Les Musées de mode, la nouvelle folie des grandeurs? @HuffingtonPost
Il est loin le temps où les maisons de mode se contentaient d'expositions temporaires célébrant, le temps d'une saison, leurs designers stars et le travail de leurs ateliers. Désormais, les géants du luxe veulent rester en haut de l'affiche et pour ce faire, bâtir des musées à la hauteur de leurs légendes. Dernière annonce en date : deux musées consacrés à l'œuvre d'Yves Saint Laurent qui devraient ouvrir leurs portes à l'automne 2017. Le premier à Paris et le second à Marrakech. Une initiative qui emboite le pas à celles déjà entreprises par les maisons Gucci et Ferragamo à Florence, Christian Dior en Normandie ou Balenciaga à Getaria (Espagne). Ou quand les mastodontes du luxe rêvent de gloire éternelle.
A l'heure où les expositions mode bourgeonnent dans les hauts-lieux de la culture - actuellement « Fashion Forward » au Musée des Arts Décoratifs à Paris, « Undressed : A Brief History of Underwear » au Victoria and Albert Museum de Londres ou « Is Fashion Modern ? » qui s'annonce au MOMA de New-York pour 2017- certains géants du luxe inversent la formule. C'est le cas pour la maison Yves Saint Laurent qui, non contente de faire déjà les gros titres avec le départ de son designer star Hedi Slimane remplacé au pied levé par Anthony Vaccarello, annonce l'ouverture simultanée de deux musées dédiés à l'œuvre du célèbre couturier. Façon doublé gagnant ? Pas seulement. On peut aussi y voir le trait d'union entre deux villes indissociables de l'œuvre et de la vie du couturier : la première où Yves Saint Laurent et Pierre Bergé ont bâti leur empire, et la deuxième, source d'inspiration du couturier et ville d'adoption des deux hommes. Aux manettes de ce double projet : Pierre Bergé, le - paradoxalement - célèbre homme de l'ombre. Il faut dire que depuis 2004, via la Fondation Yves Saint Laurent, l'homme d'affaires a recensé plus de cinq mille pièces Haute Couture et quinze mille accessoires de mode (sans compter les photographies, les croquis et autres articles de presse), soit plus de quarante années de mode de (très) haute volée. Reste à préciser que, visionnaire ou archi-conservateur, c'est Yves Saint Laurent himself qui entama ce travail d'archivage à ses débuts (des croquis originaux aux prototypes qui ont défilé) qui permet aujourd'hui de présenter une collection sans équivalent dans le milieu de la haute couture internationale. A Paris, c'est dans le cossu seizième arrondissement, 5 avenue Marceau au siège de la Fondation éponyme et adresse historique de la maison de couture, que le musée ouvrira ses portes. Ici scénographe et décorateur ont « poussé les murs » de la Fondation pour doubler l'espace d'exposition. Cerise sur le baba : les visiteurs pourront découvrir les anciens salons de Haute Couture ainsi que le studio de création d'Yves Saint Laurent - histoire de palper un peu de l'âme de la maison, directement à la source. Autre ville, autre histoire. A Marrakech, c'est à quelques encablures du Jardin Majorelle (Saint Laurent et Bergé ont redoré son blason dans les années quatre-vingt et le Jardin accueille aujourd'hui plus de 700 000 visiteurs par an), que le Musée Yves Saint Laurent verra le jour, rue Yves Saint Laurent. Au menu, un musée de 4000m² qui comprendra : un espace d'exposition permanente présentant l'œuvre d'Yves Saint Laurent, une salle d'exposition temporaire, un auditorium, une bibliothèque de recherche. Coût estimé de l'opération : quinze millions d'euros.
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