L’entreprise data-driven doit aussi être expérimentale et sceptique
Photo de Santiago Manuel De la Colina provenant de Pexels

L’entreprise data-driven doit aussi être expérimentale et sceptique

Si le projet d’une entreprise gouvernée par les données fait son chemin dans les organisations suisses, c’est bien la population qui a vécu ces derniers mois en mode data-driven. Face aux peurs et à l’incertitude entourant la pandémie, il a fallu recourir aux experts et surtout aux data - les premiers s’appuyant eux-mêmes sur les secondes. Malades, décès, effectifs hospitaliers, respirateurs, masques, lits de soins intensifs, taux de propagation, taux de mortalité, les données, statistiques et autres modélisations ont envahi les esprits et dicté les comportements. L’aplanissement d’une courbe est ainsi devenu le motif fédérateur de l’humanité et les habitants sont désormais invités à s’isoler s’ils reçoivent une alerte de leur app de traçage. L’expression data-driven n’est pas usurpée.

Marquée par l’omniprésence des data, l’actualité l’a également été par des couacs dans la production et l’usage de ces données, qui font écho aux défis rencontrés par les entreprises cherchant elles aussi des réponses dans les data. Bien des managers ont ainsi dû se sentir moins seuls à voir la difficulté persistante des autorités à collecter rapidement des données sanitaires cohérentes et de qualité sur l’ensemble du territoire. Ou à prendre connaissance du mécanisme imparfait avec lequel les apps de traçage calculent les risques et déclenchent les alertes. 

Censées mettre tout le monde d’accord devant une vérité qui s’imposerait, les données ont par ailleurs été l’objet de polémiques entre spécialistes, sur la pertinence de tel plutôt que tel autre indicateur. Un débat là aussi familier dans l’entreprise. 

Bref, les occasions n’ont pas manqué ces derniers mois de constater combien les données, loin d’offrir une représentation fidèle du monde (ou de la marche des affaires), sont le résultat de processus souvent opaques, de choix souvent contraints et de moyens et dispositifs souvent lacunaires. 

Pour les organisations décidées à s’appuyer davantage sur les données pour orienter leur stratégie et automatiser leurs opérations, ces problèmes circonstanciels ou de fond sont une piqûre de rappel utile. L’entreprise data-driven passe par des mécanismes et processus rigoureux, transparents et sans cesse améliorés pour produire des données fiables et utiles. Elle passe aussi par une culture de la data, de son potentiel et de ses limites, et du rôle de l’expertise humaine pour soutenir ou opérer les décisions. L’entreprise data-driven est une entreprise expérimentale et sceptique.

Editorial paru dans l'édition de septembre 2020 d'ICTjournal


José-Antonio Pérez

Facilitateur de projet expérimenté 🔑🪏🪢. Executive MBA axé sur la gestion durable et l'administration des entreprises.

4 ans

Sceptique oui, les capteurs de données ont une grande importance. Il arrive encore trop souvent que les pommes soient comptées comme des poires. Question capteurs, l'humain est bien conçu et en dispose d'une multitude qu'il faudrait/vaudrait mieux écouter.#datadriven #bigdata

Aline Isoz

Administratrice indépendante / #Gouvernance #Strategie #Transformation #Digital #Ethique #ESG

4 ans

Je reste sceptique sur le concept même d'une entreprise conduite par les données et non par des individus et des collectifs dont la responsabilité juridique est, au final, engagée.

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