LE BEL AVENIR DU GOUVERNEMENT D'AFFAIRES COURANTES...
- Qui embrasse trop les sommets européens, étreint souvent mal la réalité nationale.
- Mais la fréquentation des hauteurs peut cependant donner quelques idées à un chef d' Etat français. Ce dernier rencontre en effet dans ces réunions internationales un nombre considérable de chefs de gouvernement. Dénués de majorité absolue, ces Premiers ministres ne se trouvent pas pour autant dépourvus de moyens constitutionnels et politiques pour gouverner. Ainsi, en est-il notamment lorsqu' ils sollicitent et n'obtiennent pas la confiance , voire même, in fine, démissionnent.
- Dans ces conditions, certains « expédient les affaires courantes » , concept à géométrie variable aussi bien dans le temps que dans son périmètre d'action. Contre toute attente, la notion tend ainsi progressivement à durer de longues semaines, voire de longs mois.
- En Espagne, Mariano Rajoy a expédié les affaires courantes de décembre 2015 à octobre 2016 puis de mars 2017 à février 2018. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a cherché une coalition de septembre 2017 à mars 2018. Les Pays-Bas, l'Italie et même la Suède ont connu une situation politique semblable.
- Dans ce concert des nations, la Belgique peut sans doute à juste titre être présentée comme un modèle. Entre autres exemples, la monarchie belge est restée sans gouvernement entre 2011 et 2012 durant 541 jours.
- Mais ce record européen n'est pas sans soulever quelques questions pour certains constitutionnalistes, politiques, journalistes et citoyens...
- En effet, durant les périodes d' expédition d'affaires courantes, le Premier ministre Jean-Luc Dehaene a signé le traité de Maastricht en 1992, Guy Verhofstadt a signé le traité de Lisbonne en 2007 . Quant au gouvernement de Yves Leterme, le budget a pu être finalisé, la Belgique a présidé le conseil de l'Union européenne et le pays a même pu participer à une coalition internationale intervenant militairement à l'étranger, en l'occurrence en Libye.
- Autant dire que ces « affaires » n'ont plus rien de courant, banal ou insignifiant et sont au contraire de la plus grande importance.
- Ces gouvernements qui expédient les affaires soit-disant courantes risquent donc d'être une source d'inspiration non négligeable pour certains acteurs politiques.
- Il n'est pas sûr dans ces conditions que le contrôle parlementaire soit très effectif à l'avenir. Il n'est pas davantage établi que le résultat des élections législatives soit véritablement pris en compte , ni même que la démocratie en France en sorte grandie ou même à tout le moins, apaisée...