Mes employés ont honte!
Êtes-vous fier quand vous faites honte à vos parents, à vos enfants, à votre patron? Que dire quand les gens ont honte d’être vus en votre compagnie…
Parlant de compagnies, je ne connais aucun entrepreneur, aucun propriétaire d’entreprise qui ait honte de son travail et de son entreprise. Pour ces gens : leur entreprise, c’est leur bébé! Et, je ne connais aucun parent sain d’esprit qui ait honte de son bébé.
Bien sûr, aucune compagnie n’est parfaite; aucun boss n’est parfait; et aucun employé n’est parfait. Ces faits indéniables font partie du merveilleux monde du travail. Cela étant dit, ce n’est pas parce qu’une entreprise emploie un employé indiscipliné, ou bien fait affaire avec un mauvais fournisseur, que cette compagnie est mauvaise par association. Un propriétaire responsable et redevable sait que des impondérables peuvent survenir à tout moment. Il vaut donc mieux avoir un plan de contingence. Ces mêmes propriétaires adoptent habituellement les mêmes comportements avec leurs employés.
Un propriétaire, ayant bâti sa compagnie à partir de rien, est fier de son travail. Il est fier de ses accomplissements, de son entreprise, l’image qu’elle projette, et il est aussi fier de la perception positive et généralement favorable qu’a la population envers son entreprise.
Une bonne entreprise aime avoir des employés heureux. Une bonne entreprise aime quand ses employés parlent en bien de celle-ci.
Une entreprise respectable se soucie de l’opinion publique et lorsque cette même entreprise n’a rien à cacher, elle se défend sans gêne pour sauvegarder son image; pour rectifier le tir; pour rétablir les faits; pour faire taire les rumeurs et les mauvaises langues.
Le merveilleux monde du travail nous amène dans tous les racoins possibles et inimaginables. Je suis convaincu que vous ne la savez pas ou bien que vous l’ayez oublié avec le temps, mais un conflit de travail existe depuis 2018 au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal. Vous ne le saviez peut-être pas, mas c’est le plus grand cimetière au Canada. On y trouve des employés syndiqués affiliés à la CSN, sans contrat de travail depuis 5 ans. Ces dernières années, le membership a diminué de près de 50%, et selon l'administration de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame, les employés toujours à l’emploi sont en mesure de rendre le même service.
Éric Dufault, président du Syndicat des employées et employés de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN, nous le rappelle depuis des mois. Ces derniers jours, M. Dufault a vertement crié haut et fort dans tous les médias qu’il avait honte!
Qu’il avait honte de son employeur; qu’il avait honte de son emploi; qu’il avait honte du travail qu’il faisait.
Rappelons que M. Dufault représente des centaines d’employés et il parle en leur nom.
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Donc, des centaines d’employés ayant honte de leur employeur. Imaginez-vous et quelques-uns de vos collègues en train de mettre une vidéo sur YouTube dans laquelle vous criez à quel point vous avez honte de votre employeur…
Qu’importe sa réaction, votre employeur réagirait, j’en suis convaincu.
Le conflit de travail et les questions touchant les conditions de travail font partie de la Game en relations de travail. Ainsi, je ne m’intéresse pas réellement aux enjeux et aux intérêts dans ce conflit, mais plutôt au propos du président et au mutisme de l’employeur.
Cet employeur pourrait le prendre comme une attaque, comme une fronde, une offense, ou comme une pure invention et se défendre. Cet employeur, comme tout bon employeur, devrait prendre très au sérieux ce sentiment de honte, mais plutôt que de se soucier d’être un employeur de choix, l’Association des cimetières chrétiens du Québec est muette, discrète, et maladroite depuis des mois. Que dire de la paroisse Notre-Dame de Montréal qui dort au gaz et qui doit prier le petit Jésus pour qu’il vienne miraculeusement sauver la situation.
5 ans pour régler une question pécuniaire de base, c’est long, et vous me permettrez de douter de la volonté de l’employeur. Si mes parents ou des membres de ma famille y étaient enterrés, je fustigeais contre l’employeur bien avant de m’en prendre aux employés et syndicats.
Si la paroisse dit qu’elle se soucie des conditions de travail et du bien-être de ses employés, elle ment. Si la paroisse dit que ses employés sont heureux au travail, soit qu’elle est totalement déconnectée de la réalité ou soit qu’elle nous prend tous pour des cons.
Habituellement, dans une entreprise, on peut retrouver un ou deux employés mécontents de leurs conditions de travail et qui ne se gênent pas pour le faire savoir. Mais ces employés se calment et se taisent après quelques jours, et les employeurs le savent. Dans le cas du cimetière, ce ne sont pas deux employés isolés, mais des centaines qui se manifestent depuis plus de cinq ans. L’employeur ne peut pas et ne peut plus ignorer le conflit actuel.
Puisque le conflit dégénère dans les médias sociaux, la partie patronale devrait travailler avec une firme de relations publiques pour faire passer un message, qui, de toute évidence, n’est ni en mesure de le communiquer ni de le rédiger. À bien y penser, payer une agence de communication pour dire à nos employés que nous n’avons pas d’argent pour ceux-ci serait très mal perçu.
Puisque l’orgueil est un péché, la paroisse devrait être moins orgueilleuse et mettre de l’eau dans son vin pour en arriver à une entente afin de maintenir une paix industrielle.
D’ici au règlement, Émile Nelligan, Thérèse Casgrain, Maurice Richard et Sir Louis-Hippolyte Lafontaine, pour n’en nommer que quelques-uns, doivent eux aussi se retourner de honte dans leur tombe.