Le profilage ou l’erreur d’appréciation
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Le profilage ou l’erreur d’appréciation

carnetdepsy

Lorsque l’on évoque le profilage on pense criminel et biologie. C’est plutôt sensé comme point de vue : on vous a ennivré de tellement de (fausses) croyances sur le profilage des criminels, notamment à travers les nombreuses séries policières. Mais qu’est-ce que le profilage, et est-ce utile ?

Pour commencer, le profilage des criminels ne date pas du XXIe siècle. En effet, déjà au XIXe sicèle des auteurs tels que Lombroso ont cherché à déterminé des traits caractéristiques chez les accusés reconnus coupables de crimes. D’après cet auteur, les criminels pouvaient se répérer par des caractéristiques physiques. Grâce à l’étude de quelques dizaines de crânes de personnes guilotinées, il crut trouver des “lois” prouvant que la criminalité était innée et qu’elle était repérable par des physionomies types. Lombroso s’appuyait sur des théories plus anciennes comme celle de Morel et du criminel dégénéré. A côté de ces traits physiques particuliers, se trouvaient les caractéristiques psychologiques et intellectuelles des criminels, établies sous forme de listes. Ces travaux ont été fortement décriés et remis en cause par Durkheim et Goring, notamment par un éclairage sociologique des comportements humains.

Il n’est pas rare de lire des articles ou ouvrages reprenant, précisément, les techniques de profilage. Ainsi, les sémiologues font apparaître nos hommes politiques comme des profils. Or, le profilage est incomplet. L’expression d’un comportement, donc d’une partie du profil en question, n’est possible que si le contexte l’autorise. Si nous avons affaire à ce qu’on appelle un sécucteur, son “opération séduction” ne sera possible que si l’interlocuteur lui laisse ce champ libre. De même, pour adhérer, tout ou en partie, à un discours énoncé, encore faut-il éprouver un certain degré de confiance en l’autre… Ainsi, le profilage humain montre de grandes limites… Imaginez un seul instant une personne fonctionnant sur un mode pervers face à une personne fonctionnant sur un mode schizotypique : les actions dites perverses (manipulation par la séduction, puis par le reproche, puis par la menace et la violence) n’auront aucun impact sur les réponses dites schizotypiques (manque de considération d’autrui, l’autre est vécu comme une menace dont il faut se débarrasser, idée délirante), c’est donc voué à l’échec ! Imaginez maintenant que vous êtes face à l’homme politique avec lequel vous êtes le plus en désaccord, je sais que cette position n’est pas des plus agréables, toutefois, même si son profil est de type “stratège et communicant”, vous n’y serez pas sensible, vous réfuterez les arguments avancés, qu’ils soient énoncé dans une langue vernaculaire ou non ! Peu importe le profil établi par l’un ou par l’autre, qui peut différer, d’ailleurs, par ce que nous “décidons” d’y voir, l’important est d’analyser le contexte dans lequel l’expression de tel trait est possible ou non…

Par ailleurs, en génétique, il est avéré que le profil génétique de chaque personne est sensible et évolue au gré des expériences vécues, donc du contexte, c’est ce qu’on appelle l’épigénétique. 

De nos jours, certains auteurs ou essayistes sont toujours dans la recherche d’un profil, érigé comme une vérité. C’est ce que l’on pourrait appeler l’erreur fondamentale d’attribution des psychologues et des psychiatres que de croire aux simples, et simplistes, profils… 

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