Le Grand Ecart #31 : Le récap de la rentrée
Bonjour à tous,
Le Grand Ecart fait sa rentrée éditoriale sur votre fil et dans vos boîtes mail ! Cet été, vous avez préférez le farniente à la lecture des journaux ? Pas de panique, on commence avec un petit récap de l'actu de l'été.
Au menu
1. 🔥ça brûle (le fil de l'été)
2. 📈3 tendances RSE de la rentrée
3. 🤩Les Equatoriens votent pour préserver la biodiversité, pas le pétrole !
4. ⚖️Les enfants, hérauts de la justice climatique
5. 🤸Trop d’investissements dans les fossiles…et le captage du CO2
6. 👁️Plastique : Comment les industriels sabotent le réemploi
7. 🌍Les BRICS s’élargissent…et prennent un nouveau poids dans l’énergie
8. 🧠Et si la « révolution verte » avait eu lieu ?
9. 📅C’est la rentrée, à vos agenda !
10. 🎨Bienvenue dans la toile de Tomas Saraceno
🔥ça brûle, le fil (non exhaustif) de l’été.
En juillet 2023, 81% de la population mondiale a subi des températures significativement plus élevées que la normale en juillet du fait du changement climatique (Climate Central). En moyenne, la température globale a été supérieure à 1,54°C par rapport aux niveaux préindustriels 🔥A Hawaï, « un ouragan de feux » a ravagé la ville touristique de Lahaina et le territoire de l’île de Maui, provoquant la mort de plus de 115 personnes 🔥Au Canada, jusqu’à 1000 feux simultanés ont été observés en août. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacués, la faune et la flore seront durablement affectées (700 espèces en voie d’extinction dans tout le pays) 🔥Les températures extrêmes de la ville de Phoenix (Arizona) ont provoqué la mort de 300 personnes, notamment des personnes âgées et des sans-abris. Dans les hôpitaux, certains patients ont été perfusés de liquides froids, ou placés dans des sacs mortuaires remplis de glace 🔥Confronté à la pire sécheresse de son histoire, l’Uruguay, a autorisé la consommation d’eau salée (issue du Rio de la Plata) pour pallier le manque d’eau, notamment dans la capitale où le réservoir d’eau potable s’est retrouvé quasiment à sec en août. 🔥La Grèce a fait face à des incendies tout l’été. Les regards ont surtout été tournés vers les touristes (20 000 ont dû être évacués) mais 18 migrants ont péri dans ceux de la fin août. Elle affronte aujourd'hui le plus grand incendie jamais enregistré dans l'UE🔥La France a fait face à un phénomène nouveau et lié au changement climatique : la « canicule tardive » (après le 15 août) dans plusieurs départements, avec plus de 40°C (42,7°C au plus chaud à Orange et plus de 29 au plus frais de la nuit à Sophia Antipolis). 🔥
Quelques rappels et enseignements de cet été :
- les conséquences du changement climatique ne peuvent plus être ignorées : les feux de forêts et les inondations sont rendues plus fréquentes et plus intenses par le dérèglement en cours.
- le changement climatique tue.
- Le modèle actuel du tourisme n’est plus possible (alors qu’il connait une croissance mondiale de 50% par rapport à 2019).…ni notre modèle économique en général
- La responsabilité des entreprises dans ces drames commence à être questionnée : à Hawaï, la Hawaiian Electric Company est poursuivie en justice par le comté de Maui pour avoir négligé de couper le courant malgré des vents exceptionnellement forts et des conditions de sécheresse. (ça rappelle la condamnation de PGE pour les incendies de Californie en 2018…)
- l’adaptation est absolument nécessaire. Mais elle a ses limites.
