Le PIX, symbole marquant de la « start-up nation »

Le PIX, symbole marquant de la « start-up nation »

Depuis l'avènement du numérique grand public, il existe de nombreux certificats pour faire valoir ses compétences dans le domaine, délivrés par des certificateurs internationaux ou français. L'État français, en 2012, a créé le Passeport Informatique et Multimédia (PIM). Il incluait des éléments de culture et des compétences ultra basiques d'un objet numérique, allant de son allumage à la réalisation de tâches complexes, en conscience. Culture et compétences se mêlaient, dans la logique des référentiels européens.

L'année dernière, le nouveau Gouvernement a réformé ce certificat en y préférant « PIX ». Le référentiel de compétences de ce nouveau certificat a de quoi surprendre. L'évaluation prévue et les niveaux de certification ne font pas apparaître les éléments de base, les premières compétences supposant que l'utilisateur sait déjà allumer un ordinateur et s'y retrouver dans le monde numérique. Alors que PIM pouvait être utilisé comme référentiel pour faire de l'inclusion numérique au sens large, PIX ne semble voué qu'à valider des compétences professionnelles utiles dans le cadre d'une entreprise.

Tout pour les actifs, les gens déjà sachants, capables d’apprendre par eux-mêmes. Oublié les grands exclus du numérique, les seniors, et oubliées aussi les structures d’inclusion numérique qui ne peuvent plus s’appuyer sur un référentiel d’État pour évaluer l’autonomisation des publics sur une culture numérique élémentaire et un premier socle de savoir-faires basiques.

On comprend que le Gouvernement éprouve le besoin de certifier spécifiquement des compétences numériques pour les salariés. On regrettera que, dans l'idéologie de la « start-up nation », que l’on supprime le PIM, qui reste beaucoup plus ouvert à toute la population quelle que soit la finalité de ses usages numériques, comme l'exercice de la citoyenneté ou du lien social.

Notre pratique tient compte de ces évolutions. Lors de nos cycles d’embarquement, de décollage, de lancement proposés aux CCAS, aux CLIC, aux Maisons France Service, aux Résidences Autonomies, et financés par les départements, nous préqualifions les seniors aux compétences PIX par notre ambition d'acculturation du public senior, consistant à donner à nos bénéficiaires les éléments pour comprendre ce dont ils entendent parler dans les médias puis dans leur entourage, à pouvoir faire des choix d’équipements et d’usage « en conscience ».

Nous qualifions ensuite sur le niveau novice de 2 compétences qui permettront à chacun d'exercer sa citoyenneté. Enfin, nous renvoyons aux formats plus longs la montée de niveau sur les compétences liées à Internet et à la communication ou à la production de contenu. Nous espérons que l’État et les pouvoirs publics reconnaîtront le caractère inclusif de ces ateliers malgré la fin du référentiel sous-jacent.


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