Les réseaux sociaux ou l’art de la mise en scène
Facebook s’est engagé dans nos vies. Comme une drogue, consulter les actualités de sa Timeline est un réflexe quotidien. Que ce soit dans l’ascenseur, dans la rue, dans le bus, ou au restaurant avec ses potes, le réseau social créé par Mark Zuckerberg a su se rendre très vite indispensable. Mais dans le fond, à quoi ressemble Facebook ? Lui prête-t-on véritablement un intérêt légitime ?
Parmi la pléthore de réseaux sociaux qui existent désormais, que même les plus aguerris du social media ne peuvent pas toujours soupçonner leur nombre, Facebook et Instagram restent les favoris des groupies, ou tout du moins de ceux qui aiment afficher leur existence. Vulgairement, et par opposition, on dira que Twitter est réservé à ceux qui disposent d’un capital culturel plus important que la moyenne, d’où peut-être la raison à ce qu’il y ait moins d’actifs. Mais là n’est pas le sujet. À bon entendeur.
« Le besoin constant de remplir son existence à coup de filtre gagne du terrain parmi les jeunes générations. On veut être quelqu’un, à défaut d’en devenir. »
Personal branding : l’internaute devient son propre produit
Que ce soit à proximité d’une plage corse à l’eau turquoise… La vision alléchante d’un bagel entre amis dans un chic resto parisien… L’ambiance fumante d’une boîte de nuit accompagné de deux jolies filles… Des images idylliques sous fond de paradis circulent en quasi-permanence sur le journal de notre réseau social. Facebook et Instagram pourraient se résumer à ça : des mises en scène de soi pour faire envie à vos amis. L’internaute devient un produit que chacun façonne comme bon lui semble.
Mais le fléau qui frappe ces deux réseaux sociaux va au-delà de la simple publication. On montre de sa vie que ce qu’il y a de bien, et surtout on montre de sa vie ce qui doit être important de voir. Les réseaux sociaux populaires ont érigé un trône où l’image est reine. Il convient de montrer aux autres que votre vie est cool, ou en tout cas plus cool que celle des autres. Le besoin constant de remplir son existence à coup de filtre gagne du terrain parmi les jeunes générations. On veut être quelqu’un, à défaut d’en devenir.
« L’internaute devient un produit que chacun façonne comme bon lui semble. »
Alors oui, les photos de piscines à débordement, celle de cocktails face à la mer, ou encore des selfies coquins avec le DJ beau gosse de la boîte de nuit pullulent sur la toile devant les yeux souvent ébahis et jaloux de nos voisins sociaux. Ces avertissements provoquent des guerres psychologiques virtuelles sous fond de jalousie et entraînent avec elle de nouvelles surenchères. La théorie du mieux-que-les-autres gagnent du terrain.
Toutefois, au-delà de nous l’idée de ne pas tarir d’éloges ces excellents outils de partage, aussi indispensables soient-ils à notre quotidien, et qui sont devenus d’indispensables canaux de sociabilisation. Bref.
« Facebook et Instagram sont devenus ces ateliers virtuels de mise en scène, artisan à la fois d’une folie exhibitionniste à un culte de la personnalité teinté de narcissisme. »
Du réseau social au drame social
Mais derrière ces images au profil d’idéal se cache hélas un grossissement de la réalité. Cette impression de perfection gonfle l’effet de solitude face à la mise en scène de la sociabilité des autres. Considérant que la solitude dépend fortement de ce qu’on nous met sous les yeux, on ne peut qu’imaginer les drames sociaux qu’égrainent le web, — et ce à l’instar de tous les mannequins photoshoppés qui nous font croire que toutes les filles doivent ressembler à des avions de chasse.
L’individu est automatiquement influencé et inspiré par les médias qui nous entourent. Les réseaux sociaux sont devenus les médias des nouvelles générations sur lesquelles il apparaît vital de calquer sa vie sur les paradigmes que nous dictent la société. C’est donc devant des amis heureux qui capitalisent le bonheur à l’avant d’un bateau qu’on dévalorise son capital social. C’est au fond, en tout cas, ce que vos amis veulent vous faire croire, aussi alarmant soit-il.
Derrière sa trame idéaliste, Facebook et Instagram sont devenus ces ateliers virtuels de mise en scène, artisan à la fois d’une folie exhibitionniste à un culte de la personnalité teinté de narcissisme.