Le train, c’est bien pour le mass transit
Image générée sur Midjourney

Le train, c’est bien pour le mass transit

« Train » ne rime pas seulement avec « horizons lointains »… Qui dit « train » dit aussi « transport urbain » et « train-train quotidien » ! Le train est en effet un moyen de déplacement incontournable au sein des grandes villes, permettant de massifier le transport, de desservir rapidement un vaste espace métropolitain, tout en libérant de l’espace en surface – un enjeu majeur en zone urbaine dense – et en réduisant l’impact sur l’environnement. On parle ainsi de « mass transit » pour désigner les transports en commun de masse que sont le train urbain, le RER, le métro et le tramway. Si le mass transit ferroviaire est une alternative décarbonée et efficace à la voiture, il n’est cependant pas le moyen de transport le plus usité pour les trajets pendulaires : selon un rapport 2022 de l’ Autorité de régulation des transports , la voiture est aujourd'hui utilisée pour réaliser 64 % des déplacements de courte distance domestiques. Une part certainement appelée à se réduire avec la progression de la transition écologique, alors que, grâce à de nombreuses innovations, le mass transit sera, lui, encore plus efficace et modifiera peut-être en profondeur nos habitudes de déplacements.

Source Pexels, photo by Rishiraj Parmar

Optimiser l’espace urbain

Avec déjà plus de la moitié de la population mondiale vivant dans les villes, une part qui ne cesse de croitre, le XXIème siècle est l’ère de l’urbanisation. Or, en ville, il y a souvent très peu de place et chaque mètre carré est compté. L’espace disponible pour les systèmes de transport n’est généralement pas suffisant au regard du grand nombre de travailleurs, de touristes, de citadins qui le parcourent, et toutes les grandes villes souffrent de problèmes récurrents de congestions, à des niveaux plus ou moins sévères. Il est donc essentiel d’optimiser l’exploitation du foncier disponible et de construire les systèmes de transport les plus efficaces…

Dans ce contexte, le train a une qualité majeure : une « empreinte surfacique » extrêmement limitée, et une « efficacité volumique » maximale. Par exemple, une ligne comme le RER A en région parisienne, permet de transporter une quantité de voyageurs équivalente à… une autoroute de douze voies ! Pour le RER B, la deuxième ligne la plus fréquentée d’Europe, chaque train est composé de deux rames, chacune de ses rames ayant une capacité de 820 personnes, soit 1640 personnes par train. Chaque jour, 570 trains circulent sur les 80 kilomètres de ligne du RER B, et transportent quotidiennement près d’un million de voyageurs ! Quant à la ligne A du RER, la plus fréquentée d’Europe, elle véhicule en moyenne, chaque jour ouvrable, pas moins de 1,4 millions de personnes... Des chiffres vertigineux, équivalents à la totalité de la population d'une ville moyenne européenne comme Stockholm ou Naples.

L'impact de cette utilisation optimale de l'empreinte au sol est colossal. Non seulement cela libère de l'espace en surface pour des parcs, des rues plus larges, des terrasses de café et autres lieux de vie, mais cela réduit aussi considérablement la congestion routière, et contribue à une amélioration majeure de la qualité de l’air que nous respirons… et du bilan carbone.

Décarboner les trajets quotidiens

Source Pexels, photo by Markus Spiske

Principalement électrique et mutualisant le transport d’un grand nombre de passagers, le train est une mobilité bas carbone par excellence, un atout majeur dans la lutte contre le dérèglement climatique. Par voyageur et par kilomètre parcouru, le mass transit est le mode de transport motorisé le plus efficace énergétiquement – 5 fois plus que la voiture thermique et 1,2 fois plus que la voiture électrique – et le moins émetteur de gaz à effet de serre, 7 à 16 fois moins que la voiture, selon sa motorisation électrique ou thermique[1]. Et à l’échelle de l’Ile-de-France, où 60 % des déplacements motorisés sont aujourd’hui effectués en voiture, un point de report modal vers le mass transit représenterait, toujours selon l’Institut Paris Région, une économie d’énergie annuelle d’environ 170 000 MWh, ce qui correspond à la consommation électrique d’une ville de 80 000 habitants, comme Rueil-Malmaison.

Avec les avancées technologiques, le mass transit va continuer à se décarboner. Par exemple, pour réduire la consommation d’énergie du matériel roulant sous caténaire, des innovations permettent déjà sur certaines rames de récupérer l’énergie de freinage, de la réinjecter sur le réseau pour qu’elle puisse être utilisée par un autre train qui accélère à proximité, ou de la stocker dans des batteries ou des supercondensateurs embarqués, pour la redistribuer en temps voulu, en plus ou à la place de l’alimentation par caténaire. Le stockage au sol de l’énergie de freinage est aussi envisagé pour une réinjection postérieure sur le réseau.

Demain, réinventer le mass transit

Dans les grandes métropoles, et en particulier en Île-de-France – c’est la deuxième agglomération mondiale en ce qui concerne le mass transit ferroviaire, juste derrière Tokyo – les besoins de mobilités imposent de repenser les solutions de mass transit pour utiliser au mieux les capacités des infrastructures qui sont, pour la plupart, très anciennes – le métro date de 1900 à Paris – et souvent proches de la saturation. Dans ce contexte, de nombreuses innovations s’apprêtent à rendre le ferroviaire plus efficace et le trafic voyageur plus fluide.

Pour cela, les leviers sur lesquels agir sont simples : augmenter la vitesse, la fréquence et la régularité des trains, et mieux gérer les circulations perturbées. Pour faire circuler un maximum de trains sans incident, certaines lignes de RER (comme le RER A, et bientôt le RER E) sont déjà partiellement automatisées ; la digitalisation permet d’optimiser la supervision du trafic, le contrôle de la vitesse et des phases d’accélération et de freinage, comme c’est déjà le cas sur des lignes de métro.

Un autre levier d’amélioration concerne l’information des clients sur l’affluence à bord de chaque voiture pour permettre une meilleure répartition sur les quais, et donc améliorer la ponctualité au redémarrage. Transilien SNCF a par exemple lancé en 2021 le « Projet Affluence Information Voyageurs », dont l’objectif est de mettre en place des caméras en tête de quai qui scannent les portes et fenêtres au départ du train. Associées à l’intelligence artificielle, elles transforment en temps réel les images en niveaux de densité. Une fois traitées, ces données alimenteront les outils d’information voyageurs, comme les médias numériques ou les écrans en gare.


Le train accompagne quotidiennement des milliers de citadins dans leurs déplacements pendulaires, avec un impact minimum sur l’environnement. Mais les infrastructures sont-elles aujourd'hui encore adaptées aux besoins et au flux croissants de passagers ? A cet égard, les Jeux Olympiques, pour lesquels seize millions de touristes sont attendus à Paris à l’été 2024 seront un « stress test » important… Toutefois, dans les années à venir, la situation évoluera certainement dans le bon sens pour le mass transit, grâce aux innovations technologiques et aux évolutions des mentalités.

Dans le prochain et ultime épisode, découvrez pourquoi le train c’est bien… pour imaginer nos voyages de demain !


[1] Source : Institut Paris Région, https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/le-mass-transit-a-lheure-du-teletravail-et-de-la-sobriete-energetique/


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