Les sept Nains étaient-ils vraiment 7 ?
Voulez-vous connaître ce qui est réellement (!) arrivé à Blanche Neige (et les X Nains) ? Voici un premier extrait : "La naissance de Blanche Neige" ; et comme disait Eugène Sue "demandez la suite".
Blanche neige et les sept nains… (quoique)
Autre conte des frères Grimm publié en 1812 dans Contes de l’enfance et du foyer.
Les voilà les fameux sept nains ; ils ont tous les défauts et certaines qualités… mais sans doute pas celles et ceux du XXI ième siècle.[1]
La naissance de Blanche Neige.
— Dis mon roi, on va l’appeler comment notre enfant ?
— Maurice 2 évidemment !
— Oui, forcément, le fils de son père… mais toutefois… si…
— Si quoi très chère ?
— Si jamais c’était une jolie petite fille ?
— Ah non !! pas une pisseuse !
— Oui, bien sûr… malgré tout ce sont des choses qui arrivent… alors donc, on fait quoi ?
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— Dans l’éventuelle probabilité négative où vous accoucheriez d’une femelle ma reine… ben, je vous laisse le choix du nom… peu me chaut, peu importe !
— Ah bon, d’accord… merci !
Ainsi la reine Marguerite se retira dans son boudoir un peu boudeuse, s’assit devant sa table à poudrer et se laissa happer par une réflexion rêveuse.
Son esprit murmurait : « Isabelle… non, trop commun. Marie… non, trop classique. Marguerite, démodé ! Blanche… ouais, sympa mais faut pas que ça fasse lessive !... voyons, Blanche-Neige… pas mal ! » La reine s’imagina une petite fille tout en contraste : très brune comme elle, de grands yeux comme le roi.. et, et, la sieste l’enroula dans ses bras.
Quelques temps plus tard… (ce que l’on ne raconte pas aux enfants).
Les accouchements au château c’était « pas vraiment ça » il y a deux cent ans. Bien sûr, car c’était la logique de l’époque, « on n’allait quand même pas aller avec le commun et les filles de mauvaise vie à l’hôpital »… En attendant on préparait ici un baquet d’eau chaude, de la charpie, et deux femmes pourvues d’expérience : mesdames Pery et Dural — et appelées pour cette raison « sages femmes » — tentaient de rassurer la reine Marguerite qui souffrait le martyre… ah ça pour « enfanter dans la douleur » comme on lui avait enseigné au cours de sa vie ! Enfin bref, l’enfant ne se présentait pas par le siège, c’était déjà ça ! On attendait une tête et l’on vit des petits pieds… tiens tiens ! C’était une fille ! « Bon faut finir le boulot » dit dame Péry … « Je crois qu’on perd la mère » répondit dame Dural les mains couvertes de sang royal (rouge aussi) jusqu’aux coudes ! « Apportez l’eau chaude et les compresses » renchérit dame Péry ; « emmaillotez l’enfant » ordonna dame Dural qui coupait le noble cordon de la princesse qui de son côté émettait un petit cri discret. La reine Marguerite eut un moment de répit ; on lui montra l’infante toute enserrée dans les bandes de gaz façon momie. On apercevait encore une boucle brune sur un front crémeux… puis un bonnet de laine vint enfouir le tout. La jeune maman exhala un soupir de satisfaction, mais ce fut aussi le dernier. On lui présenta les sels, on lui massa le cœur, rien n’y fit ! Exit la reine, ad patres !
Le roi faisait les cent pas dans un couloir passant et un page lui passait l’éponge toutes les deux minutes. Enfin la porte s’ouvrit : les mines de Pery et Dural n’en menait pas plus long que large et le roi balbutia d’un air grave : « l’en… l’enfant !? » ; « oui oui » dit Péry(cultrice) ; « la… la reine !? ; « non, non » avoua Dural(ex-sage-femme) tête baissée, incapable d’affronter le regard implorant et bientôt furieux du roi Maurice 1°, qui fit volte face vers le page de garde qui le reçut dans ses bras musclés et néanmoins poilus.
Le souverain crut mourir de chagrin, son peuple souffrit en se lamentant pour la famille royale (et les marchands de mugs s’étranglèrent de ne rien vendre). Au bout de trois jours le grand chambellan osa toquer à la porte du bureau du roi ; d’abord il fallait procéder aux obsèques de la reine dont le corps était exposé dans la cathédrale Notre-Dame-Sainte-Gwendoline-du-rocher ; « organisez ! » dit le roi ; ensuite il fallait donner des instructions au sujet de la princesse et organiser son baptême pour la protéger du Malin. Le roi sembla se souvenir de l’enfant, fit un effort de concentration pour répondre : « demandez aux dames de compagnie de feue reine Marguerite si elle leur avait confié le choix d’un nom ». Ce qui fut fait ! La chambrière ayant retrouvé un carnet griffonné confia au chambellan que la reine avait (apparemment) choisi le nom de Blanche Neige…
Le roi dit : « mouais »… « et comme on est en janvier mon bon peuple comprendra… »
Il sortit suffisamment de sa torpeur douloureuse au bout de deux jours. Au cours de la Grande messe à la cathédrale le roi se pencha sur le cercueil de sa femme et murmura : « Marguerite ce n’est plus toi… », puis se tourna vers sa fille présente dans un landau au premier rang pour lui dire : « c’est la fille d’un roi »[2] !
[1] C.f. Annexes.
[2] Emprunts à Faust de Charles Gounod* ; et ici en l’occurrence : l’air des bijoux.