Un nouveau présentateur virtuel de JT, les 5 étapes d'acceptation des robots, et les autres infos qui changent le travail
Machines autonomes et logiciels intelligents envahissent nos espaces de travail. Résultat? Des emplois disparaissent, d’autres sont créés ailleurs, et les pros apprennent à travailler avec les robots! Pour suivre cette révolution, voici un décryptage bimensuel des meilleures actualités et analyses sur le futur du travail.
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"La Chine veut remplacer ses présentateurs télé par une intelligence artificielle." Cette quinzaine, cette information a fait le tour des médias internationaux. L’agence Chine nouvelle a conçu un programme informatique qui se base sur l’apparence d’un journaliste réel, puis recrée ses expressions et sa voix en fonction des informations.
Ce n’est pas vraiment une révolution, analyse Le Monde, qui présente notamment “Ananova”, une cyber-présentatrice aux cheveux verts lancée en 2000, ainsi que le robot japonais “Kodomoroid”, présenté en 2014 comme la première journaliste androïde au monde. Mais ces deux animatrices n’ont jamais trouvé leur public (Ananova a disparu des écrans en 2004, et Kodomoroid n’a pas présenté un seul JT).
Tout cela rappelle l’emballement autour du robot “Sophia”. Assurément, ses concepteurs savent comment se faire une place dans l’actualité. En novembre 2017, la machine avait déclaré sur la scène du Web Summit: “Nous, robots, ne sommes pas conçus pour détruire. En revanche, c'est vrai que l'on va prendre vos emplois. Mais ce serait une bonne chose.”
L’Usine nouvelle vient justement d’“interviewer” ce robot star. Verdict: Sophia n’est pas plus évoluée que les logiciels de reconnaissance vocale comme Alexa (d’Amazon) et se contente de chercher des réponses sur internet.
Pendant ce temps, des technologies moins sensationnelles, mais pourtant capables de suppléer un professionnel, se développent. On vient ainsi d’apprendre que Google va lancer un assistant virtuel pour les médecins et infirmiers. Tandis que la France s’apprête à faire le grand ménage dans ses données de santé, afin de permettre le développement de programmes intelligents. Le lancement d’un “health data hub”, un guichet unique permettant aux chercheurs de trouver facilement les données, a été annoncé le 12 octobre. En parallèle, une base de données d’images médicales, qui pourrait centraliser les 100 millions d’examens produits chaque année en France, devrait voir le jour au 1er semestre 2019.
Autre exemple, dans le domaine du droit: une IA vient de battre 20 avocats dans le repérage de problèmes dans des contrats commerciaux.
Ces logiciels sont amenés à se perfectionner, vus les fonds investis. Cela fait sept mois que le gouvernement français a lancé son plan à 1,5 milliard d’euros pour développer l’intelligence artificielle dans les laboratoires et les entreprises (voir l’avancée des chantiers ici). L’Allemagne vient de renchérir, avec un investissement de 3 milliards d’euros dans l’IA (d’ici 2025, quand l’enveloppe de la France sera dépensée d’ici 2022).
Une goutte d’eau par rapport aux investissements des groupes de technologie. Samsung vient ainsi d’annoncer son intention de dépenser près de 20 milliards d’euros d’ici 2 ans dans l’IA.
En savoir plus sur: Les présentateurs TV robots - L’Usine nouvelle interviewe Sophia - L’assistant Google pour les médecins (en anglais) - Le “health data hub” de la France - La base de données française d’images médicales - L’IA LawGeex fait mieux que 20 avocats (voir le résumé en français) - L’Allemagne investit 3 milliards d’euros dans l’IA - Samsung investit 22 milliards d’euros dans l’IA.
Ces technologies sont-elles déjà utilisées dans les entreprises? Aux Etats-Unis, oui. Selon un nouveau sondage en ligne du cabinet McKinsey, 47% des Américains interrogés (tous secteurs confondus) déclarent que leur entreprise a développé au moins un outil d’IA.
Mais au fait, comment les professionnels réagissent-ils à l’irruption d’androïdes et d’IA dans leur quotidien? La présidente de Fetch Robotics, une société qui commercialise des robots dans les entrepôts, partage sa vision sur le site du Forum économique mondial. Selon elle, les employés passeraient par cinq étapes: la peur, l’appréhension, la curiosité, la tolérance puis, enfin, la satisfaction.
Les salariés ne resteront peut-être pas aussi positifs, si Amazon commercialise sa dernière invention. Le géant du e-commerce vient de breveter une cage pour protéger les travailleurs côtoyant des robots.
Raison de plus pour se rendre dans un espace de coworking. Selon un rapport remis en septembre au gouvernement, il y aurait dans l’Hexagone 1.800 “tiers lieux” (une catégorie qui inclut espaces de coworking, fablabs et maker spaces). Dans ces espaces, “le travail retrouve son utilité sociale” et “permet de bâtir à plusieurs, de partager des compétences, un réseau, des missions”, vient d’expliquer l’auteur du rapport à Capital.
