Minéraux et vitamines : quelle est la formule adaptée à mes ruminants?
Article rédigé par Stéphane BOULANT
Source : Formation Agrilearn https://www.agrilearn.fr/formation/mineraux-et-vitamines-quelle-est-la-formule-adaptee-a-mes-ruminants
Si l’on retrouve aujourd’hui un complément minéral vitaminé (CMV) dans les rations alimentaires de presque tous les ruminants, c’est que minéraux et vitamines sont indispensables à la bonne santé d’un troupeau dont on attend une productivité.
Or les fourrages et concentrés en sont largement dépourvus (au profit d’un apport énergétique et protéique) ; ils ne couvrent donc pas les besoins en minéraux et vitamines des animaux. Les compléments font l’objet d’une production industrielle où la proportion de trois minéraux de référence (phosphore/calcium/magnésium) sert d’identification.
Cependant, il est possible de se détacher de ces formules standards pour moduler le dosage en fonction des carences de vos bêtes, elles-mêmes subordonnées au contexte général de votre exploitation (conditions pédoclimatiques, géographiques, qualité de l’eau ou encore type de production). Nous vous indiquerons comment évaluer ces carences et leurs justes corrections : sortez vos crayons et vos calculettes !
En récompense de vos efforts, vous pourrez réaliser d’appréciables économies en jugeant maintenant avec finesse de la pertinence des produits proposées par des vendeurs éloquents...
Les jusqu’au-boutistes passeront même commande d’un CMV sur mesure. Toutefois, dans ce cas, un volume conséquent est alors requis.
Quoiqu’il en soit, les informations distillées par notre expert Jérôme CROUZOULON vous rendront moins dépendant des offres du marché, souvent calquées sur les besoins importants des vaches laitières. Dans ce même esprit, nous vous livrerons des conseils comme, par exemple, la recette facile pour créer chez vous vos propres seaux à lécher ; et là aussi, il y a des économies à faire !
Comprendre le rôle des minéraux et des vitamines
Un petit rappel avant d’entrer dans le vif du sujet, l’organisme des ruminants se compose principalement d’eau, à 80 %, et de carbone pour 13 %. Viennent ensuite les macro-éléments (ou minéraux majeurs) qui, ajoutés à l’azote, représentent 6,99 % du volume. Et enfin nous trouvons (en cherchant bien) des oligo-éléments en très faible quantité (0,01 %), « oligo » signifiant « peu abondant » en grec ancien, mais non moins nécessaires. Les minéraux se départagent donc par leur concentration dans l’organisme, mais aussi par les fonctions qu’ils remplissent.
Pour un squelette solide et bien d’autres choses : les macro-éléments
On les appelle aussi minéraux majeurs, les macro-éléments sont présents en quantité assez importante dans l’organisme où on les mesure en g/kg (comme dans la matière sèche des rations). En voici la liste :
o Le phosphore (P)
o Le calcium (Ca)
o Le magnésium (Mg)
o Le soufre (S)
o Le potassium (K)
o Le sodium (Na)
o Le chlore (Cl)
Ces macro-éléments participent à la construction de l’organisme. Le calcium est ainsi souvent donné en exemple : c’est lui qui assure la solidité de l’ossature. Et c’est donc dans les os qu’il se loge, sauf exception. À raison de 16 g/kg, une vache d’un poids de 650 kg ne mobilise pas moins de 10 kg de calcium ! Mais attention, celui-ci peut s’évanouir très rapidement dans la montée de lait consécutive au vêlage, entraînant alors une hypocalcémie puerpérale (carence en calcium) ou fièvre vitulaire communément appelée « fièvre de lait ».
Si le phosphore s’associe souvent au travail du calcium dans les os, il est aussi un composant important des membranes cellulaires. Il intervient aussi dans l’équilibre complexe du rumen, élément caractéristique des ruminants. En effet, avec le soufre et le cobalt (oligo-élément dont nous reparlerons plus tard), le phosphore entretient le considérable microbiote qui peuple la panse.
Toutefois, une alimentation trop riche en phosphore par rapport au calcium peut mener à une urolithiase, c’est à dire à la formation de calculs de phosphate de calcium, ou de phosphate de magnésium, obstruant l’urètre. C’est une pathologie fréquente chez les petits ruminants mâles.
À surveiller aussi, la consommation d’herbe jeune (au pâturage de printemps) dont la richesse en potassium contrarie l’absorption du magnésium. Cette interaction négative provoque alors une hypomagnésémie (chute du taux de magnésium sanguin). L’animal est atteint de troubles neuromusculaires (il pédale dans le vide, les yeux exorbités et grince des dents) appelés « tétanie d’herbage ».
Enfin, le sodium et le potassium (sous une forme bicarbonate dans la salive) équilibrent le pH du rumen, toujours guetté par une acidification liée à la fermentation de la cellulose et de l’amidon. Ils ont, avec le chlore, un autre rôle que nous allons voir maintenant.
