Les salariés « Boomerang » pour ou contre ?

Les salariés « Boomerang » pour ou contre ?

Depuis l’après-Covid, les entreprises ont été confrontées, au niveau des ressources humaines, à une double difficulté : l’accélération du turnover et la difficulté à recruter. Un phénomène s’est amplifié : les salariés « Boomerang ». Au moment du Covid et un peu après, certains sont partis sur un « coup de tête » pour trouver une nouvelle vie, inventer un monde nouveau pour, au final, se rendre compte quelques temps après que finalement cette nouvelle vie rêvée n’était pas si géniale que ça et que de nouvelles difficultés apparaissaient. D’autres ont été séduits par des offres en 100% télétravail, mais la coupure du lien social et des « vraies » relations avec les collègues étaient un carburant indispensable à leur fonctionnement quotidien. D’autres ont pu constater que finalement l’herbe n’était pas plus verte ailleurs (voire qu’il n’y avait pas d’herbe) pour réaliser finalement que le poste précédent était meilleur. 

Personnellement, je suis assez admiratif de ces personnes, car il faut avoir cette intelligence de le reconnaître personnellement et le courage de l’assumer ensuite. Un certain « orgueil mal placé » peut en bloquer plus d’un. 

C’est aussi un exercice sur lequel les patrons sont assez partagés. Au cours de mes échanges avec des dirigeants, je constate globalement que c’est du 50% pour, 50% contre. De notre côté, chez MV Group, nous avons fait le choix de ne pas nous l’interdire, mais de ne pas le systématiser non plus, car c’est avant tout une histoire humaine. 

Tout dépend de la relation qui a été créée (le plaisir d’avoir fait un bout de chemin ensemble), de l’attachement humain, des qualités professionnelles développées, et de la qualité de la séparation, du délai de prévenance, des circonstances, des échanges à ce moment-là, de la qualité de la passation. En gros, si la personne est partie « propre ». 

Et pour réintégrer, encore faut-il avoir le poste correspondant aux compétences proposées. 

Mais par retour d’expérience, dans le groupe, nous en avons à peine une dizaine, nous vivons globalement réciproquement une 2ᵉ belle histoire, mais pour se faire, il faut être 2.


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J’ai essayé de lister les avantages et les inconvénients de ce phénomène.

Les Avantages :

  • Partage des valeurs de l’entreprise :

Le salarié connaît l’entreprise, ses valeurs. S’il revient, c’est qu’il les partage totalement, ce qui en fait un très bel ambassadeur.

  • Réduction des coûts de recrutement :

En général, son recrutement est beaucoup plus rapide et ne suit pas le processus habituel.

  • Rapidité de l’intégration :

Là encore, s’il n’est pas parti trop longtemps, sa réintégration est plus rapide, et il est plus vite opérationnel dans ses missions.

  • Meilleure Fidélité :

Ces salariés sont allés voir si l’herbe était plus verte ailleurs, ont constaté que ce n’était pas forcément le cas. Ils sont généralement beaucoup plus fidèles ensuite et reconnaissants de la part des managers ou de l’entreprise de leur avoir redonné une chance.

  • Un nouveau Regard :

Leur « autre expérience » leur a permis de découvrir d’autres méthodes, fonctionnements, processus, et apporte une plus grande diversité et une prise de recul.

  • Bon exemple et Boost pour les équipes :

Le retour d’une personne partie adresse aussi un message aux personnes en place qui pouvaient cogiter, pour se rendre compte, par un témoignage de collègue, que tout ne se passe pas totalement comme promis : des missions différentes, des promesses non tenues, des variables de salaires non touchées, une culture d’entreprise bien différente, des absences de réponses, des méthodes de management désagréables, etc. Les raisons peuvent être très nombreuses.

Mais tout n’est pas si simple, car il y a aussi des inconvénients.

Les Inconvénients :

  1. Risque de reproduction :

Les salariés peuvent se dire : c’est cool dans la boite, éventuellement je peux aller saisir une opportunité et ils pourront me reprendre.

  • Gestion du changement :

Le départ d’un collaborateur est aussi souvent l’occasion de voir que tout n’était finalement pas au top. Il peut y avoir des choses à changer, et entre-temps, l’entreprise a continué à avancer, et parfois vite. Il va falloir s’adapter aux nouveaux fonctionnements mis en place.

  • Faire une réintégration spécifique :

Les choses sont différentes. On se connaît, mais à l’inverse, on ne peut pas faire comme s’il ne s’était rien passé non plus. Les choses doivent être claires et dites pour poser de nouvelles bases solides.

  • Impact sur la diversité des équipes :

On va essayer de faire du neuf avec du « vieux », alors que chaque changement est aussi pour l’entreprise une opportunité de recruter de nouvelles compétences qui viennent d’horizons différents et qui peuvent apporter beaucoup par ce nouveau regard.

