Les sanctions contre la Russie sont contre-productives (extrait)

La confrontation autour de l’Ukraine et de la Crimée ne correspond pas à une logique de guerre froide qui opposerait l’Occident à la Russie. Elle témoigne de la dégénérescence de la rivalité entre les zones régionales de l’Union européenne et de l’Eurasie, au point de contact de la Russie, en une guerre économique et paramilitaire. Sa violence est proportionnelle au fort degré d’interdépendance de ces deux zones.

L’élargissement de l’UE repose sur les valeurs du libre-échange pour garantir la sécurité collective et promouvoir un projet civilisationnel fondé sur la paix démocratique et libérale. Mais l’élargissement simultané de l’OTAN, sans intégrer la Russie, a provoqué un retournement dans l’UE où la politique sécuritaire est devenue la garantie du développement socio-économique. Les déclarations des Occidentaux sur le retour de la Crimée à l’Ukraine afin de lever les sanctions économiques résonnent étrangement.

Selon un sondage conduit par Rating Group Ukraine en octobre 2016, seulement 5 % d’Ukrainiens considèrent le retour de la Crimée comme une priorité. Une position défendue par l’oligarque Viktor Pinchuk, défenseur de la neutralité de l’Ukraine. Certes, le retour de la Crimée à l’Ukraine permettrait la suppression d’un casus belli à venir dans les prochaines décennies. Mais il ne s’agit pas d’un point de départ pour négocier. N’étant pas une priorité pour l’Ukraine mais une provocation pour la Russie, cette condition fragiliserait davantage les accords de Minsk, aggraverait la guerre économique dont souffrent l’UE et la Russie et désintégrerait l’Ukraine qui est déjà un Etat failli.

L’Inde discrète, la Chine floue

Malgré une large condamnation par l’ONU de l’annexion de la Crimée, la Russie ne plie pas. La raison en est que ses partenaires refusent de faire pression. Le calcul de Moscou sur la construction d’une troïka Russie-Inde-Chine, au moyen de l’intégration économique et de la coopération militaire, s’est donc révélé assez juste. Si l’Inde est discrète, la Chine reste floue. Certes, les banques commerciales mettent parfois des barrières plus strictes qu’en Occident. Mais les banques institutionnelles ont investi 12 milliards de dollars dans le projet de gaz liquéfié de Yamal en Sibérie. Très symboliquement, l’entreprise d’Etat Hengtong Group a déroulé...

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