Lettre ouverte à tous les acteurs impliqués dans la médiation numérique.
La publication réçente du baromètre du numérique 2017 met en exergue la fracture des usages touchant notamment les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.
Les constats sont connus depuis le rapport du Conseil d’Analyse Stratégique de 2008 et les travaux menés au sein du Conseil National du Numérique sur ce même sujet. Désormais leur assise et leur niveau de réalité sont renforçés, avec des innovations majeures dans le discours public qu’Hypra souhaite commenter et questionner.
Le fait, d’abord, que 67 % des français s’estiment compétents pour utiliser un ordinateur contre 62 % pour une tablette montre, par-delà les effets de mode, que l’utilisation du tactile et de la tablette n’est pas plus accessible que ce que l’on pourrait penser a-priori. L’ordinateur a donc encore de beaux jours devant lui, contrairement aux idées reçues. Ce chiffre est donc un message fort adressé à tous les préconisateurs qu’ils soient aidants familiaux ou amicaux, associatifs, ou professionnels du médical ou du para-médical.
Le fait, ensuite, que soit explicitement mentionnée l’existence de « publics réfractaires » qu’il faudrait « accompagner ». N’est-ce pas là une tautologie ? Hypra est concentré sur un pan de ces publics réfractaires âgés et déficients visuels depuis plusieurs années et partage par expérience le fait que l’accompagnement implique nécessairement le consentement.
La question, dès lors, se déplace du terrain statistique au terrain humain et politique : comment lever les appréhensions, les angoisses et les réticences pour que ce chiffre de 33 % de français qui déclare une appétence à vouloir se former devienne 50 % dans quelques années puis 75 % dans dix ans ?
Quels acteurs, quelle stratégie et quelles méthodes pédagogiques (cours collectifs vs individuels, à domicile ou sur un lieu dédié, méthodes conceptuelles, procédurales ou analogiques) conviennent à quels publics, quels modèles économiques d’hybridation du public et du privé pour porter cet immense besoin de service ?
Par sa pratique auprès de dizaines de ces personnes réputées « réfractaires », Hypra a appris à comprendre leur psychologie.
Notre observation est d’abord que les publics « réfractaires » le sont parce que l’usage du numérique n’est pas assez positivée par les tiers de confiance qu’ils soient familiaux, médicaux ou para-médicaux. L’acculturation par la formation continue est donc le premier de nos métiers, quand les syndicats de professionnels acceptent de nous faire confiance, ce qui n’est pas gagné, quand la suspicion envers le conflit d’intérêt existe en dépit des mécanismes de contrôle et de vérification que nous proposons toujours.
Le réfractaire est aussi celui qui ne trouve pas sa place entre des solutions archi-simplifiée, stigmatisantes et enfermantes et des solutions standards mais innaccessible. La conception d’une solution universelle est donc notre second métier. Notre troisième métier se déduit du second : faire accéder à l’universel implique un accompagnement humain renforcé. Et là-dessus, notre parti pris est clair : formation à distance pour résoudre l’équation économique, formation individualisée pour prendre en compte les spécificités de chacun. Notre expérience nous montre que la distance n’est pas synonyme de virtualité dans la réalité du lien qui se tisse dans l’acte d’apprentissage. Elle implique simplement d’autres rites et d’autres manières de faire.
Par la mission qu’il s’assigne et par la méthodologie qu’elle développe, Hypra participe de cette mission du service public de réduction de la fracture numérique et cherche donc naturellement à impliquer les acteurs publics et para-publics, tels que la Caisse des Dépôts ou la Fondation de l’ancien Président de la République, François Hollande, la France s’Engage.
Notre contribution à l’intérêt général ne s’arrête pas là : nous sommes également à l’initiative de la structuration de la filière du handicap et du numérique par l’intermédiaire du Syntec Numérique pour venir défendre des réformes nécessaires à la réussite de cet éco-système au service d’une véritable cause politique et sociale.
Cette cause là questionne notre aptitude collective à faire vivre la fraternité républicaine dans les contraintes de l’économie de marché et de la gestion publique actuelle, et nous souhaitons relever le défi.