🤩Les Equatoriens votent pour la biodiversité, pas le pétrole
La protection de l’environnement doit-elle passer avant le profit ? Les Equatoriens, pourtant en proie à un contexte politique et social difficile, ont dit oui à près de 60% lors d’un référendum organisé pendant l’élection présidentielle. « Les résultats du référendum marqueront un avant et un après ! Cela est historique est marque un précédent pour tous nos territoires » a souligné la militante pour la défense de l’environnement et des droits des peuples autochtones, Helena Gualinga sur Instagram. Les Equatoriens devaient se prononcer sur la poursuite ou non de l’exploitation pétrolière en cours dans le Bloc43, un gisement important de la réserve amazonienne de Yasuni. La décision du peuple (contre l’avis du gouvernement qui organisait la consultation après une bataille de 12 ans de la part de groupe de défense de l’environnement) va donc stopper net les activités de la compagnie pétrolière nationale Petroecuador. Dans un pays en proie à la violence (l’ex journaliste candidat à la présidentielle Fernando Villavicencio a été assassiné le 14 août) et dont l’économie repose en grande partie sur le pétrole, ce vote populaire est fort. Le gouvernement estime à 16,5 Mds $ les pertes financières de cet arrêt.
Mais pour bien comprendre l’importance de ce vote il faut donner un peu de contexte :
- le parc national de Yasuni, est habité par des peuples autochtones proches de la nature, dont les Tagaeri et les Taromenani, qui vivent volontairement isolés. Il s’agit d’une réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO.
- les sous-sols de ce territoire d’1 million d’hectares sont riches en pétrole et représentent près de la moitié des réserves d’or brut de l’Équateur. Mais cette exploitation du pétrole, notamment par Chevron, a causé des drames écologiques durables dont le pays n’a pas encore obtenu réparation malgré une bataille juridique de plus de 10 ans.
- En 2007, le président de l’époque, Rafael Correa avait lancé une initiative unique au monde (Yasuni-ITT) : il proposait aux autres pays et à la société civile de laisser sous terre un important gisement de pétrole en contrepartie d’un dédommagement financier à hauteur de 50% de la valeur du pétrole potentiellement exploitable. Las, malgré les promesses, l’Equateur recevra moins de 1 % des fonds espéré et l’exploitation du pétrole reprendra en 2013.
Le vote des Equatoriens est donc un vrai acte de courage politique, économique et social. Peu médiatisé, il devrait pourtant être soutenu par la communauté internationale pour aider ce pays a préserver une partie du poumon de notre planète 👋 Une initiative à discuter à la COP28 ? 🤞
📈 3 Tendances de rentrée
Au cœur de l’été, la commission européenne a publié son acte délégué sur les standards de reporting ESG (ESRS), pierre angulaire de la directive sur la transparence des entreprises en la matière. Mais la publication des 12 standards sur les trois piliers Environnement, Social et Gouvernance laisse un goût amer. Car l'un des points central du dispositif, celle de la double matérialité (financière et à impact) obligatoire a sauté. Finalement, les entreprises ne déclareront que les informations qu’elles jugent pertinentes sur l’impact de leur activité sur l’environnement et la société. Sauf, heureusement, pour le climat où la charge de la preuve est inversée : si l’entreprise ne publie rien sur son impact carbone, elle devra prouver que c’est parce que son activité n’a pas d’impact sur le climat (ce qui va être difficile). Les tractations pour conserver ou infléchir cette position ont encore jusqu’au 31 septembre : passé ce délai, si le Parlement ou le Conseil de l’Europe n’ont rien dit, ce sera validé. Et en attendant, les discussions vont bon train. Les tenants de la double matérialité ne veulent ainsi pas lâcher face à une vision de la seule matérialité financière qui semble s’imposer, notamment sous l’effet des nouvelles normes ISSB (le pendant ESG des normes IFRS). Cet été, son président Emmanuel Faber, est venu expliquer toute l’importance de ces normes, plus simples et demandant aux entreprises de publier leur empreinte carbone sur l’ensemble de leur chaine de valeur (scope 3). Et son discours a séduit une bonne partie de la sphère économique et médiatique. L’arrivée de Mark Carney, chantre de la finance climat mais aussi de la seule matérialité financière, à la tête du conseil d’administration de Bloomberg, géant de l’information et des données financières pourrait entériner cette vision dans l’analyse ESG par ailleurs mal en point.
