30 dernières années, les températures en Europe ont augmenté à un rythme plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale - le plus élevé de tous les continents du monde », soit environ +0,5°C par décennie.

Conséquences : « Si la tendance au réchauffement se poursuit, des chaleurs exceptionnelles, des incendies de forêt, des inondations et d'autres effets du changement climatique affecteront la société, les économies et les écosystèmes ». Déjà, les glaciers alpins ont perdu 30 mètres d'épaisseur de glace entre 1997 et 2021 et la calotte glaciaire du Groënland fond, contribuant à l'accélération de l'élévation du niveau de la mer. Et plusieurs évènements extrêmes dramatiques ont eu lieu en 2021 dans la région.

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Catastrophes naturelles en Europe en 2021, Copernicus

Certes les pays européens ont fait des efforts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Dans l’Union européenne, celles-ci ont ainsi baissé de 31% entre 2020 et 1990, et l’UE vise une réduction nette de 55% d’ici 2030, souligne l’OMM. Mais ce n’est pas suffisant. Plusieurs facteurs pourraient expliquer la vulnérabilité du continent comme l’importance de la masse des terres – qui se réchauffent plus vite que l’océan-, son positionnement géographique nord, les boucles de rétroaction comme celui du jet stream ou le fait que l’Europe abrite de nombreuses grandes villes, qui sont autant d’îlots de chaleur, souligne The Guardian.

Mais pour le Dr Carlo Buontempo, directeur du service Copernicus sur le changement climatique du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT), tout n’est pas perdu : "La société européenne est vulnérable à la variabilité et au changement climatiques, mais l'Europe est également à la pointe de l'effort international visant à atténuer le changement climatique et à développer des solutions innovantes pour s'adapter au nouveau climat avec lequel les Européens devront vivre".


L'ARGENT :
La finance dans tous ses états        
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  • Une fresque pour tout comprendre sur la finance et son impact sur les limites planétaires !

La fresque du climat s’enrichie d’une nouvelle fresque « amie », celle de la finance ! Une riche idée tant il est important de réorienter les flux financiers vers des investissements destinés à transformer notre économie vers plus de solidarité et de respect de l’environnement. Cette fresque a été élaborée collectivement pendant deux ans avec l’appui de grandes organisations spécialisées ( Rift , l’ Institut Rousseau et les AFR : Acteurs de la Finance Responsable ). Elle se base sur de nombreux rapports d’acteurs majeurs du secteur financier. Lancée le 5 novembre à l’Académie du climat, elle est destinée aux professionnels comme aux particuliers. Selon ses auteurs, elle « permet de se former aux liens existant entre le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’épuisement des ressources, et le monde de la finance ».  Son objectif : offrir des clés de compréhension de l’impact de ce secteur sur l’économie réelle, notre quotidien, le dépassement des limites planétaire et du changement climatique en particulier…mais aussi de mettre en avant les leviers vers le changement (label, engagement actionnarial…).

Parmi les questions que vous vous posez et qui sont abordées par la fresque de la finance : Où va l’argent que je dépose sur mon compte courant, mon livret d’épargne ? Comment se finance une entreprise, l’Etat ? Quel est le parcours d’une action que j’achète via mes plans d’épargne ? Quels sont les risques ? Que sont les indicateurs ESG (environnement, social et gouvernance) ? Quel est le rapport entre le système financier et les limites planétaires ? Quelle est la responsabilité du système financier et des acteurs financiers dans ce dépassement des limites ? Que se cachent-il derrière les notions obscures de « double matérialité, tragédie des horizons, actifs échoués, risques physiques ou de transition » ?

Je n’ai pas encore eu la chance de réaliser cette fresque mais j’ai hâte ! Pour s’inscrire – sur liste d’attente- c’est ici :

  • Total une nouvelle fois épinglé par une ONG auprès de l’Autorité des marchés financiers

Après Sherpa et Notre Affaire à Tous il y a deux ans, c’est au tour de Greenpeace de saisir l’ Autorité des marchés financiers (AMF) – France (AMF) pour l’alerter sur la communication climat de TotalEnergies. L’ONG estime en effet que l’impact climatique réel du groupe et sa communication trompeuse sur ses engagements net zéro 2050 (qui fait déjà l’objet d’un recours) sont « susceptibles de révéler des contradictions, inexactitudes et omissions sanctionnables », préjudiciables pour les investisseurs.

Pour l’ONG en effet, TotalEnergies émettrait 4 fois plus de CO2 que ce que le groupe déclare. Elle explique pour cela avoir d’abord dû reconstituer les chaînes de valeur du groupe, à savoir l’enchaînement de ses activités, de l’exploration à la vente de pétrole et de gaz, en passant par le trading. Puis elle a utilisé la Base Carbone de l’ADEME pour convertir en émissions de gaz à effet de serre les volumes trouvés pour les différents carburants raffinés issus du pétrole brut, le gaz, la production d’électricité et la chimie de Total.

