Lutte contre le changement climatique et la pollution : agissons efficacement, enfin !

Pour lutter contre la pollution et les émissions de CO2, Ile de France mobilité annonce investir 400 millions d'euros pour passer 1000 bus à l'électrique. Cout : 400 000 € /bus ! Ramené à la tonne de CO2 et de polluants émis, le coût est astronomique, comme si l'argent public était une denrée abondante. En soit IdF Mobilité ne fait que suivre la loi de transition énergétique votée en juillet 2016 qui impose au transport public de passer à l'électrique ou au GNV, comme si il était l'un des pollueurs important des agglomérations : quelle fable ! Cette somme c'est plus que le plan vélo du gouvernement pour la France entière. Si Ile de France Mobilité dépensait 400 M€ pour des pistes cyclables, l'impact sur le CO2 et les polluants serait autrement plus important, mais IdF M n'a pas la compétence sur les espaces publics ...

Autre mesure, qui fait apparemment consensus, l'interdiction des véhicules polluants. Cette mesure cible les véhicules anciens, possédées très majoritairement par les plus faibles revenus, qui ne sont pas les plus grands pollueurs loin de là comme le montre ce graphique de l'INSEE et du CEREMA identifiant les émissions de CO2 par sextile de revenu : il se passe de commentaires.

Par ailleurs si l'on considère la pollution de l'air, en Auvergne Rhone Alpes les deux graphiques ci dessous (Air Rhone Alpes et Ministère des transports) montrent clairement que :

  • l'interdiction des véhicules Euro 0, 1 et 2 (donc CRITAIR 4 et 5) n'aura qu'un impact très très limité sur la pollution
  • les véhicules anciens (CRITAIR 4, 5 et en partie 3) représentent une part très importante du parc : plus de 60%

Données Ministère des transports avec reconstitution de la répartition par classe CRITAIR

Données Air Rhône ALpes, avec rappel des correspondances classes Euro et CRITAIR

Dés lors on peut légitimement s'interroger sur notre préférence collective pour des mesures inefficaces (peu d'impact sur les émissions de CO2 et la qualité de l'air), couteuses (on va proposer des aides à ceux qui ne peuvent pas changer de voiture), injustes socialement.

Sans doute deux raisons à cela :

  • d'une part le syndrôme "la pollution c'est les autres" (comme les bouchons) qui fait penser que l'on n'est pas concerné alors que c'est majoritairement le cas. Taper sur quelques uns est aussi politiquement plus facile mais une fois que l'on aura interdit les CRITAIR 4 et 5, il est très probable que l'on ne sautera jamais le pas sur les CRITAIR 3 qui sont massivement diffusées.
  • d'autre part l'aversion française à la taxation de la consommation alors que la taxe carbone est pourtant bien installée dans les esprits tout comme le principe de pollueur payeur

Une voie efficace et qui a prouvé son efficacité c'est le péage urbain "light" : taxer faiblement l'usage de la voiture dans les agglomérations polluées, sur une base large : 0.5 à 2 € par jour (le contraire du système londonien : 15 € par jour sur une zone très petite). Nous serions ainsi tous taxés sauf les plus faibles que l'on exempterait de la mesure, avec un impact majeur sur le trafic routier (-30% dans les villes l'ayant mise en oeuvre : Oslo, Trondheim, Goteborg, Stockholm, ...) et en sus des sommes considérables pour financer des offres de mobilité alternatives à la voiture solo : transports en communs, pistes cyclables, Parc relais, voies réservées, pass mobilité permettant d'accéder à toutes les mobilités avec un seul outil, ...etc.

Et si on se mettait à raisonner ?


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