Des minéraux à l’action spécifique : les électrolytes d’équilibre
Le potassium, le sodium et le chlore interviennent dans la régulation de la pression osmotique.
· Dans le liquide intracellulaire principalement pour le potassium,
· Dans le liquide extracellulaire principalement pour le sodium et le chlore.
Ils régulent aussi le pH sanguin (sous l’action des reins et du système digestif) :
· Quand sodium et potassium prennent la place des protons, le pH sanguin monte,
· Quand le chlore prend la place du bicarbonate, le pH sanguin baisse, créant une acidose métabolique.
Chaque aliment possédant une valeur électrolytique, on peut déterminer pour chaque ration un bilan électrolytique alimentaire (BEA) exprimé en mEq/kg de matière sèche (MS) [mEq signifie milliéquivalent]. Le BEA se résume par une soustraction entre cations (K+ Na+) et anions (Cl-) soit la formule :
· (K + Na) – Cl
Donc, lorsque le BEA s’élève, le pH sanguin monte (action du sodium et du potassium). L’inverse étant valable, l’on donne souvent une cure de chlorure de magnésium (à raison de 30 g/j pour une vache pendant 10 à 15 jours, et 7 g/j pour la brebis et la chèvre) en fin de gestation pour diminuer le BEA afin d’anticiper les répercussions d’une « fièvre de lait » (en plus d’un effet bénéfique sur les muscles de la mise-bas).
Rappelons au passage que le chlorure de sodium (NaCl) n’est autre que notre bon vieux sel. Toxique pour les reins lorsqu’il est consommé en excès, la quantité de sel à consommer par jour par les animaux d’élevage dépend :
La dose recommandée de 4 g de sel par kg de MS ingérée doit ainsi être modulée selon les situations.
Par exemple, par temps chaud il faudra compenser les pertes consécutives à la sudation, en relevant le BEA jusqu’à environ 450 mEq/kg de MS (par un apport de bicarbonate de potassium et de sodium).
De l’huile dans le moteur : les oligo-éléments
Avant tout, un petit cocorico : ce sont des scientifiques français qui ont découvert l’influence des oligo-éléments, en premier lieu dans la santé humaine. Ces pionniers sont le chimiste Gabriel Bertrand (1867-1962) au tournant du XXe siècle, et le médecin Jacques Ménétrier (1908-1986) à partir des années 30. Toutefois, l’oligothérapie doit aussi beaucoup à des suisses comme le Dr Jean Ulysse Sutter, ou plus tard, à partir des années 70, Michel Deville (ce dernier s’inspirant des travaux du médecin français Henry Picard). Leurs recherches sont à l’origine des études menées depuis lors sur le rôle de ces minéraux très discrets dans la santé des animaux d’élevage.
Voici une liste des oligo-éléments qui peuvent poser problème en élevage, suivis de leurs symboles (à retenir !) tels qu’ils se présentent dans le tableau périodique des éléments :
o Le cobalt (Co)
o Le cuivre (Cu)
o Le fer (Fe)
o L’iode (I)
o Le manganèse (Mn)
o Le sélénium (Se)
o Le zinc (Zn)
Sans eux, à plus ou moins long terme, l’organisme s’épuise et devient plus fragile. En effet, ils y jouent un rôle important de catalyseur. Cela veut dire qu’ils orientent et accélèrent les processus biochimiques dans l’organisme. Pour cela, ils activent le travail des enzymes et des hormones impliqués dans cette réaction. Notre expert nous donne une image de la mission du fer dans l’entreprise de transport que représente le sang :
o L’hémoglobine serait le camion
o Le fer serait le chauffeur de ce camion
o L’oxygène et le dioxyde de carbone seraient les marchandises.
Les oligo-éléments sont donc présents dans l’organisme dans des quantités infimes, mais ils sont bel et bien indispensables à son fonctionnement. En conséquence, leur apport dans une ration alimentaire est surveillé et mesuré en mg/kg de matière sèche. Ainsi, les carences graves en oligo-éléments sont la plupart du temps évitées ; en voici toutefois les signes annonciateurs :
· En premier lieu, la carence est au stade subclinique. Sans symptômes apparents, elle entraîne toutefois une baisse de productivité de l’animal.
· À un stade plus avancé, après la mobilisation des faibles réserves de l’organisme contenues dans le foie (pour le cuivre par exemple), on peut constater, dans l’ordre chronologique :
o Perte d’appétit
o Troubles de la reproduction
o Baisse de la production
o Signes cliniques alarmants
o Mort de l’animal.
Cette issue fatale est l’aboutissement d’un profond dérèglement du système immunitaire de l’animal car cinq des six oligo-éléments indispensables (le sélénium, le cuivre, le zinc, l’iode et le manganèse) sont nécessaires au maintien d’une bonne immunité.