Cette nouvelle technique des ONG pour dénoncer l’impact climatique des entreprises est intéressante car elle fait appel à la responsabilité des acteurs du système financier qui communiquent de plus en plus sur leur envie de mettre la finance au service du climat. "Chiche !" leur disent en gros les ONG. Mais cette stratégie n’est pas sans danger pour Greenpeace qui a précisé quelques jours après la parution du rapport faire l’objet de « menace d’attaque en justice » de la part de TotalEnergies.

  •  La finance solidaire progresse fort…Mais reste encore une niche dans notre épargne

C’est un bond de 26% qu’a réalisé la finance solidaire en 2021 en termes d’encours. Ces derniers représentent désormais près de 25 Mds € et, rien que l’an dernier, ce sont 5,3 millions de produits d’épargne solidaire qui ont été souscrits par des particuliers et des investisseurs institutionnels (+27 %), selon le dernier rapport de FAIR. Pourtant, même en forte hausse, la finance solidaire ne représente que 0,41 % de l’épargne financière des Français !

C’est toujours l’épargne salariale qui représente le moyen de collecte principal de la finance solidaire. Mais les productions bancaires et assurantiels font une belle remontée (40% de l’épargne solidaire) à la faveur de la loi Pacte qui a rendu obligatoire la détention d’au moins une unité de compte solidaire dans les assurances vie en unité de compte (autre que monétaire). En revanche, l’investissement direct dans le capital des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS), via les plateformes de crowdfunding spécialisées comme Lita, plafonne lui à 4%. Quant aux produits de partage (ex : des livrets qui permettent de réorienter tout ou partie des intérêts à des associations sous formes de dons), ils restent encore peu importants en nombre et en volume (2,8 Mds € d’encours).

Vous souhaitez placer votre argent dans la finance solidaire ? L’association FAIR vous donne quelques conseils ici .


L'INITIATIVE :
Tous collabs de la transition veut former les collaborateurs parlementaires à l'environnement        
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La formation environnementale commence à faire son trou chez les Parlementaires et notamment à l’Assemblée nationale. Après les députés, ce sont les collaborateurs de ces derniers qui vont pouvoir bénéficier de formation sur le climat, la biodiversité ou les énergies renouvelables dans les prochaines semaines. Une initiative que l’on doit à une dizaine de collaborateurs, baptisée "Tous collabs de la transition". Comme leurs députés, les collaborateurs parlementaires manquent en effet de formation sur ces sujets, estime le collectif qui se veut transpartisan *. C’est d’autant plus problématique que de nombreux projets de lois spécifiques vont être prochainement examinés à l’Assemblée comme le projet de loi ENR en cours qui doit permettre d’accélérer le développement des énergies renouvelables ou la loi de programmation Energie & Climat prévue pour 2023. Mais cette formation est aussi indispensable pour « casser les silos » et intégrer davantage la dimension environnementale dans les travaux législatifs plus généraux, souligne le collectif au Grand Ecart.

Au menu de cette série de formation qui a débuté le 8 novembre : l’intervention d’experts reconnus (scientifiques et organisations référentes) et « le plus neutres possible » sur le climat, la biodiversité, les énergies renouvelables (mix énergétique et impact environnemental), l’agriculture, les océans, le logement… Dix jours après son annonce, 300 collaborateurs (on compte environ 3 à 4 collaborateurs pour chacun des 577 députés) étaient déjà recensés dans la boucle d’information de Tous collabs et 80 s’étaient inscrits à la première formation donnée par la paléoclimatologue et co-présidente du groupe de travail 1 du GIEC, Valérie Masson Delmotte. On attend donc de voir si les collaborateurs seront plus assidus que leurs députés sur ces sujets et comment cela infuse (ou pas) dans les discussions et amendements des futurs travaux législatifs.

*Si aucun collaborateur d’un député RN n’est intégré au bureau du collectif, ceux-ci sont bienvenus dans les formations, souligne le collectif qui rappelle aussi que les collaborateurs ne sont pas forcément encarté dans le parti de leur député.


L'ETUDE: 
La publicité et la sobrité, deux mondes incompatibles pour la transition écologique et sociale        
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 Comment être sobre dans un monde où tout nous pousse à consommer voire à surconsommer, notamment via la publicité ? C’est la question que se sont posée l’Institut Veblen et la nouvelle association Communication et démocratie dans leur publication "La communication commerciale à l'ère de la sobriété". Elle montre, chiffres à l’appui qu’étonnamment, ce n’est vraiment pas évident… C’est déjà ce que disait le GIEC dans son dernier rapport sur l’atténuation où il analysait pour la première fois le rôle de la publicité comme un outil d’influence significatif sur les pratiques sociales de consommation, en évoquant une régulation de la publicité. Mais l’étude dévoile des chiffres inédits montrant l’incompatibilité du modèle actuel avec les objectifs de sobriété et de transformation écologique.

