L'intelligence mixte (extrait no 2)
Le cyberquanta
Depuis mon enfance, j’ai toujours été fasciné par les théories de la physique et l’histoire des physiciens. Mes héros étaient les Newton et Einstein. Plus tard, j’ai étudié les concepts de la physique théorique et compris toute la beauté de ces modèles dans la splendeur des mathématiques. Ces pionniers et pionnières ont complètement redéfini notre compréhension de l’univers, et leurs théories ont poussé les philosophes à revoir les modèles classiques des Grecs anciens. La théorie quantique, par exemple, nous a permis de nous questionner sur les fondements même de l’existence de l’univers.
On est porté à croire qu’Albert Einstein, ce scientifique de génie, a eu son seul prix Nobel grâce à ses travaux sur la relativité générale, mais il n’en est rien. Il fut plutôt récompensé pour ses travaux en optique physique et pour son explication de l’effet « photoélectrique », c’est-à-dire l’émission d’électrons par un matériau soumis à l’action de la lumière. À cette occasion, il élabora le concept de « grains » de lumière qu’on nomma par la suite « quanta » ou « photon ».
C’est à ce moment que la physique quantique prit son envol. On pouvait définir la lumière à la fois comme une onde intangible et immatérielle, mais aussi comme une particule élémentaire au même titre que les électrons et les protons. Cette dualité onde-corpuscule, qui agaçait grandement Einstein, fut reprise par d’autres physiciens aussi célèbres que Louis de Broglie, Niels Bohr et bien d’autres, et mena au développement de la physique quantique, une théorie révolutionnaire et qui est fondamentale dans le développement des systèmes électroniques modernes et ultimement dans celui des ordinateurs.
Le physicien et philosophe Erwin Schrödinger illustre par un exercice de pensée célèbre une caractéristique essentielle de la mécanique quantique, soit celle de l’existence des particules. Imaginez une boîte close dans laquelle on enferme un chat. À côté du chat, il y a un plat rempli de lait empoisonné. Il y a 50 % de risques que le chat boive le lait et un autre 50 % qu’il n’y touche pas. Après un certain laps de temps, le chat est-il mort ou est-il encore vivant ? Selon les principes de la mécanique quantique, tant qu’on ne regarde pas dans la boîte, le chat est les deux à la fois : il est vivant et mort ! Les deux états se superposent. Ce n’est qu’en ouvrant la boîte que l’on déterminera son état.
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Selon la théorie quantique, la position d’une particule est décrite en termes d’ondes de probabilité avant qu’une observation (ou mesure) soit faite, mais après l’observation de cette particule, elle est décrite par une valeur précise. En d’autres termes, c’est lors de l’interaction qu’une particule se définit et « existe ».
Ceci rejoint le concept systémique que j’ai introduit précédemment et qui extrapole cette idée dans la définition générale de l’existence : ce qui définit une chose est directement lié à ses interactions. Des connaissances deviennent une idée lorsqu’elles interagissent. Comme une onde lumineuse, les connaissances sont transmises d’un système intelligent à un autre de façon imprécise sous forme d’ondes électriques (neurones), d’ondes sonores (parole) ou d’ondes lumineuses (écriture). C’est quand ces idées interagissent que les idées et les inventions se concrétisent et se définissent. Au même titre que la dualité onde-corpuscule de la lumière, celles des connaissances-idées sont tout aussi valables.
Bien que mon analogie avec la physique quantique puisse vous sembler exagérée, elle nous permet cependant de mieux comprendre toute l’importance des interactions entre les systèmes dits intelligents dans le processus de conception. En fait, les systèmes intelligents permettent de mémoriser et de structurer des connaissances et des concepts divers, mais ce sont les interactions entre ces concepts qui permettent de générer des nouvelles créations, inventions ou découvertes. Les idées et les œuvres que nous imaginons sont essentiellement le produit d’interactions volontaires de nos idées.
D’une certaine façon, la création ou l’invention est déterminée suite à l’imposition d’une hypothèse ou d’une expérience qui représente ici la mesure. Elle prend forme seulement si on les fixe par une idée. Sans créations, inventions ou découvertes, les connaissances ne serviraient à rien. En fait, elles « n’existeraient pas ! »
L'intelligence mixte est disponible ne ligne ici : https://boutique.bouquinbec.ca/l-intelligence-mixte.html
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2 ansWow Denis, quel livre fabuleux! Je savais que les Québécois étaient ingénieux et innovants, mais vraiment, c’est un délice de lire ton livre et j’espère que tu feras une version anglaise pour accroître ton auditoire! Hâte de continuer à lire et d’apprendre encore plus! Merci encore! Louis-Nicolas