Managers at War : Mac Clellan - V - Offensive de la Péninsule (mars-juin 1862): Connais ton ennemi

Managers at War : Mac Clellan - V - Offensive de la Péninsule (mars-juin 1862): Connais ton ennemi

Positions des forces en présence au 17 mars 1862 (1 silhouette = environ 5000 à 10 000 hommes)

Le débarquement de l’Armée du Potomac commence le 17 mars 1862 à Fort Monroe. Le 4 avril l’avancée vers la première ligne de défense établie par Magruder débute.

Faillite des reconnaissances nordistes

Le contact avec les Confédérés est établi le 5 avril par le IVe corps de Keyes. Mac Clellan pensait ne pas trouver de résistance et les reconnaissances rapportent la présence d’une ligne fortifiée (cela est exact) tenue par une force conséquente (cela est faux). En cela les reconnaissances et renseignements nordistes souffrent d’amateurisme car elles sont dupées par les mises en scène de Magruder (faire défiler en cercle des troupes pour donner l’impression de longues colonnes, étendre les batteries en leur faisant faire des tirs sporadiques pour faire croire à un plus grand nombre de canons).

Pusillanimité des généraux de Mac Clellan

Mac Clellan refuse d’envisager un assaut frontal contre des fortifications et met en œuvre le déploiement de son artillerie lourde, difficilement transportable sur terre en dehors des voies ferrées…. Bref, ce qui était conçu comme une manœuvre devant prendre à revers les sudistes, et reposant sur la vitesse, piétine…

Mortier de 330 mm - un atout précieux dans une guerre de siège, un boulet aux pieds dans une guerre de mouvement.

Début mai, l’armée fédérale est seulement devant la ligne de Williamsburg, son général persistant à penser que les troupes qui lui font face sont égales en nombres et décidées à se battre. (Des esclaves en fuite lui signalent pourtant que les sudistes retraitent, mais ces récits ne sont pas pris au sérieux).

 Johnston sait à présent par ses renseignements (plus faciles il est vrai dans la mesure où la population sur le théâtre des opérations est plus favorable à la Confédération) que le gros des armées nordistes est dans la péninsule et a eu le temps de rameuter les renforts face à eux. Son armée s’accroche donc aux lignes de fortifications en reculant peu à peu. Quelques batailles opposent les deux armées mais les corps de l’armée du Potomac ne parviennent pas à accrocher l’armée sudiste.

Entre les ordres de prudence de Mac Clellan et leur propre timidité, héritée de Bull Run, ils craignent sans arrêt le piège, d’être coupés du gros de l’armée, etc…

Quelques opérations amphibies sont entreprises mais sont toujours trop lentes pour entraver le repli sudiste.

Cela n’empêche pas le général en chef de rendre compte à Washington de chaque accrochage comme d’ « un chef d’œuvre de stratégie remporté contre des ennemis supérieurs en nombre ».

Finalement, les Nordistes parviennent fin mai à portée de Richmond, simplement séparée d’elle par la Chickahominy. Cette armée ne passe pas immédiatement au sud car son axe de ravitaillement et de transport de l’artillerie lourde consiste en une voie ferrée qui va du port d’York à Richmond.

Bataille de Seven Pines (

Une attaque est menée par Johnston contre le IVe corps et les éléments du IIIe qui ont commencé à se déployer au sud. Cette sanglante bataille de Seven Pines contribue à ancrer en Mac Clellan l’idée que les Sudistes sont au moins aussi nombreux que lui, puisque pour oser passer à l'attaque, il faut bien sûr être plus nombreux que l'adversaire.

Elle a aussi incidemment pour conséquence d’aboutir au remplacement de Johnston par Robert E. Lee. En apprenant cela, Mac Clellan se félicite de ce choix, estimant ce dernier « timoré et pusillanime »… son appréciation se fonde sur les débuts guère convaincants de Lee en Virginie occidentale et sur son intime conviction.


Situation fin mai 1862

 

Agressivité des confédérés dans la Shenandoah

Pendant le mois de juin, Lee fait renforcer les défenses de Richmond. Il parvient à apaiser le président Davis qui veut une offensive en lui expliquant que ces travaux, ont pour but de permettre de défendre la capitale avec le moins de troupes possibles pour en libérer un maximum en faveur de l’offensive qu’il a en tête.

Lee contrairement à Mac Clellan semble avoir le don d’expliquer ses décisions et ses choix à ses supérieurs sans entrer immédiatement dans des rapports d’égos.  

Thomas "Stonewall" Jackson: le héros de la Shenandoah

Dans le même temps, Jackson est lancé dans la Shenandoah (mai-10 juin )pour une campagne de diversion qui fait merveille, mobilisant les troupes de Banks, Fremont et deux des trois divisions de Mac Dowell pour défendre l’accès au Potomac et à la Virginie occidentale et tâcher de capturer la force de Jackson, une tâche qu’elles ne mèneront pas à bien.

Mac Dowell proteste contre l’ordre qui lui est donné par Lincoln de prendre en chasse Jackson de concert avec Banks mais obéit. Mac Clellan ne rate pas l’occasion de protester contre le fait qu’on le prive des moyens nécessaires à l’exécution de son plan – sans avoir apparemment conscience du fait qu’il a déjà le double de moyens de ses opposants, plus la supériorité en artillerie lourde et la supériorité navale.

Jackson parvient à bousculer la force de Banks, à bloquer l’armée de Fremont et à échapper à deux des trois divisions qui ont été détachées du corps de Mac Dowell avant de prendre le train pour arriver à Richmond début juin.

Le restant du corps de Mac Dowell n’avance en effet pas assez pour contrôler un nœud ferroviaire assez important au nord de Richmond, là où passe la Central Virginia Railroad, malgré l’absence de forces lui faisant face, et malgré la présence des troupes du Potomac non loin. On peut ainsi douter de l’utilité qu’auraient eu les deux divisions dont le général regrette l’absence au début du mois de mai.

Situation fin juin 1862

 

Bilan des manœuvres du printemps

En trois mois, Mac Clellan est parvenu aux portes de Richmond et sans doute ne se prive-t-il pas de saluer cette prouesse. Néanmoins, le projet de contourner les lignes de défense sudistes est d’ores et déjà un fiasco, en raison de la lenteur des mouvements nordistes.

De plus les forces qui auraient pu parfaire l’encerclement ont été suffisamment désorganisées (armées de Banks et Fremont) pour être hors d’état de participer à quoi que ce soit avant de longues semaines. Quant au Ier corps de Mac Dowell il n’a pas assez avancé pour être en position de sécuriser la route de Washington ET l’aile droite de Mac Clellan .

Les raisons principales de cette lenteur néfaste :

-          Lacunes dans la reconnaissance du terrain. De ce point de vue, il est ironique que la cavalerie pour laquelle Mac Clellan avait rédigé des années plus tôt un manuel ait été aussi médiocre dans la reconnaissance.

-          Souci excessif de la sécurité des lignes de ravitaillement

Mais le choix stratégique à savoir le débarquement de la majeure partie de l’armée du Potomac dans une péninsule plus facilement défendable que la Virginie s’étendant entre Richmond et Washington est lui-même discutable. En terrain ouvert, la supériorité numérique des nordistes aurait pu plus facilement être exploitée que dans un couloir restreint comme celui de la péninsule.

Cependant les faubourgs de Richmond sont enfin en vue, et le moral a à peine été entamé par l’affrontement de Seven Pines.

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