Le Nouveau Jeu Economique
Pour quelles raisons le modèle économique actuel est-il en train de mourir ? Quelles sont les actions à mener pour instaurer un nouveau modèle économique? Michel de Kemmeter expert en transition économique répond pour vous à ces questions.
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La nouvelle économie : la recherche d’un meilleur équilibre des bilans
Michel de Kemmeter entrepreneur, auteur, conférencier et expert en transition économique s’entretient avec Nicolas de Vicq à propos du nouveau jeu économique.
Il ne vous a pas échappé que nous nous trouvons à l’aube de la fin d’un système économique. Notre système actuel est épuisé par trop de millénaires dans une course effrénée à l’accumulation et à la création d’argent.
Tout ce qui aide encore ce système économique mourant à perdurer se résume dans les croyances que nous avons forgées tout au long de notre histoire.
Comment peut-on expliquer l'inertie actuelle qui nous maintient dans un modèle mort ?
La nature humaine est telle que nous mettons en place des changements uniquement en cas de choc, en cas d’absolue nécessité. Il existe dans la nature de l’homme une appréhension à opérer des changements.
Pourtant, on constate que malgré cette nécessité de remplacer le système en place, la crise mondiale a poussé à accélérer certains comportements excessifs :
- On continue à posséder plusieurs voitures
- On continue à partir en vacances 4 fois par an
La crise a suscité une avidité à prendre ce qu’on peut prendre (à tout prix). Cet hyper égoïsme et cette ultra avidité font le jeu de l'inertie pour un système qui se désagrège jour après jour.
Dans la nouvelle économie, on tend à emprunter des modèles où on va récupérer dans le bilan des valeurs qui ne sont d’habitude pas comptabilisées. Le bilan financier de l’entreprise n’est plus le seul bilan qui compte.
Il y a désormais d’autres bilans à réaliser dans l’optique d’un nouveau modèle économique viable et plus respectueux de la nature, de l’humanité et de l’aspiration des individus.
Certains de ces bilans sont un travail de développement personnel que chacun doit effectuer dans l’intérêt de tous. D’autres sont à effectuer plus au niveau de l’entreprise, de l’équipe ou de la région où l’on réside.
On passe d’un modèle égoïste, centré sur soi-même à un modèle de mise en commun des ressources, des connaissances et du devenir de la planète.
Les deux principaux bilans qui nous concernent tous sont :
- Le bilan sur la planète
- Le bilan sur le bien commun
Le bilan sur la planète prend en compte notre activité, notre action sur la planète. Chaque individu doit se demander de par ses activités professionnelles et personnelles ce qu’il détruit ou altère. Il doit également se demander à quelle hauteur il répare son impact ou le compense.
Au terme de cette réflexion et du bilan Terre, l’individu doit atteindre l’équilibre entre ce qui est détruit et ce qui est créé pour la planète.
Le bilan sur le bien commun est également fondamental pour la nouvelle économie.
L’individu, l’équipe et l’entreprise doivent se demander ce qu’elles apportent à la communauté humaine. Cette quête commence au niveau de l’individu. Chacun doit s’interroger pour savoir ce qu’il apporte à autrui.
Il n’y a pas à chercher bien loin pour contribuer au bien commun. L’éducation, la formation sont déjà une des nombreuses façons de contribuer au bien commun. L’idée majeure de la contribution au bien commun est la volonté de faire avancer la société. Il faut que tout le monde se soucie du bien commun. C’est là le moyen de redémarrer l'économie, la société et l'humanité en général.
Si tout le monde s’attèle à faire quelque chose de bien cela restitue également un atout pour l’entreprise : cette entreprise réussit à attirer des clients, à attirer les meilleurs talents, à mettre au point des solutions collectives.
Dans les ateliers Mindstep une journée est parfois employée à explorer quelles valeurs les personnes apportent à leur travail. Il faut garder à l’esprit la différence entre ce qu’on fait au travail et les bénéfices que cela apporte pour les clients ou pour le bien commun.
Pour comprendre le nouveau système économique, il y a 3 clés à saisir.
- Ce qu’on fait doit avoir du sens
- La lecture de la valeur a changé
- Les ressources ne se conçoivent plus de façon linéaire
Ce qu’on fait doit avoir du sens : c’est ce qui motive le plus les gens. Il faut chercher à réintroduire du sens dans nos vies, dans nos équipes, nos projets, nos entreprises et dans la société.