Est-ce l’influence du chercheur Timothée Parrique qui ne ménage pas ses efforts pour déconstruire les mythes sur les croissance et la décroissance ? BFM TV - que l’on ne pourra pas soupçonner d'ultra gauchisme- a relayé une étude passée un peu trop inaperçue au début de l’été. Selon le Baromètre des décideurs réalisé par Viavoice pour HEC Paris, Le Figaro et BFM Business, plus de 6 cadres sur 10 (63%) estiment que l’urgence climatique remet en cause la pertinence de la croissance du PIB comme seule indicateur de santé économique. Une proportion similaire à celle observée auprès du grand public. Dans l’Union Européenne aussi, la « post-croissance » fait son chemin comme on l’a vu avec la deuxième édition du sommet Beyond Growth. On est pas encore sur un plébiscite de la « décroissance » mais on note un changement de posture indéniable sur un dogme encore indéboulonnable il y a quelques années… Dans une autre étude publiée cette fois par Pwc, près de la moitié des PDG français (45%) déclarait d’ailleurs que leur modèle économique actuel ne serait plus viable dans 10 ans… Reste à mettre en application : 28% des décideurs déclarent que leur entreprise n'a pas mis en place des transformations ou adaptations et que "cela n’est pas une priorité".
La transition écologique sera juste ou ne sera pas. Mais comment faire alors que la valeur créée par les entreprises n’est déjà pas juste ? Alors que 38 des sociétés du CAC40 ont de nouveau affiché des bénéfices records et versé des dividendes tout aussi records, les salaires réels n’ont cessé de baisser depuis le 1er trimestre 2021. Cela a donné lieu à une situation inédite depuis la seconde guerre mondiale où le salaire réel moyen progresse moins vite que l’inflation (Selon l’Insee, le rattrapage devrait s’être fait cet été). Une situation qui explique en partie les tensions sociales de ces dernières années. La loi sur le partage de la valeur peut-elle changer la donne ? Destinée à transposer l’accord - inédit – entre les partenaires sociaux sur le sujet, cette loi encore en examen risque cependant rater son objectif en s’appuyant sur les seuls dispositifs d’intéressement, de participation, ou de prime sans toucher au salaire. Or selon une note du Conseil d’analyse économique, les effets macro et micro restent faibles. La somme de tous ces dispositifs compte pour environ 1% du PIB (en 2021) et favorisent la modération salariale avec des effets limités sur la rémunération totale des salariés. On notera aussi que ces dispositifs ne s’intéressent qu’aux salariés quand 4 millions de France sont aujourd’hui travailleurs indépendants…
🤸La transition énergétique n’est toujours pas d’actualité…et on préfère miser sur le stockage du carbone
La transformation du paysage énergétique va prendre du temps, beaucoup TROP de temps…En moyenne, en 2022, seulement 7,3 % (6,57 milliards d'euros) des investissements réalisés par les 12 grandes compagnies pétrolières ont été consacrés aux énergies « vertes » (hors Captage et stockage du CO2-CCS-ou Hydrogène bleu notamment mais aussi agrocarburants). Les 92,7 % restants (81,52 milliards d'euros) financent les activités habituelles des compagnies (gaz et pétrole), voire leur expansion. Au total, les géants des fossiles ne produisent que 0,3% d’électricité issues d’énergies renouvelables sur leur volume total d’énergie selon Greenpeace.
L’un des points intéressants du rapport consiste dans la distinction de ce que l’ONG considère comme réellement vert. Sans surprise, Greenpeace sort des investissements verts le CCS, qui pose encore de nombreux problèmes (risques et coûts élevés) mais dont les pétroliers sont de plus en plus friands. Exxon estime ainsi que le marché pourrait atteindre 2 000 Mds de dollars en 2040 et à lui-même prévu d’investir 3 milliards de dollars dans les projets de CCS d’ici 2025.
Alors que cette technologie est encore non mature, les gouvernements misent aussi sur cette dernière. Les Etats-Unis vont investir 1,2 milliard de dollars dans 2 projets de captage du CO2. Et la France a dévoilé les grandes lignes de la stratégie CCUS hexagonale début juillet. De grandes zones industrielles sont ainsi ciblées pour accueillir des infrastructures de stockage dès 2026, du Nord (Dunkerque) au Sud-ouest (Lacq) en passant par le Grand Est (2033). Le gouvernement évalue entre 11 et 18 Mds € les investissements nécessaires ( dispositifs de captage et les infrastructures de transport) sur la durée (voir L’Usine Nouvelle). Si la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier Runacher, souligne dans l’avant-propos de la stratégie que les technologies CCUS ne sont qu’une « partie de la solution » et « doivent permettre de capter les émissions incompressibles des industriels » pour apporter « un levier là où les solutions de décarbonation n’existent pas », le risque et (l’ambition des industriel) est bien la poursuite du business as usual…
Une consultation est ouverte en France jusqu’au 29 septembre. Pour y participer, c’est ici !
