Les amateurs étudient la stratégie, les professionnels la logistique.
Vite dit ?

Les amateurs étudient la stratégie, les professionnels la logistique. Vite dit ?

Cette assertion attribuée à Bradley et maintes fois rebattue peut nous faire réfléchir.

Guerre en Ukraine : les stratèges défilent devant les caméras et nous expliquent doctement depuis février 2022 l'art opératif. On sait maintenant aussi l'immensité du défi logistique et sa primauté dans une guerre où les feux de l'artillerie sont prédominants.


Mais on oublie parfois que la logistique militaire c'est du ravitaillement (munitions, énergie, vivres etc...), mais aussi du soutien santé (sauver les blessés pour continuer le combat, et maintenir le moral des combattants), et enfin, et ce n'est pas le moindre, du maintien en condition (les véhicules s'usent vite, même quand ils ne prennent pas des coups).

Ce maintien en condition exige un volume de maintenanciers militaires suffisant : à la guerre, les combats en zone de maintenance sont probables, on y amènera difficilement du personnel civil.

Et puis, il faut des stocks de pièces, dont on sait qu'elles sont longues et coûteuses à produire sur les engins modernes. Nous le savons bien, demain nos engins blindés modernes seront peut-être aussi difficiles à soutenir que nos hélicoptères modernes !

Alors, évidemment pas de victoire possible sans une forte logistique.


Pour autant si la logistique permet de ne pas perdre, elle ne suffit pas pour gagner.

A tous les niveaux, stratégique, opératif, tactique, les chefs pensent manœuvre ET logistique.

Bref, cette assertion de Bradley nous induit en erreur car nous ne pouvons pas opposer logistique et art tactique.


Alors, comment ne pas en tirer des leçons dans nos équilibres capacitaires ? Au moment où on parle de rééquilibrage dans les investissements pour pouvoir durer plus longtemps, pouvons-nous prendre le risque de diminuer le format de nos instruments de combat pour financer de la logistique ?

On le sait bien, il est extrêmement difficile de revenir sur une « réduction temporaire de capacité ». Quand nous perdons une capacité, nous perdons souvent l'expérience humaine qui l'accompagne et qui sera quasiment impossible à rétablir.


Il faut craindre les slogans du type « plus concentré, plus réactif, plus apte à durer ». Souvent cela correspond à moins d'ambition.

Fabrice Bindner

Senior technical trainer

1 ans

Pendant des décennies l'externalisation du soutien nous a été présentée comme LA solution et ceci particulièrement dans l'ALAT. Combien de fois j'ai entendu nos chefs mécontents de leurs mécaniciens... Qui dans l'ALAT a fait une "brillante carrière" dans le soutien? Et pour couronner le tout, lors de l'arrivée d'un hélicoptère de nouvelle génération, toujours dans l'ALAT, les "logisticiens" doivent constamment se battrent pour obtenir les moyens nécessaires aux forces pour le soutien opérationnel de ces hélicoptères...

Paul Ortais

Sustainable cities planner and high-end control systems architect - I do not invite without telling why

1 ans

Le maintien en condition opérationnelle (MCO) est une discipline largement sous-estimée par des industriels estimant que leur intérêt commercial est ailleurs. Il commencerait par l'introduction de la testabilité dès le début des développements, pour intégrer aux systèmes une localisation de panne en temps réel. Les mécaniciens sur le terrain ont mieux à faire que de re-démêler à chaque fois la pelote de systèmes complexes, dont la remise en service est vitale.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Bertrand Vallette d'Osia

Autres pages consultées

Explorer les sujets