Le manque de culture financière des créateurs d’entreprise est un pur délice pour les investisseurs
La culture financière (particulièrement celle concernant l’investissement en capital) doit être initiée dans l’enseignement dès le secondaire supérieur, au moins autant que la culture d’entreprise. En effet, si les futurs porteurs de projet avaient une meilleure connaissance générale des tenants et des aboutissants du financement des entreprises émergentes, ils comprendraient mieux les contraintes de leurs futurs investisseurs.
En sachant se mettre dans les souliers de leurs potentiels apporteurs de capitaux ils amélioreront leurs aptitudes à la négociation financière (notamment celle concernant l’ouverture du capital-actions de leur start-up), ce qui mécaniquement accélérera la conclusion de partenariats financiers.
C’est difficile à quantifier de manière globale mais c’est une réalité : une fraction des deals ayant échoué a pour origine le manque de préparation et/ou de qualification financière des porteurs de projet. Il faut savoir que les capitaux-risqueurs n’ont pas forcément envie de passer beaucoup de temps à expliquer à des créateurs d’entreprise novices les technicités et les subtilités de tous les termes figurant dans leur lettre d’intention. Et la perspective de devoir attendre que les fondateurs aient consulté leurs avocats pour éventuellement renégocier tout ou partie de la term sheet en rebute plus d’un : ils préfèrent passer à un autre dossier !
Diffuser une culture financière propice est difficile parce que le nombre des formateurs en architecture capitalistique des entreprises émergentes (structuration financière de leurs transactions) est infiniment moindre que les armées de « coaches startup », très souvent autoproclamés, se déclarant aptes à propager la culture d’entreprise !
Actuellement, le manque de culture financière des porteurs de projet et de leurs accompagnateurs est un pur délice pour les investisseurs qui ont tout loisir de dicter leurs conditions et qui n’ont aucune raison de sortir de leur zone de confort. Dès lors, si le marché du capital-risque est phagocyté par des investisseurs bureaucrates aux habitudes, méthodes et préjugés bien ancrés, il n’y a aucune chance que dans nos régions nous puissions demain financer les futurs GAFA.
Et pourtant, ceux qui dominent et mènent le jeu de l’investissement en capital, manquent eux aussi de culture financière. En effet, les business angels en réseaux ne sont pas souvent des investisseurs sophistiqués, et certains investisseurs en apparence perfectionnés (venture capitalists, family offices…) ne maîtrisent pas toujours les techniques d’investissement qu’ils prônent et/ou imposent ! C’est une réalité totalement masquée par l’inculture en finance entrepreneuriale des porteurs de projet et des armées d’accompagnateurs de tout poil.
La majorité des « conseillers-entreprises », ou « coaches startups » dans les dispositifs publics, semi-publics et privés d’aide à la création et au financement d’entreprises sont jeunes, diplômés, intelligents, aimables, serviables, mais… ils n’ont jamais monté et développé eux-mêmes une start-up ! Et leur manque d’expérience n’est pas forcément compensé par une perspicacité surdéveloppée, semble-t-il. Comme les aveugles qui auraient l’ouïe particulièrement fine.
Ces investment managers ne sont jamais des visionnaires, ce sont des analystes financiers, souvent universitaires, ayant occupé des fonctions administratives et financières, dans le secteur public ou privé (banques, compagnies d’assurances, département financier de grosses entreprises, etc.) qui ne jurent que par le formalisme du business plan (comme clé du processus de sélection), en somme le seul outil de légitimation de leur intermédiation (valeur ajoutée) puisqu’ils n’ont pas d’expérience concrète, personnellement vécue, de l’entrepreneuriat.
Ils s’imaginent connaître la réalité de la prise de risque entrepreneurial parce qu’ils vivent par procuration l’expérience des entrepreneurs et des investisseurs qu’ils côtoient ou encore parce qu’ils se nourrissent du retour d’expérience des entrepreneurs qu’ils conseillent.
Tous les entrepreneurs établis vous diront que la qualité du conseil n’est pas la même si elle émane d’un analyste financier ou d’un entrepreneur-créateur de start-up.
Président 4MP | Créateur de l'APP "Chain4test" : transactions par blockchain privée - centralisée (infrastructure "Chain4wallet") pour rester souverain en Europe dans les paiements.
6 ansÇa vaut aussi dans l'autre sens : le manque de culture en terme d'entrepreneuriat et d'innovations des investisseurs est tout aussi répandu ! Donc effectivement ce n'est pas simple de s'entendre et de se comprendre !
Chargée des Ventes logiciels et du Marketing Europe
6 ansTrès pertinent!
Part-time CFO
6 ansDiscours empreint de certitudes au sein d'un marché où justement, il n'y en a aucune. C'est une façon de voir les choses très étonnante de la part d'un Fund Manager, d'un Architecte d'Investissement... Etablir un postulat selon lequel le manque de savoir financier des porteurs de projet implique une dilution trop importante de ces derniers lors d'une levée est je pense une vision hors du temps. C'est assez contradictoire de dire d'une part, que la culture d'entreprise doit être enseignée dès l'école (via donc, des personnes impliquées dans ce process sans forcément avoir été porteur de projet...) et d'autre part dire qu'il faut avoir été porteur de projet pour être un bon conseiller... C'est également étonnant d'entendre dire que c'est un pur délice pour les fonds, quand aujourd'hui, devant l'afflux de monnaie, la principale problématique de certains fonds est uniquement d'être en capacité de les allouer... Le fonds, essaie donc d'allouer en priorité sur des actifs "Prime" sur lequel la concurrence ne manque pas : Ce n'est donc pas un délice pour lui ... Il a donc ensuite à des opportunités d'investissement qu'il notera moins bien, mais qui lui permettront de mutualiser son risque, tout en allouant l'ensemble de sa capacité d'investissement. Où est donc l'Ultrapuissance du fonds là dedans ? Il faut ensuite attendre x années en croisant les doit pour que 2 invests sur 10 se disclosent dans de bonnes conditions... Par ailleurs, les Investments Managers ne sont forcément pas tous des machines de Guerre sortis de Harvard =>On voit d'ailleurs sur votre profil qu'au lieu de donner des pistes d'intelligence relationnelle pour les aider à mieux appréhender, vous préférez leur communiquer des outils de calcul & de ratios génériques afin que même un débutant puisse donc faire semblant ! Encore étonnant ... Heureusement, et l'asymétrie d'information et l'asymétrie de connaissance ont toujours fait parti du monde de l'entreprise. L'intelligence artificielle avance, l'Homme a encore pour lui son pouvoir de communication/non Communication. Curieux, j'aimerais avoir un retour de votre part sur mon interprétation de votre texte ! Cdt,
Assurance et Réassurance
6 ansInteresting 👍Thanks
Président de la SAS VOUTE
6 ansEt l'investisseur, quelle est sa culture, sa croyance, ou son espoir? Allez, dans le lot, il doit bien y en avoir des raisonnables dotés de conscience, tout comme chez les entrepreneurs, il ne doit pas y avoir que des paumés de la finance... mais il est vrai que pour que les lions existent, il faut des gnous.