LEVOTHYROX: Le déballage du n'importe quoi

Depuis quelques semaines, on assiste à une fantastique démonstration de "l'effet nocébo" (inverse de l'effet placebo) avec une réaction en chaîne: association de patient - réseaux sociaux - emballement médiatique, le tout catalysé par une information insuffisante auprès des patients (dans laquelle mes chers confrères médecins gagneraient à s'impliquer un peu plus), et par un fatras de contrevérités prodiguées par des "je sais tout" qui n'ont comme seule source d'information le Parisien ou un blog pour hypocondriaque. La réalité est plus simple: l'ANSM et Merck (Serono, pas l'autre comme je l'ai vu plein écran sur l'excellent BFM!) ont décidé à juste titre de modifier la formule de ce produit, l'ancienne posant des problèmes de stabilité avec le temps, et donc des risques de variations de doses. Il est possible qu'avec cette nouvelle forme, certains patients, plus sensibles, ressentent les effets d'une adaptation posologique (un peu tachycarde, un peu plus "speed", quelques vertiges...) mais certainement pas une embolie pulmonaire ou des choses de ce genre comme je l'ai lu dans le Parisien. D'ailleurs, il suffit de faire circuler l'information qu'un médicament donne un effet secondaire nouveau, même si cela est faux, pour qu'environ 30% des patients qui le prennent le ressente (le fameux effet nocebo). Bref, il fallait juste bien accompagner ce changement par une information rassurante auprès des patients. On se serait évité la sortie de Mme Duperey, ("rendez nous l'ancienne formule!") qui est meilleure dans la promo d'Audika que dans celle de l'hormone thyroidienne. Vous me direz, "il défend l'industrie, c'est un industriel". Certes, mais dans le cas présent je suis aussi médecin...et patient.