L'esprit de collaboration et le management, construire pour durer ensemble ?
La tête dans le guidon,l'immersion de la personne dans l'activité fait très souvent perdre l'esprit de collaboration, notamment pour le dirigeant ou le manager. Il y a des objectifs à atteindre, qui participent à la réalité présente, et il y a les personnes, employées dans la structure , cette autre réalité, utilisées inconsciemment de manière fonctionnelle.
Cela amène naturellement, c'est à dire logiquement, à des frottements, des murmures,frictions voir grippages dans le fonctionnement.Au mieux des agacements , au pire des clashs humains , puis la crise relationnelle, puis les burn-out respectifs. enfin bref, un beau gâchis qu'on peut éviter en prenant ses responsabilités.
Et pourtant on peut déminer rapidement ces bombes à retardement .Comment?
Si le manager n'est pas et ne doit pas être seulement un utilitariste mécaniste devant juste s'acquitter de sa mission financière, c'est sa bienveillance cultivée qu'il va mettre en oeuvre avec ces petits temps "d'improduction" (quel beau mot froid) dans le regard porté sur chacun et à chacun.Ce temps du regard,substantifique moëlle de l'humain, dans la poignée de main personnelle, le sourire de quelques secondes, la prise de nouvelles personnelles ,la formulation invitatrice plutôt que l'ordre sec ("faites-moi ça..." où tout rapporté à moi) et, quelque soit notre tempérament (plus ou moins vif, plus ou moins enjoué),l'esprit de paix qui doit nous habiter, même quand la structure vit une crise financière ou que c'est le coup de feu pour rendre un appel d'offre.
Illustration en cuisine de restaurant: Le fameux coup de feu , où la tension est palpable, n'est pas un problème dès lors que chacun se sait au service dans l'équipe. Ce moment de stress est accepté comme tel , parce qu'il est temporaire même si récurrent (chaque midi), et qu'il ne met pas en danger l'ambiance générale où chacun y met du sien parce que la satisfaction du client est un but partagé par tous,avec les talents de chacun. C'est finalement du Bien Commun.
Etre vrai- même quand le sourire a du mal éclairer notre visage, rallie, fédère et permet l'union des forces vives.Etre soi-même, se faire violence pour faire la paix.On pardonne un manquement parce qu'il est de l'ordre de l'exception , mais la dureté de coeur , elle, est un manque à vivre trop bête et trop dangereux pour ne pas y faire obstacle.
Si vraiment ça ne marche pas- c'est bien rare- c'est que la situation a pourri depuis trop longtemps, ou qu' il faut se séparer d'un collaborateur toxique car, las trois fois hélas, ça peut aussi arriver.Principe de réalité.
Il faut si peu pour gripper les rouages, mais encore moins pour réunir, et ce dès le départ de la collaboration.Reconnaître le talent de l'autre avec qui je bosse, et non ses défauts qu'il a bien évidemment, tout comme vous au fait !
Le bon esprit est réaliste. Le mauvais esprit est une perversion de la réalité positive.
Une application très symbolique est l'érection d'un mur en pierres sèches, d'où ces photos d'un chantier -auquel je participai activement en 2006 : On part d'un socle existant, là où le mur est indispensable. Je ne choisis pas forcément la fondation existante, puisque le lieu m'est imposé.Mais on va d'abord trier les éléments qui vont constituer le mur: les grosses, les moyennes et les petites pierres.Si chacun travaille de son côté sans avoir l'objectif final, on perd du temps et de la cohésion. Le contrôle est rendu difficile et la tension monte. Au contraire, la subsidiarité est de mise, chacun ayant sa tâche où il va exceller et pas question de prendre la place de l'autre.Les rangées montent, avec tous les éléments constitutifs arrangés selon des règles techniques précises (calages, ajustements précis, poses) des pierres, pour la tenue finale.Le manager, ici le chef d'équipe, assure la cohésion en tenant compte des délais et de l'ensemble.Et ce dans un esprit positif qui permet le bonheur au travail.Et l'édifice est là pour des décennies, avec grande satisfaction des collaborateurs, tant au niveau personnel que collectif.
Si vraiment c'est l'intelligence artificielle qui doit un jour prendre notre place (on lit cela de plus en plus souvent, est-ce un fantasme mécaniste ?) alors il faudra se souvenir de tout ce temps perdu dans le ressentiment entretenu entre les hommes et les femmes qui oeuvrent ensemble.Et c'est toujours le présent qui prépare les lendemains.
le Bien Commun dont il a été question plus haut,n'est-ce pas au commencement de s'accepter les uns les autres pour faire "co-working" dans un but servant collectivement un client ?
Best regards, comme l'écrivent les anglo-saxons !