La manière de lire la valeur a changé: le modèle économique et sociétal basé purement sur l’argent est obsolète. Dans l'ancienne économie, l'étalon, la mesure de la valeur était l'argent (euros, dollars, yens,...). Ce modèle en fin de vie nous a tous poussé à faire de l’argent, à gagner de l’argent, beaucoup d’argent puisque c’est à partir de ce critère qu’était mesurée notre valeur.
Avec du recul, on s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup d'autres choses intéressantes dans la vie : La qualité de vie émotionnelle, les connaissances, la compréhension, la conscience, la contribution qu'on a réalisée (notre héritage en tant qu'être humain).
Désormais l’argent n’est plus que la base d’une pyramide comportant 7 étages, 7 bilans. La création de valeur financière n’est plus que le résultat d'un travail en amont.
- Bilan 1 : Le Bien Commun
- Bilan 2 : La Connaissance
- Bilan 3 : La Communication
- Bilan 4 : Les Emotions
- Bilan 5 : Les Processus
- Bilan 6 : Matériel & Financier
- Bilan 7 : Terre
Ces bilans s’apparentent à un travail de développement personnel.
Par exemple, s’il manque des connaissances à l’individu, il doit rechercher ces connaissances, rechercher auprès de qui elles sont disponibles. Cela peut passer par de la lecture, de la formation ou une association avec d’autres personnes.
Le bilan Communication induit des valeurs de partage de l'information, de la connaissance.
Le bilan Emotions touche au cœur, aux valeurs émotionnelles telles que la passion, l’amour de son travail, l’amour des gens, la confiance, l’empathie. Ce sont les valeurs émotionnelles du bonheur.
Alors que notre société actuelle favorise colère, rancœur, jalousie et autres sentiments négatifs c’est vers le contraire qu’il faut s’orienter. Cela implique un vrai travail sur soi pour équilibrer son bilan.
Pour que cela marche, il faut réaliser ces 7 bilans pour identifier les actions à mener dans le futur, mettre le doigt sur les blocages et trouver les solutions pour y remédier.
Il faut qu’une forme d’énergie, de dynamique circule au sein de la personne, dans son équipe, dans son entreprise, dans sa ville et dans sa région.
Les ressources ne se conçoivent plus de façon linéaire : la vision qui consistait à penser que les ressources se trouvaient entre les fournisseurs, le produit transformé et la vente de ce produit aux clients est périmée.
Dans le nouveau modèle économique, les ressources se trouvent dans tout l'éco système. A la place d'accumuler des ressources, c'est beaucoup mieux de s'allier avec des gens ayant des connaissances, un savoir-faire, etc.
C’est un défi puisqu’il faut être capable de s'assoir à une table avec les bons partenaires, poser des questions et apprendre à écouter.
Ici encore, un chantier de développement personnel (posséder du savoir être au-delà du savoir-faire) est à lancer. Pour entrer dans ces nouveaux systèmes économiques, il faut consentir à un travail sur soi-même, à une recherche d'évolution humaine, à une remise en question.
Adieu la façon ancienne : égoïste, compétitive et linéaire de concevoir la création de valeur, il est désormais obligatoire de travailler ensemble dans une économie interconnectée.
Tout ce travail de développement personnel doit conduire chaque individu à connaître
- Qui il est
- Quels sont ses talents
- Quelles sont ses passions, ce qui l’intéresse, ce qu’il a envie d’apporter au monde.
Chez Mindstep, on essaye de définir la valeur que les gens veulent amener au monde, de travailler sur qui ils sont pour faire ce qu'ils ont à faire.
Pour approfondir le sujet, vous pouvez lire le livre de Michel de Kemmeter disponible via ce lien.
Pour conclure : Le changement dans le monde passe par le changement individuel. C'est notre mission à tous de contribuer au bien commun.
Group Treasury & Corporate Affairs Director at Rémy Cointreau
9 ansTrès intéressant. Pour moi, l'avenir de notre société passe par une nouveau business model appelé "Social Business" où le profit est redistribuée à par égale à l'investisseur et à la société civile (sans passer en totalité par la case impôt). Voir les concepts développés par Muhammad Yunus.