Mensonge ou vérité ?

Mensonge ou vérité ?

Dire ou ne pas dire, se dévoiler ou pas et jusqu’où ? Ce sont des questions qui peuvent se poser en séance de coaching et/ou de supervision. Voici quelques éléments de réflexion, inspirés de lectures.

« Tu ne porteras pas de faux témoignages contre ton prochain » (la Bible - « les Dix commandements »)... Pourtant, « Tout le monde ment ». Mais toute vérité est-elle bonne à dire ? Pourquoi mentons-nous? Et que cache le mensonge ? Mensonge ou vérité, comment se positionner ?

Qu’est-ce que le mensonge ? (du latin « mens »= esprit et songe / rêve).

  • Affirmation de ce qu’on sait être faux, fait de nier ce qu’on sait être vrai ou encore de taire ce qu’on devrait dire (mensonge par omission) - Le Robert.
  • La véracité ? Qualité de ce qui est conforme à la vérité, l’authenticité - Le Larousse.

Le mensonge serait un acte délibéré, là où l’erreur est la conséquence d’une ignorance.

Pourquoi mentons-nous ?

 Un individu peut mentir :

  • pour renvoyer une fausse image de lui, en espérant être aimé par les autres. 
  • par politesse ou par convention, par besoin de créer le lien social nécessaire au vivre ensemble,
  • pour ne pas blesser l’autre, le  « mensonge pieux ».

Un État peut mentir à la population :

  • pour la rendre plus docile,
  • pour éviter de l’affoler,
  • pour la manipuler et orienter son opinion.

On se souvient du nuage de Tchernobyl et, récemment, les questions sur les stocks de masques…

La caverne de Platon, ou quel lien entre mensonge et vérité ? 

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Aujourd’hui, la période est considérée comme propice à la manipulation; nous vivons à l’ère des « fake news » .

N'est il pas trop simple de dire que nous vivons dans un monde d’apparences et d’illusions (tenues élégantes, belles voitures et grandes maisons)? Est il vrai que nous nous cachons derrière nos représentations, nous laissant enfermer par notre culture, notre éducation, la publicité ou encore les réseaux sociaux ?  Vivre dans le mensonge ferait partie de notre condition d'humain vivant dans une société « moderne » ?

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Platon dénonçait déjà cet aspect de la condition humaine dans son allégorie de la Caverne (livre La République) : des prisonniers dans une grotte, regardent devant eux les ombres d’objets brandis derrière eux. Ils croient que ces ombres, ces représentations, sont la réalité jusqu’à ce que l’un d’eux sorte de la caverne, découvre les feux projetant les ombres sur le mur, les objets et non plus leurs reflets, et se retrouve ébloui par le soleil. Le mythe de Platon nous indique que derrière l’apparence, les croyances et les opinions, il y a une «réalité », une « vérité » qui est l’essence de toute chose. L’Homme, selon le philosophe, est invité, pour sortir de sa condition d’esclave, à rechercher la vérité, à apprendre à penser par lui-même.

 Y a t il un «droit » au mensonge ?

La question a été abordée par différents philosophes…et, il semblerait que ... NON !

Pour Saint Augustin, différentes situations permettent de mentir, mais il interpelle :

  • Car « la bouche qui ment tue l’âme », « Il n’est jamais permis de mentir pour sauver la vie temporelle d’un autre ». Mentir n'est pas acceptable même pour sauver une vie.
  • Il y a une différence entre le mentant et le menteur : « Le mentant est celui qui ment malgré lui; le menteur aime à mentir et goûte intérieurement le plaisir de le faire. » .
  • Notre perception du mensonge est altérée par nos peurs et nos passions (nos émotions qui peuvent parfois nous entraver dans la réflexion et l’action raisonnée), et ceci nous permet de nous « accommoder » de nos mensonges. « … faire un mal moindre pour en éviter un plus grand ; ce ne sera plus d’après les règles de la vérité, mais d’après ses passions et ses habitudes que chacun mesurera le mal… ».

Emmanuel Kant suit les traces de saint Augustin, plus par la raison que la religion :

  • « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. ». Il nous faudrait agir, en toutes circonstances, « de sorte que nos actions deviennent des lois pour nous-même comme pour les autres ».
  • Le mensonge n’étant pas acceptable pour soi et autrui ; la vérité est un devoir moral absolu, en toute circonstance… même lorsqu’il s’agit de mentir à des assassins qui demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime…

Benjamin Constant répond à Kant :

  • Le principe de la « vérité toujours » est inapplicable…et détruirait la société.
  • Mais, rejetez ce principe, et la société n’en serait pas moins détruite, car « toutes les bases de la morale seraient renversées. »
  • La franchise est relative et dépendante de la situation. « Dire la vérité n’est donc un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui. »

CONCLUSION : alors peut-on mentir ? Doit on mentir dans certaines circonstances ? Ou doit on faire de la Vérité le parangon d’une vie en société ?

Mentir, Non en théorie, mais en pratique ? Il semblerait que la réponse dépende de chacun(e), des Lois qu’elle/il décide d’appliquer, en « connaissance de cause », ou de ce que lui dit sa propre morale.

Mentir est lié à notre nature humaine ? Mais c'est bien de notre nature même que découle notre « libre arbitre » qui nous offre la capacité à se décider pour une chose plutôt que pour une autre, par exemple entre le bien et le mal, sans influence ou stimulus extérieur, sans autre cause que la volonté même.

Mais en société notre libre arbitre est soumis à de nombreuses contraintes ou coercitions qui vont à son encontre et "conditionnent" nos décisions et nos comportements: la Loi, les règles de la société, les contraintes physiques, le mimétisme de groupe, le conformisme...

Doser nos mensonges, accepter ou refuser ceux des autres, apprendre à dire le plus souvent possible la vérité… est de notre responsabilité individuelle. Peut être que c’est dans l’intention qu’on trouvera la clé ? Peu de personnes blâmeraient un médecin cherchant à préserver un malade. En définitive, c’est le but du mensonge qui détermine si celui-ci est bon ou mauvais, et si il faut lui préférer la vérité.

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