Le train, c’est bien pour un tourisme durable et responsable
Prendre le train, c’est faire le choix inverse du voyage en avion, rapide mais polluant ; c’est presque un acte militant ! Le train donne un rythme différent au voyage : plus lent, il ne permet pas d’aller aussi loin mais laisse de la place pour la contemplation. Il donne aussi accès à des destinations moins fréquentées, ouvrant ainsi la voie à une expérience plus authentique, favorisant les interactions avec la culture locale. À l’heure de la crise écologique et de la crise du sens – remise en cause de la mondialisation, des avancées technologiques très rapides, de la culture de l’hyperconsommation… – le tourisme se réinvente pour faire la part belle à une nouvelle quête d’authenticité, de durabilité et d’expérience des voyageurs. A l’avant-poste de ce mouvement qui gagne de l’ampleur, on retrouve la « Génération Y » » – personnes nées entre le début des années 1980 et la fin des années 1990 – et la « Génération Z » – celles nées entre la fin des années 1990 et 2010. Pour empêcher que la planète et son climat ne déraillent…
Décarboner le tourisme par le train
En 2021, l’ ADEME a présenté le premier bilan carbone du tourisme en France, expliquant que le secteur touristique était responsable de 11% des émissions de gaz à effet de serre. On y apprenait aussi que les mobilités étaient responsables de trois quarts des émissions totales du secteur, avec une très forte proportion (41%) due au transport en avion. Dans ce contexte a continué de s’affirmer une forme de tourisme dit « durable », que l’Organisation Mondiale du Tourisme ( UN Tourism )définit comme « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, de l’industrie, de l’environnement et des communautés d’accueil ». Cette forme de tourisme séduit de plus en plus de monde : selon un rapport Expedia Group réalisé en 2022, 59 % des sondés sont prêts à payer davantage pour que leur voyage soit plus respectueux de l’environnement, et 49 % à choisir une destination moins fréquentée pour réduire les effets du tourisme de masse.
Écologique, plus efficace énergétiquement, et décarboné lorsque le mix électrique local l’est, le train joue un rôle de premier plan dans l’essor du tourisme durable. Pour rappel, en France, un voyage en train émet en moyenne 30 fois moins de gaz à effet de serre que le même trajet avec un seul passager dans une voiture. Le bilan du train est encore plus flatteur comparé à l’avion : selon l’ADEME, les émissions de CO2 par personne et par kilomètre d’un trajet en train sont 14 fois moindres que celles d’un trajet en avion – et celles d’un TGV encore 3 fois moindres que celles d’un train classique… Ainsi, pour un trajet de 1000 km – par exemple un aller simple Paris-Madrid – chaque passager émet l'équivalent de 2,4 kg de CO2 en TGV contre 88 kg en avion, ce qui est l’équivalent de la fabrication de 3 smartphones. Le train permet ainsi de voyager léger… pour la planète.
Sur les rails d’un nouveau tourisme local, authentique et expérientiel
Le tourisme durable ne se limite pas à sa dimension écologique, il prend aussi en compte les impacts économiques et sociaux de nos activités. Le tourisme durable est donc aussi un tourisme plus local, qui explore les merveilles qui nous entourent, en France et en Europe. Ce changement d’échelle du voyage, de l’international au local, séduit de plus en plus de Français, qui depuis la crise sanitaire sont de plus en plus nombreux à redécouvrir les richesses de nos régions. Dans un sondage réalisé par Ipsos en 2022, 56% des Français partant en vacances déclaraient avoir l’intention de passer leurs vacances sur le territoire français. Parmi les 40% souhaitant partir à l’étranger, les destinations privilégiées étaient : Espagne (15%), Italie (8%), Portugal (5%). Dans ce même sondage, on apprend que 37% des Français pensent continuer à privilégier des destinations plus proches. Qui dit tourisme local dit aussi recherche d’expériences authentiques et uniques. Plus besoin d’aller à l’autre bout du monde pour se sentir loin de chez soi, le dépaysement peut aussi être à quelques heures de son foyer… Selon un rapport Atout France daté de 2022, 56% des Français seraient d’ailleurs à la recherche d’expériences plus authentiques, pour découvrir la culture locale de leur destination.
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Dans ce flot d’aspirations nouvelles, le train joue un rôle crucial puisqu’il permet de sortir des sentiers battus, de relier des petites villes et des régions moins connues que les grandes capitales, pas toujours accessibles par d’autres moyens de transport. C’est notamment le cas pour les lignes dites « secondaires » : la ligne qui relie Clermont-Ferrand à Nîmes est l’occasion d’un beau voyage, en remontant l’Allier, en traversant la garrigue des hauts plateaux à plus de 1000 mètres d’altitude et en s’arrêtant, par exemple, dans l’une des gares des Cévennes pour marcher le long du Chemin de Stevenson. La ligne Dole-Saint Claude est un autre exemple de ce tourisme durable rendu possible par le train : tutoyant les cimes du Jura, c’est le point de départ de nombreuses randonnées, à ski de fond, à pied ou à VTT. Si vous vouliez de l’expérience authentique, ne cherchez pas plus loin ! Et les possibilités d’évasion ne se limitent pas au territoire national, puisque le train a une force : il est interconnecté. Il est européen, national, régional et local… Il peut même être nocturne, comme le Paris-Berlin remis récemment en service.
La jeunesse a un train d’avance
Sensibilisée depuis le plus jeune âge aux enjeux environnementaux, une partie des générations Y et Z, en Europe et en Amérique du Nord, sont très actives dans ce renouvellement des habitudes de consommation et de déplacements. Pour de plus en plus de jeunes Français, finis les enterrements de vie de jeune homme ou de jeune fille à Budapest, finis les week-ends en amoureux à Prague avec des compagnies aériennes low-cost. Selon une enquête 2022 de la Fondation Jean-Jaurès et l’ Groupe Ifop , 27% des 18-24 ans en France font de l’urgence climatique une raison prioritaire pour éviter l'avion.
On note d’ailleurs, dans les mots nouveaux propres à ces nouvelles générations, l’émergence d’un lexique militant qui dit beaucoup de leur conscience écologique. Par exemple, sur les réseaux sociaux, on parle désormais de « flygskam » pour désigner la culpabilité et la honte de prendre l’avion – mot suédois qui a donné, en français, l’« avihonte ». C’est un véritable phénomène de société chez les jeunes de moins de 25 ans, popularisé à partir de 2018 grâce notamment à Greta Thunberg, « role model » de la GenZ s’il en est. A l’inverse, on parle aussi de « tågskryt », ou « train-bragging », pour désigner la « fierté de prendre le train », et, par conséquent, de voyager en limitant son empreinte carbone.
Aujourd'hui, de plus en plus de personnes décident de voyager moins loin, et mieux. Le coût environnemental est désormais davantage intégré au choix d’une destination, tout comme les implications éthiques liées au tourisme de masse. Le train, présent partout et à toutes les échelles, permet l’essor à grande échelle de ce tourisme plus responsable, et nous invite à voyager autrement, pour préserver les écosystèmes et les impacts économiques et sociaux sur les populations locales.
Dans le prochain épisode, nous verrons comment le train, qui contribue à connecter le territoire, constitue un véritable outil d’aménagement et de cohésion territoriale !
Partner at Magellan Finance
9 moisMerci Vincent !
🚂La voix du chemin de Faire... Accompagnateur du ferroviaire et des chemins de traverses.
9 moisMerci pour ce partage.