Or, les salariés commencent à découvrir ces lieux, poussés par le développement du télétravail. Mais “les grands groupes ont peur des tiers-lieux, car ceux-ci bouleversent les relations de travail: lâcher-prise des managers, passage d’un rapport de défiance à un rapport de confiance, instauration de rapports moins hiérarchiques", poursuit l’auteur du rapport.
En savoir plus sur: Le sondage de McKinsey sur l’IA (en anglais) - Les 5 phases d’acceptation des robots (en anglais) - Une cage pour les salariés d’Amazon - L’interview de Patrick Levy-Waitz, auteur du rapport sur le coworking.
Comment se former à l’ère de l’intelligence artificielle? L’économiste Pascal de Lima a identifié 5 stratégies pour éviter de se faire remplacer par une machine. Un article qui a suscité un débat passionné sur l’avenir du travail.
“Les robots ont vocation à rester des outils intelligents”, estime Julien Hoarau, réceptionniste et rédacteur. “Je pense que les machines nous permettront d'avoir plus de temps pour nous, le tout est de savoir les contrôler et surtout s'assurer qu'elles soient accessibles à tous!”, le rejoint Julien Cuenin, développeur web indépendant.
Omar B., conseiller de clientèle dans une banque, répond: “C'est sûr que sans emploi, du temps libre, il va y en avoir. Les plus grandes entreprises investissent dans ce secteur d'avenir avec un seul but: le bien-être de l'humanité ou… la baisse des charges salariales, qui sait?”
“Je pense naïf de croire que l’IA restera cantonnée aux tâches participant à la libération de l'homme et à son bonheur”, considère Yves Cardonne, retraité. Eric Weisslinger, consultant en informatique, conclut: “L'IA est parfaite pour créer du progrès, mais les garde-fous seront indispensables, individuellement et collectivement."
Toutes les deux semaines, nous demandons à un acteur de la révolution du travail ce qu’il conseillerait à son fils ou à sa fille de 10 ans, concernant sa future carrière. Voici la réponse de Damien Desbordes, journaliste et auteur de Les Robots vont-ils remplacer les journalistes? (Plein jour).
“Chère hypothétique tête blonde, si demain tu dois grandir et spécialiser tes fonctions, envisage d’abord de ne pas le faire. Demeure indéterminé. Ça te va bien de butiner. A 10 ans, tu as l’impatience de ceux qui ne deviendront pas fous. Ce sera ton plan de carrière. Tu comprends, tout bouge si vite. Affranchissement utopique du travail ou effondrement généralisé, demain est une page blanche dans le roman de science-fiction qu’est le 21e siècle. Reste indécis, petit. Et curieux. Goûte à tout ce qui s’offre. N’arrête jamais d’apprendre. Apprends à apprendre.”
Un podcast: Le Journal de la philo, sur France Culture, présente le dernier livre d’Eric Sadin, L’Intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle: anatomie d’un antihumanisme radical (L’Echapée). Comme son nom l’indique, l’ouvrage questionne l’obsession de notre société pour l’IA.
Un autre podcast: Comment les entreprises s’emparent-elles de l’IA? Jean-Laurent Poitou, directeur exécutif Europe d’Accenture Applied Intelligence, a répondu à cette question pour un contenu sponsorisé de Slate.
Un livre: Ama est une jeune professionnelle qui vit en 2025. Dans La Transformation digitale des entreprises (La Découverte), Aurélie Dudézert décrit son quotidien dans un monde sans salariat ni bureaux.
Cet article est un condensé d’actualités et analyses sur le futur du travail datant des deux dernières semaines. Les informations et études citées sont issues de sources reconnues et vérifiées, que vous pouvez consulter en cliquant sur les liens dans les paragraphes “En savoir plus sur” ou dans le texte.
Photos et vidéo: News China TV - United States Patent and Trademark Office
Fondateur et coach chez Mesnil
6 ansle paradoxe c'est le développement à cadence infernale de ces technologies mais dans le même temps l'humanité va sortir dans les 10 ans de l'ère du pétrole (voir le rapport de l'agence internationale de l'énergie) et la disparition de 80 % des emplois qui sont somme toute futiles....ce sera le retour aux champs .....sans le pétrole, c'est la France de Napoléon :-)
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6 ansbonjour, moi je suis tout à fait contre les robots dans n'importe quel domaine. ex: si je rentre dans un hôtel et que je suis accueillis par un robot - je sors directement et je veux être remboursée illico presto. évidemment si je le sais à l'avance je ne réserverai pas.
Fondateur et coach chez Mesnil
6 ansOn doit se projeter....dans 5, 10 ans....la robotique et l'IA vont remplacer les travailleurs comme avant l'arrivée de l'informatique, et SURTOUT du pétrole....cela dit le pétrole c'est fini dans 10-20 ans et ce sera le retour aux champs et tout fait main ....etes-vous prets ?!