Le progrès (2)
L’évolution nécessaire au milieu ambiant exige de l’être humain, comme des autres espèces vivantes, semble-t-il un progrès sinon constant, du moins régulier.
Dans le domaine des armes ou autres ustensiles de survie, il ne fait aucun doute qu’il existe un monde de puissance, d’efficacité, de maniabilité, depuis le bi-face de pierre taillée, le lance-pierre, en passant par l’arbalète, jusqu’au couteau en acier trempé, la carabine 22 long rifle ou même la mitraillette.
Dans nos conditions matérielles de confort, de santé ou encore de moyens de plus en plus sophistiqués de communiquer, il est d’un certain point de vue tout bonnement stupéfiant de constater les nouveautés à travers les apports générationnels successifs, conduisant à l’invention (je cite tous azimuts) de l’hygiène corporelle, des vaccins, de l’électricité jusqu’aux ordinateurs personnels et aujourd’hui le smartphone.
Si l’on s’intéresse un instant à l’évolution des animaux sur la Terre telle que nous la décrivent la plupart des paléontologues contemporains, on voit qu’en la matière, un grand nombre de paramètres entrent en ligne de compte, depuis l’évolution du climat, de la géologie jusqu’à des accidents possiblement cosmiques (météorites, etc.…), et que c’est essentiellement la nécessité (comme le dit l’adage) qui fait loi quant aux principaux changements physico-physio-morphologiques des espèces.
Pour autant les progrès ne se mesurent-ils qu’à l’aune de notre seule capacité de survie ?
Progresse-t-on réellement lorsque nos objectifs, conscients ou inconscients, restent sempiternellement ceux de mieux nous défendre, de mieux nous protéger, fut-ce au nom d’un prétendu confort moderne ?
Je pense ici à la chanson Confortly Numb des Pink Floyd, issue de leur album au succès planétaire, le bien nommé The Wall.
Ainsi, l’outil, en soi, n’est-il pas neutre et n’est-ce pas plutôt l’usage que j’en fais qui détermine le progrès potentiel dont celui-ci est oui ou non porteur ?
À quoi nous sert, en effet, des armes toujours plus puissantes, si ce n’est à faire monter les enchères de la concupiscence et de la guerre, dans une inextinguible aussi bien qu’infernale escalade ?
De la même manière, piller les richesses du sol ou de la mer, afin de nourrir avant tout les habitudes à grande échelle de quelques privilégiés, au détriment d’une immense majorité qu’on laisse dévastée et affamée, est-ce, ne serait-ce que du seul point de vue du bon sens, un progrès réel ?
Dans l’incommensurable désir d’expansion qu’a l’univers, l’être humain n’est-il advenu que pour satisfaire ses besoins matériels ?
Ne peut-on y voir aussi une certaine décadence, un avachissement, moral et même physique, dû à une attention immodérée portée chez tous (ou la plupart), essentiellement sur l’intérêt pour l’amoncellement et la concentration toujours plus grande des richesses, au détriment de l’environnement global et jusqu’à la qualité même de nos relations dites humaines ?
Ne voyons-nous pas, dans le même temps, partout dans le monde, des millions et des millions d’individus tous les jours, certes quotidiennement en quête de leur subsistance, mais relativement contents de leur sort, sereins et souriants, et bien souvent fondamentalement heureux ?
Le progrès est-il si évident, est-il tout simplement spontané, dès lors que l’invention, pour bonne et utile qu’elle pourrait être, puisse tout aussi bien dévaster que détruire ?
Quand déciderons-nous vraiment, une bonne fois pour toutes, de tenter un progrès au niveau de nos consciences, de notre sens moral, de notre ouverture d’esprit à l’autre, tous les autres ainsi qu’au monde qui nous entourent ?
Bien plus que d’un progrès, il s’agit, semble-t-il et avant tout d’un juste retour des choses au niveau de l’essentiel.
Quand la valeur de la vie reviendra-t-elle à son niveau primordial, être et non pas seulement exister ?
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