Les Marquises, au bout d'un monde.

Les Marquises, au bout d'un monde.

Cap à 1500 kilomètres au nord-est de Tahiti, aux confins de l’océan, vers six petites îles habitées au milieu de la houle du Pacifique : les Marquises. Magnifiquement isolées, nous avons décidé de passer une petite semaine sur chaque île pour les découvrir lentement. Moins visitées, d’accès parfois complexes, elles recèlent une langue et une culture propre, des côtes âpres et sans lagon, une végétation touffue frappée par des vents marins puissants. Le tourisme balnéaire n’a pas sa place ici et l’archipel s’est toujours opposé aux complexes hôteliers. Les riches visiteurs parcourent la tombe de Brel et les vestiges culturels en quelques jours, trois petits tours et puis s’en vont cocher les Tuamotu, les Australes ou les Gambier.

A deux, logés en petites pensions ou chez l’habitant, nous nous posons, curieux et interrogateurs. Et rencontrons un peuple tatoué, amoureux et souffrant de leur insularité extrême. « Kahoa » les métropolitains, merci de venir découvrir nos îles et notre culture unique. Pour cela, nous avons choisi de randonner sur des sentiers broussailleux et luxuriants, de profiter d’escapades marines rocambolesques, de déguster poisson coco et mangues fraîches, de partager les préparatifs chantés et dansés du festival des Marquises…  

Hiva Oa, Fatu Hiva, Tahuata, Ua Pou, Ua Huka, Nuku Hiva sont des îles de caractère où la vie est douce et dure à la fois.

Hiva Oa où nous nous « acclimatons » en vélo, à pied, en voiture et bateau. Brel et Gauguin ont trouvé là, la sérénité créative.

Fatu Hiva la secrète, la baie des vierges, après quatre heures de mer hachée et un retour incertain.

Tahuata, un peu gâchée en sortie collective et superficielle.

Ua Pou avec ses pics majestueux, ses artisans, ses soirées d’Haka farouches et de chants féminins bienveillants.

Ua Huka, la nage au milieu des raies mantas, les récits de Maurice et Delphine, les chevaux en liberté, les cratères ouverts sur l’infini bleuté.

Nuku Hiva, ses plateaux d’altitude, ses chemins engagés, le lagon protégé, les langoustes dégustées et le salut de la tortue comme dernier témoignage émouvant de nos rencontres.  

Ici le tourisme restera confidentiel, trop loin, trop cher, trop roots. Il y a bien sûr les « voileux », tour du mondiste à la marge et le passage mensuel de l’Aranui, déversant les bienfaits du monde et sa panoplie de touristes assoiffés d’artisanat. Il y a surtout les Marquisiens qui rêvent de l’ailleurs : études à Papeete ou périple d’une vie en métropole pour les plus chanceux. Puis au choix, expatriation pour certains, retour au bercail, aimantés par leur île, pour d’autres. Pour les revenants, s’ouvre une vie de coprah, de cultures agrestes, de pêche, d’artisanat en petite quantité, juste prélèvement pour vivre. Retour à la langueur insulaire, à la douceur moite, au cocon dominical de l’église du village qui atténue la douleur du tatouage, les cris gutturaux des hommes, la force de l’océan, les rires sardoniques des anciens guerriers tiki.

Poussière d’îles perdues. Les pirogues s’en vont vers des îles aux oiseaux et d’autres mondes fantasmés. Nous nous sommes invitées quelques jours, en randonneurs émerveillés, appréciés ou honnis par notre passage ?

« Veux-tu que je te dise ? Gémir n’est pas de mise aux Marquises » Jacques Brel

Sandra Dubos

Investment Director Green Tech Industry Fund

1 ans

Voyage par télépathie, merci..... C'est pour ça que je ne te vois pls à la Galoche ;)

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