⚖️Les enfants, hérauts de la justice climatique
Historique ! C’est le qualificatif qui est ressorti à l’annonce de la victoire juridique emportée par 16 jeunes écologistes contre l’Etat américain du Montana (affaire « Held versus l’État du Montana »). La juge a en effet reconnu que ce dernier avait violé le droit à un « environnement propre et sain » inscrit dans sa propre Constitution. Comment ? En adoptant une loi interdisant à l’administration locale de prendre en compte les conséquences des émissions de gaz à effet de serre sur le climat lorsqu’elle doit accorder ou non des permis à des entreprises d’énergies fossiles.
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Pourquoi cette décision prise dans le Montana, un des 50 Etats fédérés américains, est importante ? Tout simplement car elle pourrait créer un précédent pour d’autres procès en cours sur le même modèle aux Etats-Unis. La juge a en effet estimé la loi adopté par le Montana inconstitutionnelle car la prise en compte des incidences climatiques des permis pétroliers permettrait bel et bien d’atténuer le préjudice du changement climatique. Elle est donc retirée. Or si l’Etat fédéral ne fait pas mention du droit à un environnement propre et sain dans sa Constitution, plusieurs Etats fédérés (ex : la Pennsylvanie, le Montana, Hawaï, le Massachusetts, l’Illinois mais aussi New York depuis l’an dernier) font référence à ce type d’ « amendement vert » et d’autres envisagent d’y recourir. La décision pourrait donc faire jurisprudence.
Autre point soulevé par Amber Polk, professeur de droit adjoint à l’Université de Floride dans un article sur The Conversation : le recours en justice des 16 plaignants avait une ambition « sans précédent par rapport aux précédentes tentatives ou victoires qui l’ont précédé ». En effet, il ciblait directement l’État et sa responsabilité dans le problème global du dérèglement climatique. Alors certes, la juge a bien souligné que le Montana n’avait qu’une faible responsabilité et aucun impact significatif sur le changement climatique mondial mais elle a aussi jugé, et c’est essentiel, que celui-ci était responsable du rejet de 166 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année, soit l’équivalent de pays comme l’Argentine (47 millions d’habitants), les Pays-Bas (18 millions d’habitants) ou le Pakistan (248 millions d’habitants). Le Montana ne compte qu’1 million d’habitants.
« Ce résultat constitue un précédent inédit en matière de litiges climatiques et démontre une nouvelle façon d’invoquer les amendements verts pour obtenir des changements environnementaux. Il suggère que dans d’autres États dotés d’amendements verts, les lois nationales ne peuvent pas interdire la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre et de leur impact sur le climat dans le cadre de l’évaluation environnementale », Amber Polk, professeur de droit adjoint à l’Université de Floride dans un article sur The Conversation
Le verdict est renforcé par une décision du Comité des droits de l’enfant des Nations unies, composé de 18 experts indépendants. Selon ce dernier, qui a procédé à la consultation de 16 000 enfants de plus de 100 pays, la Convention relative aux droits de l’enfant garantit en effet, même si de façon implicite, aux enfants le droit à un environnement sain. Pour sa présidente, Ann Skelton, c’est un outil juridique puissant.
« Les enfants eux-mêmes peuvent utiliser cet instrument pour encourager les Etats à faire ce qu’il faut et, en fin de compte, pour les obliger à rendre des comptes devant la justice », Ann Skelton, Comité des droits de l’enfant.
🌍 Les BRICS s’élargissent…et prennent un nouveau poids dans l’énergie
Ils ne sont plus 5 mais 11. Les pays dits émergents regroupés au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) accueilleront officiellement en 2024 l’Iran, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Ethiopie et l’Egypte. La nouvelle alliance, qui se veut non alignée, pourrait peser d’un nouveau poids dans la géopolitique mondiale. Certes son poids économique reste bien en deçà de celui du G7 mais le bloc va rassembler 45% de la population mondiale.
