Le mirage de la mission de vie
Lorsqu’on s’intéresse au coaching et au développement personnel, on voit souvent revenir le concept de mission de vie, vous avez remarqué ? La définition n’en est jamais très claire mais ça ressemblerait à un rôle que nous avons à occuper sur terre et qui, une fois découvert, nous ferait connaître l’extase d’être aligné avec !
Il y a presque 3 ans maintenant, j’avais écrit un premier article, assez timide sur le sujet (ici). Déjà, à ce moment là, le terme me donnait de l’urticaire et l’idée de cette mission, déterminée et unique, me posait quelques questions. Confrontée à la réalité de mes clients et à la mienne, je suis aujourd'hui capable d'aller plus loin dans mon opposition au concept.
D’abord une question me taraude souvent à l’évocation du sujet : j’ai constaté que la plupart des personnes qui adhéraient à ce concept n ‘étaient curieusement pas croyantes. Je m’interroge donc sur la source, l’organisateur, le décideur de ces « missions de vie » ? D’où sortent-elles, ces missions ? Qu’on ne me rétorque pas que c’est « la vie », ou « le destin » car ce ne sont que des termes vides de sens qui ne disent rien de la réalité, si ce n’est qu’on s’accorde pour penser qu’on ne la maîtrise pas. Moi je suis spirituelle, avec un esprit cartésien, j’aime croire, et j’aime comprendre. Dans le concept de mission de vie, je ne trouve souvent ni croyance, ni explication, et ça ne me convient pas.
Par ailleurs, la pensée qu’on puisse avoir une mission qui réponde à la perpétuelle question de notre existence sur terre peut être terriblement paralysante ou anxiogène : tant que je n’ai pas trouvé ma mission, je ne suis pas dans ma vie. Je ne pourrai mourir tranquille que lorsque j’aurais trouvé ma mission. IL FAUT QUE JE TROUVE CETTE SATANEE MISSION ! Ah non non, je ne sais pas vous, mais cette évocation me donne des bouffées d’angoisse. Et si je trouve une mission mais que ce n’est pas la bonne ? Comment être sûre ? On peut tourner longtemps autour du sujet.
Et vous noterez qu’on parle souvent de mission de vie au singulier. C’est terrible aussi, cette idée. Ce serait la même à 10 ans, 30 ans, 60 ans. Je vous conseille de la trouver rapidement, si vous ne voulez pas passer toute votre vie au bord de la route.
Ce qui est sûr, cependant, c’est que cette idée peut étancher un peu notre soif de réponse face à l’absurdité de la vie. Elle peut nous servir de guide quand on se sent démuni face aux prises de décision et aux choix qui jalonnent notre existence. Pour moi, ce concept rejoint d'ailleurs tout un ensemble d’idées et de pratiques nées de la rencontre du besoin humain de spiritualité et de résistance ou d’hostilité face à la religion. Et si elles peuvent adoucir notre quotidien, elles ne suffisent pas à nous guider sur le chemin.
Alors peut-être que nous pourrions nous simplifier tout de suite la tâche ?
Si vous êtes croyant, votre mission est l’amour de votre prochain et de Dieu.
Si vous n’êtes pas croyant, votre mission est l’amour de votre prochain, aussi. Dieu s’occupera du reste ;-)
En ce qui concerne vos choix professionnels, je préfère vous le dire tout net, vous n’avez pas de mission : vous avez des talents, des besoins, des valeurs et vous devez les conjuguer avec le marché du travail. Et tout cela évolue avec le temps, les circonstances, l'âge et tout le reste....
C'est plus simple, ou plus compliqué, mais c’est concret.
Pour en discuter avec moi, c'est ici.