LINportant, c'est parti !
Le 14 novembre, à Paris se tiendra l'Assemblée Générale fondatrice de la SCIC LINportant, véritable point de départ d'un projet passionnant :
Fabriquer localement, de manière responsable, des vêtements sains et écologiques, pour tous et tous les jours: des tee-shirts en lin biologique fabriqués en Normandie dans une coopérative d'intérêt collectif.
Localement, ça veut dire...
- Avec une ressource locale: le lin. Parce que la France (Normandie en tête) est le leader mondial de la production de lin (agriculture et teillage pour extraire la filasse). Et parce qu'en fait, c'est la seule fibre qu'on a en grande quantité localement. oui, on a aussi quelques autres fibres en France, mais très ou trop petites quantités. Soie, laines, fils recyclés et même quelques kilos de coton, bientôt chanvre et j'en oublie. Bien entendu, on attend aussi avec impatience l'arrivée de la filière chanvre (cf. un article précédent, ça va arriver, mais il faut encore quelques années)
- Avec un peignage et filature au plus près, en Pologne: il n'y a plus de filature en France et 90% du lin français part en Asie pour y être filé. Safilin a fait le choix, lorsqu'ils ont été contraints de fermer la ligne de production de Lille en 2005, de rester aussi proche que possible, en Pologne, quand la majorité des filatures partaient en Chine. Bien sûr, on est impliqué dans le projet #linpossible et dès qu'on pourra à nouveau filer en France un fil adapté à notre métier, on sera parmi les premiers à s'en servir !).
- Avec tout le reste en France ou en interne. Tricotage sur place, ou en France chez un partenaire les premiers mois au démarrage, puis teinture et ennoblissement chez un partenaire en France, puis coupe et confection en interne.
De manières responsable, ça veut dire...
- Dans une usine ouverte à la visite. Parce qu'on a besoin d'avoir confiance que nos vêtements sont fabriqués par des personnes qui travaillent dans de bonnes conditions. Et rien n'est plus transparent qu'un site industriel que vous pouvez visiter, avec des employés qui parlent votre langue, près de chez vous.
- Dans une entreprise de l'économie sociale et solidaire. Une SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif) met l'intérêt collectif du projet et le long terme, avant l'intérêt des individus, et du court terme. Les bénéfices sont mis en réserve pour renforcer le projet et s'il y en a, les dividendes distribués aux actionnaires sont plafonnés par la Loi. Les décisions sont prises collectivement selon le principe "une personne = une voix" indépendamment du nombre d'actions de chacun. Toutes les parties prenantes sont représentées au Conseil d'Administration (agriculteurs, industriels, marques de mode, salariés, citoyens, collectivités...). Chacun est au service du projet collectif, attentif au bien-être de tous, y compris les plus fragiles.
des vêtements sains, ça veut dire...
Sans résidus de produits chimiques "suspects". Parce que nous voulons pouvoir enfiler un vêtement sans s'inquiéter pour notre santé. Le label GOTS (Global Organic Textile Standard) est le cahier des charges le plus exigeant, qui couvre l'ensemble des étapes de la production, depuis l'agriculture (bio), l'extraction des fibres, la filature, le tricotage, la teinture, l'ennoblissement, la couture, la distribution... chaque étape est contrôlée par un organisme indépendant avec le cahier des charges le plus exigeant sur les quantités autorisées de chaque molécule (oui, il faut être à l'aise avec la chimie pour entrer dans le détail) et une traçabilité sans faille pour éviter les mélanges avec des matières non contrôlées.
Hygrorégulateur et thermorégulateur. Parce qu'un vêtement, ça sert aussi à nous protéger des aléas thermiques et des micro-organismes qui se développent lorsque l'humidité est mal régulée. Le lin, avec ses fibres cellulosique, a la capacité d'absorber une grande quantité de molécules d'eau, par exemple lorsqu'on transpire, et de les restituer ensuite, ce qui participe à la gestion thermique et évite que ces molécules d'eau soient laissées à la disposition des bactéries, ce qui limite le développement des mauvaises odeurs et des germes pathogènes (à la différence des fibres synthétiques par exemple).
Confortables. Parce que l'on a besoin de se sentir bien, de pouvoir bouger librement, et respirer sans aucune contrainte. Le vêtement doit s'adapter aux mouvements du corps. La maille de lin (tricotée comme un tee-shirt plutôt que tissée comme une chemise) apporte de la souplesse et de l'élasticité. C'est le vêtement idéal à porter contre la peau.
des vêtements écologiques, ça veut dire...
Sans plastique. Parce que le plastique (polyester -recyclé ou neuf-, polyamide, élasthanne etc.) se décompose en micro fibres de plastique qui partent dans l'eau à chaque lavage et vont littéralement partout, dans l'eau (il y en au fond de tous les océans), dans l'air (on en respire à chaque instant et il y en a jusqu'au sommet de l'Everest) et dans les sols. Et de là dans tous les organismes vivants. Sans que l'on puisse prévoir les conséquences à long terme, car tout cela n'existait pas en 1970.
en lin Bio. Parce que le lin est la fibre textile la plus écologique (pas d'eau, peu d'énergie) et que l'on cultive du lin sur les meilleures terres agricoles de France, en rotation (une fois tous les 7 ans en moyenne) avec d'autres grandes cultures (céréales, légumes, alimentation du bétail, etc.) et que pour que le lin soit bio, il faut que les champs soient cultivés en bio: S'habiller en lin bio, c'est convertir au bio la Normandie. C'est produire du lait bio et du blé bio (et tout le reste) pour manger du fromage bio avec du pain bio. C'est diminuer les pollutions par les pesticides de l'eau de l'air et du sol. C'est augmenter la biodiversité et re-développer les savoir-faire agronomiques et culturels pour une agriculture moderne et plus résiliente.
certifiés à toutes les étapes et éco-conçus. Parce que chaque étape a un impact qu'il faut prendre le temps de connaître et améliorer et qu'il faut une vision globale pour pouvoir le faire. La connaissance détaillée de toutes les étapes et de tous les acteurs est nécessaire pour comprendre et améliorer l'ensemble des impacts, sur l'eau, l'air, les sols. Sur l'économie d'énergie, de transport, de plastique. Sur l'optimisation des pertes et l'économie de matières premières, sur le bilan carbone... Le label GOTS garantit déjà beaucoup, mais il y a beaucoup d'autre choix qui ont un impact important. Le choix d'un fournisseur d'électricité verte et responsable (Enercoop), le choix de machines et l'optimisation d'un processus de production pour limiter les pertes, etc.
Un vêtement pour tous et tous les jours, ça veut dire...
Un vêtement abordable. Parce que pour pour avoir un impact maximum, il faut que chacun puisse participer et porter nos tee-shirts. Et ça, c'est le plus compliqué, parce que des salariés qui travaillent en France dans de bonnes conditions, ça coûte beaucoup plus cher que des néo-esclaves dans des pays lointains (le salaire minimum au Bangladesh, c'est environ 60€ par mois). Et le lin bio, c'est beaucoup, beaucoup plus cher que le polyester ou le coton OGM. (un kilo de fil de lin, c'est de l'ordre de 15€. Mais on peut arriver à limiter le surcoût, en travaillant de manière industrielle, avec une organisation optimisée, qui permet de "sortir" un tee-shirt en lin bio made in France à partir de 35€ tout en permettant aux boutiques gagner leur vie et
Management de structures associatives, compétences financières, commerciales, RH Chevalier ordre des palmes académiques
5 ansUne belle aventure