Le bloc, qui comptait déjà pour 20 % de la production mondiale de pétrole dans son ancienne version, va désormais compter pour 42% de la production mondiale de pétrole brut, estime ainsi une analyse d’ING think. L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, fort consommateurs d’énergie et donc émetteurs de gaz à effets de serre, vont également gonfler la note environnementale du bloc. A voir avec quel impact dans les négociations climatiques sachant que la COP28 va se dérouler cet automne à Dubaï avec à sa présidence, le patron de la compagnie pétrolière émiratie, Sultan Ahmed Al-Jaber…
👁️ L’œil du web : Comment les industriels ont sabordé l’économie du réemploi
« En faisant le choix du jetable les industriels ont sabordé un système de réemploi. Ils ont réussi à sortir d’un modèle ou ils assumaient les coûts à un modèle ou l’emballage devient une source de revenus en plus, et dont les coûts sont désormais payés par la collectivité. Tout en dépolitisant le combat et responsabilisant les consommateurs ».
Dans un post LinkedIn , Lou Welgryn , co présidente de Data for Good et Head of Product chez Carbon4 finance, remonte le fil de l’histoire de la stratégie des industriels sur le plastique. Elle nous explique comment la consigne a disparu au profit d’un recyclage peu efficace et centré sur l’action des consommateurs plutôt que celui des industriels.
📅C’est la rentrée, à vos agendas !
Si vous avez loupé l’université d’été du Mouvement Impact France qui s’est tenu le 30 août, c’est dommage mais vous trouverez ici quelques réflexions que l'évènement m'a inspiré 👇
Dans les starting block pour :
Le Forum du Cercle de Giverny qui regroupe depuis 5 ans les acteurs de la RSE et les élus/ministres en charge de ses questions. ça se passe le 1er septembre, à Giverny donc. On y parlera technologie, villes durables et transition énergétique. En savoir + ici.
Le Forum mondial 3 zéro de l’association Convergences qui fête ses 15 ans, toujours au Palais Brogniart (Paris), le 5 septembre. Au programme : des conférences qui mêlent ONG, pouvoirs publics et monde économique pour discuter des solutions innovantes de lutte contre la pauvreté, la précarité, et le dérèglement climatique dans le monde. En savoir + ici
Le salon PRODURABLE , rendez-vous incontournable des acteurs de la RSE et de la finance responsable qui se déroule sur 2 jours, les 12 et 13 septembre, au palais des Congrès de Paris. Le thème de l’année est prometteur : CULTURE(S) : La bascule de notre Société sera culturelle ! Pour ma part, j’y animerais une session autour du Partage de la valeur (12 septembre de 14h15 à 15h15, salle Maillot avec Laurent BABIKIAN , Marie de Muizon , Luc Mathieu et Bernard Horenbeek ). En savoir + ici
🧠Et si la révolution verte avait eu lieu ?
XXIIème siècle à Paris. Point de taxis volants mais des calèches cahotant dans la boue, pas d’objets connectés mais des « révélateurs » qui scrutent nos faits et gestes pour calculer notre empreinte carbone en temps réel (et agir en conséquence sur notre compte en banque), plus vraiment d’Etats mais un système global contrôlé par une créature mi femme-mi IA. Au XXIIème siècle, notre inconséquence a donné lieu à une révolution verte où les low techs côtoient les technologies de pointe sur fond de dictature. Pouvait-il en aller autrement face à la dévastation du vivant entrainée par notre consommation effrénée des siècles précédents ? Mais la révolte gronde. Les « humanistes » veulent reprendre le contrôle d’une planète où ils ne sont désormais qu’une espèce parmi d’autres. Les privations imposées sont-elles d’ailleurs si nécessaires puisque le GIEC (dans sa version du XXIIème siècle) lui-même le proclame : le vivant commence à se régénérer ? Sous forme d’épopée d’anticipation, Sébastien Garnier offre un roman foisonnant où le blanc & le noir est supplanté par des nuances de gris (sombres). Il y livre une réflexion intéressante sur notre avenir économique, social et démocratique à l’heure de l’urgence écologique.
