L'ENTREPRENEURIAT,UNE AFFAIRE DE PASSION
La proportion de jeunes qui s’oriente vers la fonction publique après leurs études supérieures est de plus en plus forte. La solution entrepreneuriale dans un tel contexte, est la bienvenue. Elle va constituer sans conteste un rempart contre le chômage de masse. Et impliquerait par conséquent une croissance économique et sociale durable. C’est du moins cette rhétorique que des médias publics servent le plus souvent à la jeunesse. L’objectif visé, c’est de l’exhorter à se transcender pour devenir une génération d’entrepreneurs prospères. En clair, il nous faut davantage de business angels, de success-stories et de self-made-men pour inspirer cette jeunesse encore encline aux sacrifices et aux efforts les plus inimaginables pour entrer à la fonction publique et grossir les rangs des fonctionnaires. Mais comment freiner cette ruée vers le fonctionnariat et inciter à l’entrepreneuriat ?
En dehors du talent, de la formation, du sens du business, des ressources financières, il est plutôt impérieux d’inciter ces milliers de jeunes à poursuivre un rêve, une passion. L’amour d’un métier ou d’une activité dans laquelle ils s’investiront corps-à-et-âme. À l’origine de tout projet entrepreneurial réussi, il y a une idée ingénieuse qui vous trotte dans la tête. Une idée à laquelle vous croyez dur comme fer. Une passion qui ne vous quitte jamais et qui vous mène au fil des années vers le but ultime. S’il y a un écueil à éviter en revanche, c’est de se fier à la rumeur populaire qui « certifie » parfois à tort que « l’hévéa rapporte gros, la vente de bissap donne beaucoup d’argent » etc. On pourrait se fourvoyer en se lançant dans ces activités. La sagesse asiatique incarnée par Confucius recommande de choisir « un travail que vous aimez, et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». À tout cela s’ajoute une bonne dose de volonté créatrice qui va constituer le soubassement de votre entreprise.
Il est par ailleurs indispensable de rompre avec certains préjugés sociaux qui collent à tort l’échec scolaire au profil des candidats à l’entrepreneuriat. La réussite étant généralement perçue comme synonyme de brillantes études couronnées par un emploi rémunéré, « l’entrepreneur », lui, serait le partisan de la débrouillardise. Le mot « entrepreneur » n’a donc pas toujours une connotation positive sous nos tropiques. Ceux qui triment avec des projets scabreux, des business plans mal conçus dans l’espoir d’avoir une place au soleil ne sont pas forcément la lanterne rouge de l’échelle sociale. À force de courage, ils verront un jour le bout du tunnel. Une étude datant de 2012 publiée par l’Agence Emploi Jeune a d’ailleurs battu en brèche ces stéréotypes. Il en ressort que le taux d’employeurs informels en Côte d’Ivoire se situe à 91,2% et la proportion des salariés est de 18,1% au niveau global. Ce qui signifie que les « petits entrepreneurs » prennent une part non négligeable dans la création de richesses nationales. Le défi majeur serait d’encourager les entrepreneurs-nés et les entrepreneurs en devenir à s’investir comme nous l’avons déjà souligné dans les métiers et les initiatives qui leur tiennent le plus à cœur. C’est à ce prix qu’ils réaliseront leur rêve de succès.
Adama Coulibaly