Leader des compétences durables : un métier indispensable aux entreprises de demain ?

Leader des compétences durables : un métier indispensable aux entreprises de demain ?

Avec plus de 2,5 milliards d'euros levés par les greentechs françaises en 2022 d’après le dernier panorama de Bpifrance, nous pouvons nous réjouir de la progression des investissements fléchés vers les technologies au service de la transition écologique.

Toutefois, cette dynamique encourageante ne doit pas nous faire oublier que la transition écologique ne demande pas seulement une nouvelle génération de technologies mais également une nouvelle génération de connaissances et de compétences.  

Sur ce point, nous sommes encore très loin du compte en termes d’investissements et d’attention portée au sujet. Si la majorité des grandes entreprises s'est désormais fixée des ambitions climatiques élevées, nombre d’entre elles peinent à réaliser les transitions nécessaires, faute des ressources et compétences nécessaires.  

Face à cet enjeu, un nouveau rôle émerge progressivement dans les organisations : celui de Leader des compétences durables. A la croisée des départements RSE et Ressources Humaines, son rôle s’articule autour de cinq missions clés : 


1. Cartographier les compétences durables  

Le.la leader des compétences durables a pour mission première de traduire les objectifs RSE de son organisation en compétences durables ; à partir de l’état des lieux des métiers et des compétences existantes, il cartographie les compétences à acquérir et développer.  

Le développement de ces nouvelles compétences se réalise aussi bien à travers la création de nouveaux métiers qu’à travers l’évolution des métiers existants. Ce second point est particulièrement important : si certaines compétences nécessiteront une spécialisation pointue et un métier à part entière, la plupart des compétences durables devront s’infuser dans les métiers existants. Il s’agira alors de faire évoluer les gestes métiers du plus grand nombre afin de s’assurer que toute l’organisation progresse sur la même trajectoire.  


2. Attirer les compétences durables 

La “guerre des talents durables” a commencé et n’est pas près de s’arrêter. Selon le rapport de LinkedIn Global Green Skills 2022, les besoins en "métiers verts" se sont développés de 8% par an entre 2015 et 2021, tandis que le vivier de talents correspondant ne s'est développé que de 6% par an sur la même période, entraînant mécaniquement une hausse du “déficit de compétences durables”.   

Le.la leader des compétences durables doit donc travailler la marque employeur de son organisation afin d’attirer des talents durables de plus en plus exigeants sur les engagements concrets de leur futur employeur. 

 

3. Développer en interne les compétences durables 

D’après le rapport Closing the Sustainability Skills Gap réalisé par Microsoft et le BCG en 2022, 68% des leaders RSE des entreprises ont été recrutés en interne et 60% n’avaient pas d’expérience préalable sur le sujet. Dès lors, le.la leader des compétences durables doit être en mesure d’identifier les talents internes en capacité de prendre de nouvelles responsabilités sur ces enjeux et de les accompagner dans leur montée en compétences.  

L’accompagnement de ces profils internes souvent dotés d’une “double compétence métier / durabilité” est essentiel. Cependant, compte tenu de l’urgence, cette stratégie de montée en compétences sur le long terme doit se faire en parallèle d’une stratégie d’acquisition rapide de compétences externes.  

 

4. Sourcer les bons experts 

Le recours aux meilleurs experts externes, indépendants ou consultants, devient stratégique afin d’acquérir et de diffuser le plus rapidement possible les compétences durables nécessaires. Complémentaires aux talents internes, ces experts apportent dans l’entreprise les retours d’expérience précieux qu’ils ont pu acquérir préalablement.  

En diffusant les bonnes pratiques, en évitant de reproduire les écueils passés et en facilitant un fonctionnement en mode projet, ces profils accélèrent le démarrage et le développement des projets de transformation durable. 

 

5. Embarquer les parties prenantes externes 

Parce que la transformation durable nécessite d’embarquer ses fournisseurs et ses clients, le sujet des compétences durables dépasse les frontières de l’entreprise.  

Le.la leader des compétences durables doit ainsi travailler en coalition avec ses parties prenantes directes et indirectes (acteurs académiques, Etat, collectivités territoriales...) afin de faciliter un engagement commun vers le développement des compétences recherchées. 

 

La transformation durable n’existera pas sans compétences durables. Dès lors, l’investissement dans les compétences ne doit pas être pensé comme une conséquence de la transition écologique mais comme un facteur clé de réussite de cette même transition. Au sein des entreprises, les Leaders des compétences durables joueront un rôle clé en ce sens. 

Jonas Guyot

Sustainability Director I Chief of Staff

1 ans

Merci pour vos retours ! Pour ceux intéressés de creuser le sujet, nous avons créé l'Atelier des compétences durables : un atelier de 2h pour cartographier les compétences durables nécessaires à votre organisation et identifier les meilleures manières de les acquérir et/ou de les développer. Si vous souhaitez tester, contactez moi ! 😉

Géraldine Guillemot

Impact / RSE / Engagement collaborateurs / Retail Concept et Développement / Merchandising et Marketing points de vente

1 ans

Bravo pour cette analyse Jonas ! Très juste. Clemence Bea

Eric Coisne

Senior Advisor at RAISE France, President at RAISE Sherpas and Ticket for Change, Board member at Fondation Entreprendre, Ashoka France. Founder "TheWalkingCoach"

1 ans
Yves BOGAERT 💚

En exploration, né en 323 ppm

1 ans

Bien vu Jonas tu poses clairement le sujet clé des compétences utiles et durables en entreprise. J'insisterai sur un point la montée en compétence, nécessite plus de formation. J'aurais ajouté un 6ème point, car il ne suffit pas d'identifier, attirer, développer, sourcer et embarquer les stakholders, il faut aussi nourrir, mobiliser et préserver ses ressources dans l'entreprise. Le risque dans les organisations, c'est l'inertie, la difficulté à engager de vraies redirection, de vrais changements de business model. Les "leaders durables" s'essoufflent parfois et quittent le navire. C'est tout l'enjeu de garder ses talents....

Leanne Bonhomme

Sustainability | Advocacy | Economic transition |

1 ans

Ton regard sur ce sujet est très juste selon moi! Merci pour cet article 🚀

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