·       30 Mds € de dépenses annuelles moyennes des annonceurs entre 1992 et 2019 ont conduit à une augmentation cumulée de 5,3 % de la consommation. « Sur cette période, le poids relatif de la consommation des ménages dans le PIB s’est renforcé au détriment de celui des investissements. Et pour financer cette consommation additionnelle, la population a augmenté son temps de travail total de 6,6 % ».

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source : La communication commerciale à l'ère de la sobriété, octobre 2022

·       Malgré des différences importantes selon les niveaux de revenus, les émissions de CO2 liées à la consommation des ménages français sont élevées (24,62TCO2 en moyenne en 2010 si on intègre  les émissions importées), et la consommation de biens figure en tête des différents postes d’émissions.

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source : La communication commerciale à l'ère de la sobriété, octobre 2022

·       La communication commerciale est très fortement concentrée. Moins de 500 annonceurs contrôlaient les 2/3 du marché en 2019 et les dépenses sont concentrées sur un nombre restreint de produits, notamment des produits qui aggravent les problèmes écologiques ou sanitaires comme les SUV, la malbouffe, les boissons sucrées ou les paris en ligne.

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source : La communication commerciale à l'ère de la sobriété, octobre 2022

Les auteurs formulent plusieurs recommandations pour changer cette situation, notamment l’instauration d’une taxe à 8% sur les dépendances des grands annonceurs, des interdictions de publicité pour les secteurs les plus nocifs, plus d’information et de régulation dans le sens de l’intérêt général. Certaines propositions sont déjà sur la table depuis des années mais qui se heurtent au très fort lobbying du secteur de la publicité et des annonceurs.

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source : La communication commerciale à l'ère de la sobriété, octobre 2022

LE CONCEPT : 
La responsabilité territoriale de l'entreprise        
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Après la RSE – responsabilité sociétale de l’entreprise – voici la RTE : la responsabilité territoriale de l’entreprise. Ce concept est notamment poussé par le Labo de l’ESS à l’occasion du mois pour l’Economie sociale et solidaire comme un « un socle indispensable pour penser le modèle de l’entreprise de demain ». Sondage à l’appui.

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Source : sondage ESS France / Harris Interactive, octobre 2022

96% des Français interrogés dans le cadre de ce sondage estiment ainsi que l’entreprise doit se doter d’une responsabilité territoriale. Et les entreprises de l’ESS « ont de l’avance sur ces thèmes en raison de leurs caractéristiques : ancrage territorial, emplois non délocalisables, liens avec les filières, économie de proximité », estime Antoine Détourné, délégué général d’ESS France à La Gazette des communes.

« Bien que la RTE puisse être considérée comme une dimension de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), force est de constater que la RSE, d’une manière générale, n’est pas de nature territoriale, même si certains de ses aspects peuvent avoir une dimension spatiale de proximité. Dans une logique de RTE, l’entreprise est à l’écoute des besoins de son territoire qu’elle perçoit dans sa globalité et non seulement à travers le prisme de ses propres inputs et outputs », Le Labo de l’ESS.

Parmi les exemples mis en avant : les territoires zero chômeur, une expérimentation lancée en 2017, dans le but de lutter contre le chômage de longue durée à l'échelle de territoires et qui a depuis été renouvelée par le gouvernement.

Le concept de la RTE n’est cependant pas nouveau : déjà en 2018, des parlementaires avaient conduit un rapport d’information à l’Assemblée nationale sur la « préparation d’une nouvelle étape de la décentralisation en faveur du développement des territoires » où ils soulignaient l’importance du rôle des entreprises en tant « qu’acteurs essentiels des territoires » et la nécessité de développer une RTE pour « réduire les fractures des territoires qui fragilisent la cohésion nationale » en « recherchant un juste équilibre entre investissements rentables et investissements responsables ». La même année, la Plateforme RSE s’en était emparée via un groupe de travail dédié qui avait formulé plusieurs recommandations.

Mais le contexte 2022 remet le concept au goût du jour. « La crise sanitaire, comme la guerre en Ukraine, nous conduit aujourd'hui à nous interroger sur la nécessité des relations entre les entreprises et les territoires. Le plan de relance de 2020 avait été l'occasion de renforcer la stratégie économique et industrielle de la France avec, en toile de fond, la question de la relocalisation », souligne de son côté Brice Soccol président du cabinet Public & Private Link, dans une tribune publiée par Les Echos. Qui, à la manière du « contrat social » de Rousseau, appelle à mettre en œuvre un « contrat territorial » entre les collectivités et les entreprises.

