Le rôle des banques dans la transition énergétique accéléré par la guerre en Ukraine?
Les banques françaises sont bien engagées dans la transition énergétique avec des projets à la clé pour répondre d’une part aux engagements qu’elles se sont fixées dans le cadre de leur plan stratégique mais aussi aux fortes attentes des régulateurs.
Des projets sponsorisés par le « top management » des banques qui s’organisent, se budgètent et se découpent en plusieurs chantiers ; il y a la partie commerciale, la partie réglementaire, la partie reporting, la partie gouvernance et sociétale…chacun organise à sa manière.
Sur le plan réglementaire, les premiers reporting ESG au titre du Pilier 3 sont attendus pour juin avec une mise en place complète dès juin 2024.
La collecte des données est un enjeu majeur afin de répondre aux besoins des reporting ESG mais aussi ceux des stress test de la BCE qui donneront leur conclusion fin juillet 2022.
La qualité des données collectées est primordiale et les banques s’attèlent à constituer de nouvelles bases de données sur tous les types de clients. Ces données devraient à terme d’une part conduire à la détermination d’un score green à l’octroi de crédit en plus du score de solidité financière et d’autre part contribuer à ajuster les paramètres de risques (PD et LGD) en tenant désormais compte de la prime de risque environnementale dans le calcul des fonds propres règlementaires et du ratio de solvabilité.
Au niveau commercial, l’enjeu est aussi attrayant. Une toute nouvelle gamme de produits « green » voit le jour pour remplacer à terme les modes de consommation actuels. Il s’agit d’une vraie opportunité pour les banques de financer ces nouveaux modes de consommation mais à ce jour elles n’y arrivent qu’au travers de produits d’appel sur lesquelles la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous malgré un funding avantageux facilité par les greens bonds
La guerre en Ukraine couplée à l’augmentation du prix du carburant vient-elle accélérer ce processus ?
Sur la base d’un historique de 30 jours de guerre en Ukraine, on voit déjà le comportement des consommateurs évoluer. Un conseiller clientèle d’une grande banque nous confie : « Les clients les plus prévenants veulent dépendre le moins possible des énergies fossiles. L’envolée du prix du carburant ainsi que la guerre en Ukraine ont changé la donne. Certains pays qui en dépendent fortement se voient depuis quelques jours privés d’électricité et par conséquent opérer leurs entreprises par intermittence. C'est déjà la cas en Afrique du sud et au Nigeria. Tout cela n’est pas sans impact sur la prise de conscience des clients quant à l’urgence de la transition ».
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Comme la pandémie Covid 19 a été un accélérateur de digitalisation au niveau des banques, la guerre en Ukraine sera un accélérateur de la transition énergétique et viendra faciliter le rôle et l’incitation attendue des banques dans cette mission de financeur de la transition.
Lamia CASSIR
Senior Manager - Finance & Risk
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