Le secteur culturel à l'heure de la révélation numérique
Le changement technologique de nos établissements culturels ne bénéficie pas d'une image positive chez tous les professionnels. En plus d'apparaitre comme coûteux, insaisissable et complexe, il continue d'être perçu pour certains comme un phénomène nihiliste et froid, qui appauvrirait les existences et le vivre-ensemble, incompatible avec une vision humaniste pronant la beauté et le savoir-être.
Cette perception n'est pas uniquement due à la transition numérique actuelle. Depuis les Grecs, la technè est reléguée à l’extérieur de la pensée philosophique, cantonnée au monde des objets, à la pure matérialité, au non-humain.
Nous devons aujourd'hui réinterroger cet héritage sous peine de passer à côté de ce que révèle le bouleversement technologique en cours : un changement profond de l'idée de réalité et de notre expérience au monde. La question de "l'être" et la question de "la technique" sont enfin posées comme une seule et même question.
Si nous souhaitons bénéficier pleinement de la révolution numérique, en être les acteurs, il est aujourd'hui indispensable d'entreprendre une révolution philosophique.
✍︎ Fabrice Borie.
(Édito Novembre 2019 / Le Mensuel, mini-journal de l'acteur culturel connecté)