Le mot de l’auteur
« Grand fan de roman d’anticipation et fortement touché par les problématiques écologiques qui prennent une place de plus en plus importante dans notre charge mentale, j’ai voulu écrire un livre qui sort du manichéisme. L’équation est complexe : beaucoup de mesures écologiques reposent sur les citoyens sans que le système en lui-même lui permette de le faire : par exemple prendre un café ne coûte rien financièrement alors que c’est très émetteur de gaz à effet de serre. Je suis donc parti d’une hypothèse : que se passerait-il si demain on ne devait plus payer avec de l’argent mais du carbone et que l’on avait un quota à respecter ? Sachant que, plus on attend pour mettre en place des mesures pour face aux défis écologiques et plus on va aller vers la radicalité et une contre-réaction toute aussi radicale. » Sébastien Garnier, pour Le Grand Ecart.
Le dernier soulèvement, Sébastien Garnier, IGB anticipation, 2023, 403 pages.
🎨Bienvenue dans la toile de Tomas Saraceno
Et comme toujours on termine avec un peu d’art pour nous interroger sur ce monde trop brut 😉
Que fait cette femme qui semble enchevêtrées dans une toile infinie de ces cordes métalliques qui carillonnent à chacun de ses frôlements ? On peut y voir la métaphore de notre engluement dans les défis écologiques ou la tentative de se relier à son environnement. Pour répondre artistiquement aux défis de l’anthropocène, l’artiste argentin Tomas Saraceno, imagine l’Aerocene, un projet artistique interdisciplinaire « qui cherche à réactiver un imaginaire commun afin de collaborer éthiquement avec l’atmosphère et l’environnement et où les visiteurs sont invités à s’engager collectivement dans un exercice d’harmonisation planétaire », expliquait ainsi le Palais de Tokyo lors de l'exposition On Air, en 2018
⚠️⛔🕷️Attention, moment sensible pour les arachnophobes ⚠️⛔🕷️
Mais l’artiste est surtout connu pour son incroyable travail d’expositions sur les toiles d’araignées 👇
Ces toiles sont de vraies toiles d’araignées où la poussière qui s’y est déposée pendant un an agit comme un révélateur. Ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit d’une co-création avec le vivant, comme le souligne l’historienne de l’art et commissaire d’exposition, Charlotte Cosson, dans Férale, un livre dont je vous parlerais prochainement. Aujourd’hui, l’artiste va même plus loin : « concerné par l’impact carbone de ses œuvres, l’artiste semble être passé de la cocréation avec des araignées à la lente mise en valeur de leurs architectures », explique-t-elle.
Un parcours initiatique commencé notamment avec les tribus indigènes avec lesquelles l’artiste avait partagé des rites chamaniques.
Envie d’en savoir + ? Visitez son studio virtuel ici !
Cette édition s’achève ici. Vous l'avez aimée ? N’hésitez pas à la commenter et la partager pour lui donner plus de visibilité ! 💚
Et n’oubliez pas, le changement…c’est urgent ! 💪
2024 graduate of MSc Political Ecology and Climate Policy at SOAS University
1 ansMerci Béatrice Héraud! Est ce que vous pourriez me partager votre source/citation concernant la mise à part de la double matérialité ? C'est très intéressant!
Executive Director No Plastic In My Sea #PlasticTreaty
1 ansMerci Béatrice pour ce récapitulatif indispensable. J’ajoute que sur l’élargissement des BRICS, il y a matière à s’inquiéter pour le 3eme round de négociations du traité mondial contre la pollution plastique en novembre prochain. Les pays pétroliers sont les plus hostiles à un traité contraignant et ambitieux qui limiterait la production mondiale de plastique.
Dirigeant fondateur de Management & RSE, Consultant en Responsabilité Sociétale des Entreprises
1 ansMerci Béatrice Héraud ; des éclairages toujours aussi éclectiques et pertinents !
Présidente Birdeo Groupe & Directrice Générale People4Impact | Recrutement Impact Leaders | Talent Strategy - RSE/ESG
1 ansMerci Béatrice Héraud ! J'adore cette lettre d'info. Un bon récap avec ton point de vue pertinent