Le trait d’union coach-manager

Le trait d’union coach-manager

Tout au long de ma carrière de manager, je n’ai cessé de me répéter cette phrase de Kenneth Blanchard. Issu du bestseller " le manager minute", un peu comme un mantra, une prière vaudou, une formule magique me donnant le super pouvoir du top manager.

" la meilleure minute dépensée, c'est celle que j’investis dans l’individu".

Ah oui c'est sur ça claque bien, je m'empressais de la placer un peu partout (comme la d’ailleurs 😊) , fier de cette petite pépite dont je n’étais évidemment pas le dépositaire. C'est vrai que j’ai toujours adoré cette phrase mais finalement sans jamais être capable d'en saisir le sens profond , « la substantifique moelle », le cadeau caché derrière ces mots simples et percutants….

Car au final, 1 minute investi dans l'être humain plutôt que dans l’appareil productif ou autre c'est bien mais la grande question de toute ma carrière de manager a été de comment l'occuper , comment la remplir cette minute , comment en faire un temps plein propice au développement et au bien-être  de chaque collaborateur .

Ce n’est que bien longtemps après, après avoir été la tête dans le guidon pendant de longues années, dans l’action répétée du quotidien. C’est avec le temps qu'un embryon de conscience à commencer à jaillir. En prenant un peu plus de hauteur sur ma pratique managériale, en m’introspectant en disséquant mes modes de fonctionnement, mes croyances, j’ai commencé à saisir de quoi été empli cette minute.

Devenir coach est apparu comme une révélation. J’y ai trouvé une grande partie de ce qui me manquait.

L’apprentissage en toute humilité et mes premières tentatives dans la posture d'accompagnant m’ont permis de mettre des mots, de nommer et de tenter d’expliquer l'essence même de cette minute.

Définitivement la relation coach et manager se confonde, s’entrelace, se lie au service de soi et de l’individu. Plus que jamais, le manager coach apprend du coach manager.

Je suis aujourd'hui convaincu que cette minute allouée à autrui est un magnifique présent si nous sommes capables de placer notre attention sur les 3 actions suivantes :

1) La première clé est évidente et pourtant si complexe. Le coach manager maîtrise l'art de poser des questions, excelle dans la proposition de la bonne question. Socrate est peut-être le père fondateur de cet art si difficile qu’il incarnait à travers la fameuse « science de la maïeutique » ou comment accoucher les âmes selon ses dires. Poser une question profonde, ou du moins offrir à autrui une question comme on offre un présent demande beaucoup d'expériences. L’objectif n’est pas tant d’obtenir une réponse, d’avoir un retour, non la vraie force de la « questiologie » est d’amener la personne à résonner en elle, à se retrouver face à elle, à regarder ce cadeau question et à s’interroger. On parle la bien sûr de ces questions sincères, authentiques, miroir et à aucun moment de ces questions ping-pong qui appelle à une réponse déjà toutes faites en orientant maladroitement l’opinion et la réponse de la personne consultée.

La question est la première brique indispensable pour sceller la relation manager collaborateur, elle recèle en elle-même déjà les plus belles promesses.

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2) 2eme clé, tout aussi indispensable, pour autant le temps et l'expérience me semble la meilleure voie pour en percevoir tous ces bénéfices. Le coach manager doit aiguiser son focus, doit faire preuve d’une grande présence, être là, ici et maintenant pour l’autre, on parlera donc de présence consciente sur 3 niveaux :

- La première, on vient de l'évoquer c’est la présence à l’autre, en essayant de se fondre en lui, de percevoir ces mécanismes intérieurs, de raisonner en adoptant son mode de fonctionnement. Être présent pour l’autre par notre capacité empathique, ressentir sans juger, sans vivre par procuration, juste connecter avec sa réalité, sa perception, son filtre de pensée.

- La présence à soi semble moins évidente, plus difficile à palper, à toucher …. Cette capacité que nous avons tous à observer nos pensées, à mettre une distance entre les paroles d’autrui et ce que cela provoque en nous. « Tiens sa réponse me fout les nerfs mais pourquoi ? Pourquoi je ressens ça… », de quoi est composé l’expérience émotionnelle qui me parcoure. On parlera alors parfois de projection de notre personne dans l'autre, passant de la fierté à la satisfaction, de la joie à l’impression d’être pris pour un con. Être présent à soi, c’est éviter les interférences liées à notre ego, notre côté naturel du sachant, du je vais te montrer, celui qui détiens l’unique vérité ???? Être présent à soi, c'est être ok avec nos zones d'ombres, nos erreurs heureuses, nos manques et incompétences parfois, c'est OK, le coach manager n'a pas à tout savoir. Le coach manager doit savoir uniquement une seule chose : il sait qu’il sait peu de choses et il est en perpétuel apprentissage dans le miroir de la relation.

- Enfin la présence à la relation justement, essentiel ! Installer l’espace propice à l'échange, chérir l’environnement de cette minute de partage. Être garant des conditions pour nourrir le dialogue, éviter les classiques écueils de l’échange zapping entre les WC et la machine à café, être présent à la relation, c’est endosser le rôle de gardien du territoire d'expression, savoir prendre ces responsabilités pour mettre l’autre dans les meilleures conditions possibles.

3) Enfin une dernière clé qui est synonyme pour moi de l’apprentissage de toute une vie, une quête incessante pour s’améliorer par le simple fait de savoir écouter. Je ne crains pas de dire que j’ai passé le plus clair du temps à ne pas écouter. En partant des sempiternelles injonctions parentales auquel on mimait du bout des lèvres une réponse. En passant par ces professeurs, ces entraîneurs, ces superviseurs ou autres patrons ou l’on répondait quasi automatiquement oui. As ton appris à aucun moment dans nos vies à écouter ? c’est d'ailleurs une question que je vous pose ?

La triste conséquence, c’est que le jeune manager, petit copain, ami, frère ou sœur écoute le plus souvent pour répondre plutôt que pour recevoir. Eh oui vous savez, quand vous êtes déjà en train d’élaborer un raisonnement, une argumentation avisée avant même la fin du déroulement narratif de notre réciproque. Ça, on sera tous d’accord, ce n'est pas écouter. Écouter coûte en énergie et en qualité de concentration, oblige à une posture de curiosité, d'ouverture de non jugement. Écouter est un super pouvoir dont nous sommes très peu à en connaître et maîtriser les rouages. Être juste dans l’accueil du message, avoir l’intention sincère de comprendre, d’apprendre de l'autre. L’art de l'écoute vient à lui seul sublimer nos 2 précédentes convictions : la nécessité d’une pleine présence et de savoir offrir des questions.

Finalement, le coach vient plus que jamais nourrir le manager et le manager ne peut qu'être un coach en puissance. Ces 3 clés, concepts de pensée à la fois simplistes et loin d'être simples dans leur mise en application rappellent que nos métiers sont ancrés dans l’intention d’éveiller le potentiel de chacun.

Aujourd'hui, j’ai donc un nouveau mantra articulé autour de ces 3 piliers. En permanence, je cherche à mieux questionner, à être plus présent et à juste écouter. 3 fondamentaux que nous devrions tous répéter, 3 haltères qui viennent muscler nos habiletés relationnelles, notre Leadership et notre humanité.

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