Le lien du handicap
Longtemps les handicapés ont été des « infirmes », des enfermés dans leurs faiblesse physiques et morales, dans leurs maladies. Le handicap lui-même a longtemps été considéré comme un désavantage à compenser.
Il y avait les accessoires de l’infirme : le fauteuil, le bâton, les béquilles, les prothèses. Le handicapé physique ou mental était le poids qui plombe son entourage, le dépendant, l’assisté, l’invalide, l’estropié, le diminué, voire l’inutile et le nuisible. Il a longtemps pu être considéré comme un enfant du diable, comme un buvard à superstitions, la victime des sortilèges des marabouts et des sorcières. Et puis à partir de 1960, le sport a progressivement désenclavé les handicapés, comme il avait progressivement désenclavé les femmes. On a vu naître la notion de de handisport puis celle de jeux paralympiques. Nous sommes ou nous serons pourtant tous handicapés à notre manière, et nous le serons inévitablement au-delà de l’infortune ou des accidents de vie lorsque nous subirons les outrages de la vieillesse.
Longtemps les handicapés ont vécu de la mendicité et donc de la charité, certains allant même jusqu’à créer des handicaps de façon artificielle pour devenir des mendiants professionnels dans une cour des miracles soigneusement structurée.
Et puis on a cessé progressivement de victimiser ou d’isoler les handicapés. On a valorisé leur force de caractère, leur volonté de compenser leur handicap jusqu’au point d’en faire un atout.
Au point que dans certaines disciplines artistique ou sportives, les handicapés ont parfois fini par surpasser ceux que l’on considère comme les valides. Le handicap n’est rien d’autre qu’une forme de différence.
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La recherche scientifique, la recherche médicale, la recherche technologique font tout pour que l’homme augmenté vienne au secours de l’homme handicapé. Au point que certaines orthèses de coureurs à pied soient considérées comme des avantages, facteurs d’inégalité.
En fin de compte le seul handicap monstrueux reste celui de l’empathie et du sentiment qui implique l’indifférence à autrui ou le rejet des autres.
Les handicaps physiques et mentaux sont terriblement humains. Ce sont eux qui nous relient.
Jean-Pierre Guéno