  • Stagnation Culturelle :

C’est le danger de « l’entre soi », et du manque de « sang neuf » dans une équipe, qui bloque involontairement l’innovation, le dépassement et fait stagner l’entreprise.

  • Difficultés pour les équipes :

Si une équipe a une belle dynamique, le risque est de casser cette dynamique. L’élément clé est la qualité relationnelle et l’intégration que pouvait avoir ce salarié.

En identifiant ces avantages et ces inconvénients, on comprend facilement qu’il n’y a pas une solution à être totalement pour et totalement contre. Comme souvent, c’est dans la nuance et selon les cas spécifiques. C’est ce que nous nous appliquons chez MV Group en prenant tous les éléments en compte, mais au final, c’est avant tout la relation humaine qui s’est créée entre une personne et son manager ou une organisation qui sera le meilleur moteur pour se retrouver. Un point en revanche est certain et je pense que tout le monde se retrouvera dessus, une personnalité compliquée, des divergences sur les valeurs, ou un départ pas clean sont totalement rédhibitoires à tout retour dans l’entreprise.

Et vous, dans votre entreprise, quelle est la stratégie sur les salariés « Boomerang » ? 

Dalila Guillot

Dirigeante d'ETF Coaching 🍀 Secrétaire Générale de la Fédération Européenne de Coaching (past) 🍀 Coach professionnel certifié et accrédité EQA🍀 Superviseur certifié et accrédité ESIA🍀 Conférencière 🍀 Business Angel

8 mois

"ça s'en va et ça revient, c'est fait de tous petits rien..." - Effectivement cela présente des avantages et plus que des inconvénients, des risques et ce, des deux côtés, et qu'il convient d'avoir à l'esprit pour les minimiser. Je te rejoins Olivier sur le "courage", pas forcément sur "l'erreur". Quitter une entreprise n'est pas forcément une erreur et contribue fortement à l'accomplissement de soi dans bien des situations! L'entreprise est une organisation vivante tout comme le salarié qui la quitte et qui revient! Les deux vont donc évoluer, grandir, apprendre, changer, avoir de nouvelles aspirations.... Tout l'enjeu est que les deux parties aient conscience de cela pour démarrer une nouvelle aventure et non pas essayer de reproduire une situation passée qui n'est intact que dans les souvenirs)! Le partage des valeurs, comme tu le soulignes est en ce sens un facteur fortement aidant! Pour certaines entreprises, ce phénomène boomerang est encouragé, et constitue même parfois un levier de promotion interne (se mettre en meta pour mieux analyser son organisation!). Au plaisir d'en échanger avec toi! Petit clin d'oeil à la bouille de la photo qui ne m'est pas inconnue! 😉

Roger DUBUS

DIRECTEUR des RESSOURCES HUMAINES en Management de transition disponible Mars 2025 sur un rayon 100 km autour de Lille jusqu'en Région Parisienne si les frais de vie & déplacement pris en charge en plus du TJM

8 mois

Merci d’avoir publiéOlivier Meril il est de plus en plus fréquent en effet de voir revenir des salariés qui ont quitté...la règle rencontrée la plus équitable à mon avis pour éviter l'effet inflationniste était la reprise au niveau du salaire lors du départ ...bien à vous Roger

Chloë Racaud

Product Owner / Consultante fonctionnelle #AMOA #consulting #facilitation #agile #ProductOwner #PO #agilite

8 mois

Merci Olivier Meril pour ce partage et la découverte ! 😊 J'ai plusieurs questions si cela n'est pas indiscret. - Avez-vous, à l'échelle de MV Group, un ratio du nombre de salariés concernés (sous-entendu est-ce plutôt répandu ou rarissime) ? - Avez-vous une tendance commune des motivations de départ (ou tout du moins une traçabilité) et donc derrière un suivi et un process d'amélioration pour diminuer voire gommer ces motivations ?

Claire Hardy

En recherche active Responsable RSE, manager développement durable, chef de projet transition écologique Rennes / Paris

8 mois

Merci pour cette analyse intéressante, Olivier. Je suis curieuse de savoir si cette tendance des salariés boomerang est vraiment répandue dans les entreprises actuellement ou si elle se rapporte à certains secteurs en particulier. Pour compléter ce que tu as dit, je vois dans le fait qu’un ancien employé souhaite réintégrer une entreprise, un indicateur fort sur la qualité de vie au travail et sur le volet sociétal. Donc, potentiellement aussi, un bon argument marque employeur.

Anne-Gaëlle G.

Responsable développement et experte en e-réputation chez Immodvisor

8 mois

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