« Que signifie la responsabilité territoriale ? Il s'agit pour les entreprises de construire une relation solide avec le territoire où elles se trouvent de telle sorte qu'elles participent à son rayonnement. Cela signifie établir un dialogue avec toutes les parties prenantes des territoires, mais aussi bâtir une stratégie d'entreprise prenant en compte les grands enjeux locaux d'un territoire, qu'ils soient économiques, culturels, sociaux ou environnementaux ».

La VOIX DES EXPERTS : 
L’hiver arrive : Chauffez nos logements, pas le climat !Plus        
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Dans le budget 2023, 100 millions d’euros seulement seront ajoutés à la politique de rénovation thermique des logements. Une rallonge très insuffisante selon un collectif regroupant une vingtaine d'associations engagées dans la transition énergétique et la lutte contre l'exclusion sociale (Fondation Abbé Pierre, Attac, Greenpeace, Aternatiba, Les Amis de la Terre...). Dans une tribune, elles soulignent qu'il reste toujours près de 5,2 millions de passoires thermiques en 2022 et que, malgré les subventions et dispositifs publics, un ménage pauvre sera laissé avec un reste-à-charge moyen de 39 % après les aides. Un "montant rédhibitoire lorsque l’on sait que ce type de travaux coûte entre 30 000 et 50 000 euros", estiment-elles...

Les associations formulent plusieurs demandes avec un cap d’engagement de 5 Mds € supplémentaires par an entre 2024 et 2040 pour rendre possible la rénovation globale et performante de 700 000 logements chaque année. A plus court terme, elles demandent aussi un chèque énergie de 700 € pour les ménages les plus modestes, contre les 150 € annuels qui sont en moyenne donnés aujourd'hui.


L'ILLUSTRATION: 
Le Christina's world pétrolier de Kennard Phillips X Greenpeace        
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L’illustration de cette édition est signée Kennard Phillipps, une équipe d’artistes formé de Peter Kennard et Cat Philipps, qui collaborent depuis 2002. Elle a été créée dans le cadre d’une campagne de Greenpeace dans une campagne contre la compagnie pétrolière Shell en 2016. Elle détourne le tableau Christina’s World du peintre américain Andrew Wyeth, où l’on voit une jeune fille dans un champs, une maison au loin. Dans la version de Kennard Phillipps, la jeune fille est étendue dans un paysage souillé par le pétrole.

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Dans le cadre de cette campagne, les artistes ne se sont pas contentés de détourner un seul tableau. Ils ont également revisité à leur sauce un tableau de David Hockney, Pearblossom Highway de 1986 représentant une autoroute en plein désert ou An arctic summer : Boring through the pack in Melville Bay de William Bardford. Ces détournements ont ensuite fait l’objet d’une vidéo.

Le collectif est engagé dans la défense de l’environnement et des luttes sociales depuis ses débuts. C’est une protestation contre l’invasion de l’Iraq par les États-Unis qui les a réuni. Leurs œuvres ont ensuite évolué vers des considérations plus générales sur les conflits et les manifestations du pouvoir à travers le monde et promeuvent les mouvements sociaux et politiques comme un moyen de changer l’ordre social en profondeur.

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Gilles Lazzarini

Entrepreneur polyvalent : sciences informatique immobilier droit comptabilité communication gestion d'équipe construction rénovation négociation composition musique écologie économie politique psychologie.

1 ans
Isabelle Clouet

🍀 Facilitatrice de transition circulaire & régénérative 🦋, d'écriture de nouveaux récits

2 ans

Merci Béa pour ce numéro encore très riche! Très intéressant ce nouveau concept de RTE "Responsabilité Territoriale de l'Entreprise", j'adhère tout à fait!

Jean Gatel

Ancien ministre ESS ,universitaire ,auteur

2 ans

Amitiés

Fabrice Bonnifet

Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement Groupe Bouygues

2 ans

Le #GrandEcart c'est du grand art ! Sans écart avec la vérité scientifique. Bravo

Valérie Descamps Gossé

Directrice Fiscale - Head of Tax | Restructurations : M&A - Due Diligence - OPA - IPO | Gestion de projet - Project management | RSE & Fiscalité - CSR & Tax | Chargée d'enseignement : ESCP, IAE de Poitiers, Kedge, SKEMA

2 ans

Merci Béatrice Héraud pour ce nouveau numéro du Grand Écart. Je suis curieuse de savoir dans quelle mesure la fresque du climat aborde le binôme #rse et #fiscalité … et me suis inscrite sur liste d’attente pour en savoir plus. À suivre …

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