Les sodas édulcorés augmenteraient la faim chez les femmes et les personnes vivant avec l'obésité

Points clés :

• Les boissons édulcorées au sucralose augmenteraient la faim (en comparaison aux boissons sucrées ou à de l'eau) chez les femmes et les personnes vivant avec l'obésité (en comparaison aux hommes et aux personnes sans désordres pondéraux).
• Les niveaux des hormones de la satiété sont aussi plus bas chez les personnes consommant cet édulcorant privant le corps de sa capacité à réprimer la faim durant un repas
• La consommation d'édulcorant semble donc dérégler les mécanismes de la faim et du control nutritionel causant une plus grande prise alimentaire chez les femmes et les personnes en situation d'obésité

C'est une belle journée d'été, vous êtes sur une terrasse avec des amis, le soleil est au zénith lorsque vous vous apprêtez à commander votre plat pour le diner. Après avoir indiqué vôtre choix, le serveur vous pose la question qui succède systématique à toute commande :

Est-ce que vous voulez quelque chose à boire pour commencer ?

Vous le savez, puisqu'on vous le rabâche à longueur de journée, l'abus d'alcool et les boissons sucrées ne sont pas recommandés. Soucieux.se de ne pas reprendre les quelques kg perdu lors de cette belle saison estivale avant le redoutable retour de l'hiver et la faim qui accompagne les rudes journées hivernales (sans parler de la dépression saisonnière qui guette !) : vous demandez une citronnade pétillante édulcorée avec glaçons.

Après tout, c'est le même gout, agréable et frais sans le sucre, sans les calories : le plaisir sans culpabilité et sans conséquence comme vous le répètent ces publicités à la TV (ou sur Tiktok) !

D'après les auteurs d'un essai croisé randomisé publiées dans le JAMA network open les effets de ces édulcorants sur notre corps ne seraient pas si anodins.

Le sucralose augmenterait la sensation de faim chez certaines personnes

Les auteurs de cette publication ont mesuré la réaction à la consommation de sodas allégés (en comparaison à des boissons sucrés ou à l'eau) chez 74 participants en regardant par IRM l'activation des parties du cerveau liées à l'appétit et aux fringales. Ils ont aussi mesuré la glycémie (sucre dans le sang) et les hormones qui peuvent stimuler la faim et suivi la quantité de nourriture consommée par les participants à une table de buffet ouvert.

Leurs conclusions soutiennent celles d'un nombre conséquent d'études antérieures : les boissons édulcorées notamment au sucralose (en comparaison à la consommation de boissons sucrées ou à de l'eau) semblent stimuler l'appétit et augmenter l'envie d'aliments sucrés chez les femmes et personnes vivant avec l'obésité. De plus, la consommation de boissons édulcorées semble aussi diminuer les niveaux des hormones contrôlant la satiété privant alors le corps de sa capacité à réprimer la faim durant un repas.

Une des hypothèses expliquant cet effet soutient qu'en buvant une boisson au gout sucré, les neurones impliqués dans le circuit de la récompense (oui celui-là même qui vous encourage à reprendre un deuxième beignet pomme-cannelle !) s'attendent à un afflux de sucre. Comme le sucre ne vient pas avec les boissons édulcorées, ces cellules émettent alors des signaux qui vont augmenter l'appétit et encourager des comportements visant à faire venir ce sucre : on mange plus avec un attrait vers les aliments denses en énergie et sucrés !

Inégaux face aux effets des édulcorants sur la faim

Alors que cette réponse existerait chez tout le monde, ces signaux semblent beaucoup plus forts chez certaines participants (femmes et personnes en situation d'obésité) qui seraient en plus plus sensibles à ces signaux que les hommes et les personnes sans désordre pondéral.

Puisque ce sont en majorité les femmes et les personnes vivants avec l'obésité qui sont encouragés à maitriser leur poids en utilisant les sodas allégés (ou des édulcorants en général), ce seraient donc les personnes qui seraient le plus à la recherche d'alternatives aux aliments sucrés qui seraient le plus affectées par cet étonnant effet des édulcorants sur le cerveau, la faim et les comportements alimentaires. Plus encore, les personnes qui vivent avec l'hyperphagie boulimique ou d'autres désordres nutritionnels impliquant des frénésies alimentaires pourraient voir leurs symptômes s'exacerber en réponse à la consommation d'aliments édulcorés au sucralose.

C'est mieux de prendre un soda sucré alors ?

Pas vraiment. Comme indiqué dans l'article partagé la semaine passée, les apports massifs en sucres libres peuvent être néfastes et promouvoir la prise de masse graisseuse. Le mieux reste encore de consommer de l'eau, plate ou pétillante au choix.

Plus simplement, la prochaine fois que vous vous servez un soda diète après un repas ou en rentrant à la maison après une longue journée, demandez-vous donc si c'est vous ou l'édulcorant de vôtre boisson "diète", "zéro" ou "sans sucres*" qui pousse votre circuit de la récompense à exiger une autre assiette de pates carbonara ou un grand bol de crème glacée brownie triple chocolat caramel salé en dessert !

Source : DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2021.26313