L’Intelligence Artificielle à la Croisée des Chemins : Tendre Vers une Ère de Sagesse Numérique
"Bourrez les gens de données incombustibles, gorgez-les de «faits», qu'ils se sentent gavés, mais absolument «brillants» côté information. Ils auront l'impression de penser, ils auront le sentiment du mouvement tout en faisant du sur-place."
Ainsi écrivait Ray Bradbury - en 1953 - dans Fahrenheit 451, température à laquelle le papier s'enflamme et brûle, soit un livre.
A l’heure des réseaux sociaux, cette affirmation reste - Ô combien - d’actualité.
Mon propos est de savoir comment sortir maintenant de cette “naïveté numérique” de cette génération pour reprendre l’expression utilisée par Marc Prensky qui parle des “Digital Natives” devenus “Digital Naives”.
En effet, l'enthousiasme pour les nouvelles technologies surpassait souvent une compréhension approfondie de leurs conséquences. Cette période s’est caractérisée par une adoption précipitée de ces technologies avancées, souvent sans une évaluation suffisante des risques éthiques, sociaux et environnementaux. La fascination pour la capacité de l'IA à transformer les industries, améliorer l'efficacité et créer de nouvelles “autoroutes” de croissance économique a été de pair avec une vision classique et anthropocène du capitalisme . Être comme maître et possesseur de la nature… et des technologies comme aurait pu le dire l’héritier de Descartes aujourd’hui.
Alors comment parvenir à cette forme de “sagesse numérique” ?
Tout d’abord, il nous faut comprendre.
De quoi parle-t-on ? De quoi a-t-on peur ?
Non, l’Intelligence Artificielle n’est pas intelligente et elle n’est pas votre nouvelle ami/e ou confident/e.
Elle est et sera ce que nous en ferons.
Il faut comprendre pour respecter les Limites
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Nul intérêt à avoir peur de l’IA si dans le même temps on “scrolle” à longueur de temps sur les réseaux sociaux en donnant constamment de notre “intimité numérique”.
Cette sagesse numérique implique une reconnaissance des limites de la technologie. Cela signifie comprendre que l'IA, aussi puissante soit-elle, n'est pas une panacée pour tous les défis sociétaux. Elle nécessite une gouvernance réfléchie, un socle éthique solide et une réglementation adaptative pour garantir qu'elle sert le bien commun sans causer de préjudice involontaire.
Éthique et Responsabilité
Une transition vers la sagesse numérique exige une intégration profonde des principes éthiques dans le développement et le déploiement de l'IA. Cela comprend la responsabilité de créer des systèmes transparents, explicables et justes. Il doit y avoir une volonté de garantir une souveraineté numérique, à l’instar de toute autre forme de souveraineté : énergétique, industrielle, militaire et sanitaire.
Éducation et Sensibilisation
La sagesse numérique suppose de reconnaître l'importance de l'éducation et de la sensibilisation à l'IA à tous les niveaux de la société. Cela signifie non seulement former les futurs technologues, mais aussi équiper le grand public avec la littérature numérique nécessaire pour naviguer dans un monde de plus en plus dominé par l'IA. En somme, inventer l’équivalence d’un “permis du numérique” qui nous, permettrait de circuler en toute sécurité sur les autoroute de l’IA..
Innovation Durable
Enfin, la sagesse numérique embrasse l'innovation responsable. Cela signifie poursuivre le progrès technologique tout en restant attentif à l'impact environnemental, en promouvant la durabilité et en veillant à ce que les bénéfices de l'IA soient largement répartis à travers la société.
En conclusion, alors que nous naviguons à vue à partir de cette croisée des chemins, le passage de la naïveté numérique à la sagesse numérique ne sera pas immédiat ni facile. Il exige un effort et un engagement commun pour affiner notre relation avec la technologie, à réfléchir profondément sur les valeurs que nous souhaitons promouvoir. Travaillons sans relâche pour bâtir un avenir où l'IA enrichit l'humanité tout en préservant notre intégrité sociale et environnementale.
Il ne s’agit plus de savoir si nous souhaitons prendre la route ou pas vers le numérique mais comment nous allons la prendre : sans excès, avec maîtrise, calme et un code de la route à inventer.
Maître de conférences Droit public, Responsable Master 2 Métiers de l'action territoriale, Université de Lille
9 moisPour l'instant nous ne prenons pas du tout le chemin de cette sagesse numérique ! reste à voir en effet comment procéder pour y arriver ou au moins être sur le chemin !
Bravo Mathieu STIEVENARD pour cette analyse claire et responsable (parfois poétique aussi et c'est heureux) de la place que l'IA doit occuper dans nos "vies numériques". Les collectivités sont au premier rang du voyage auquel l'IA nous invite, soyons-en les acteurs pro actifs !