Quant au sixième, le cobalt, nous avons vu précédemment qu’il était indispensable à l’équilibre de la flore ruminale. Il en faut très peu, il n’y a que 12 mg de cobalt dans l’organisme d’une vache de 600 kg, mais il en faut ! En effet, sans lui les bactéries contenues dans la panse n’arrivent pas à synthétiser la vitamine B12. Or, c’est une vitamine qui compte pour les vaches laitières. Intéressons-nous donc de plus près aux vitamines consommées par les ruminants.
Elles sont très sensibles : les vitamines essentielles
On distingue deux groupes :
· Les vitamines liposolubles (solubles dans la matière grasse) : A, D3, E (D3 désignant une forme particulière de la célèbre vitamine D à laquelle on l’assimile d’ailleurs volontiers)
· Les vitamines hydrosolubles (solubles dans l’eau) du groupe B, au nombre de huit.
Toutes craignent la lumière et la chaleur, certaines redoutent également l’oxydation. Cela ne les empêche pas de participer au bon fonctionnement de l’organisme.
Une complémentation en vitamines ne s’impose que dans des situations précises :
· Lors d’une alimentation en fourrage conservé (ration hivernale), voire sur une pâture sèche, pour les vitamines A, D3 et E.
· Si l’écosystème ruminal est perturbé pour les vitamines du groupe B (attention à la « surchauffe » du rumen pour les vaches laitières très productives !).
Une information à retenir : le foie peut stocker les vitamines pendant seulement 15 à 20 jours.
Répondre aux carences : comment calculer la complémentation minérale et vitaminique à distribuer aux animaux
Au premier abord, ça ne paraît pas compliqué : il y a carence si les différents apports journaliers en minéraux contenus dans la ration alimentaire ne couvrent pas les besoins des animaux.
Or, disons-le tout de suite, l’ensemble des besoins en minéraux et vitamines n’est que rarement satisfait par la ration alimentaire, celle-ci privilégiant un apport énergétique devenu fondamental au maintien d’une productivité élevée. Cela se ressent particulièrement pour les oligo-éléments (sauf pour le manganèse) qui, de surcroît, ne sont pas (ou très peu) stockés par l’organisme. Pour eux, un complément quotidien est donc indispensable à tout moment de l’année.
Mais calculer la valeur du complément à distribuer se révèle un défi piégeux que nous allons néanmoins relever haut la main !
Chiffrage des besoins en minéraux et coefficient d’absorption réel (CAR)
Ces besoins sont établis scientifiquement par l’INRAE. L’objectif étant, évidemment, un troupeau en bonne santé et productif. Tout en sachant que les besoins diffèrent selon l’espèce et le stade physiologique.
Dans ses valeurs de référence, l’INRA a dû prendre en compte le franchissement parfois difficile de la paroi intestinale par les minéraux. La part réellement absorbée (dans le sang) fluctue selon le type de minéraux :
· De l’ordre de 90 à 95 % pour les électrolytes (Na, K, Cl).
· Entre 20 et 65 % pour les macro-éléments, avec :
o 65 % en moyenne pour le phosphore
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o 40 % en moyenne pour le calcium
o 20 % en moyenne pour le magnésium
· Seulement de 15 % en moyenne pour les oligo-éléments, ce qui révèle un gaspillage important.
Ce coefficient d’absorption réelle (CAR) représente donc ce qui est ingéré, moins les pertes. Voilà pourquoi les recommandations de l’INRAE pour les trois minéraux majeurs (phosphore, calcium, magnésium) sont exprimées en « g abs », pour gramme absorbable !
Dans le même registre, une bonne solubilité du minéral est impérative pour en faciliter l’absorption. Ainsi, lors du processus de digestion, ce minéral atteindra plus aisément la forme ionisée obligatoire pour traverser la paroi intestinale.
Dès lors, la granulométrie d’un produit (mesuré par un test de solubilité, facile à réaliser) influence aussi sa dégradabilité, et donc son absorption.
Les différentes méthodes pour évaluer les déficits en minéraux
La balance entre les besoins des animaux et les apports journaliers (en g ou mg/kg de matière sèche) en minéraux contenus dans la ration alimentaire exige une définition rigoureuse des teneurs minérales de votre fourrage. Pour cela, l’étude d’un échantillon de votre production est possible, mais les relevés effectués par votre chambre d’agriculture seront toutefois plus représentatifs. Soulignons aussi que les données des tables de l’INRAE, bien que géographiquement moins précises, demeurent un outil fiable.
On peut également pratiquer une analyse plus directe pour confirmer, chez une ou plusieurs bêtes, des carences en minéraux : une prise de sang. Prescrite par un vétérinaire, elle entre dans une démarche curative. En revanche, dans une conduite sanitaire plus tournée vers la prévention, l’éleveur peut lui-même effectuer un prélèvement de poils pour analyse. Les résultats obtenus reflèteront la teneur en minéraux sur les deux mois précédents.
Pour être fiable, cette analyse de poils doit toutefois respecter un protocole strict :
· Au cours des deux mois précédents le prélèvement, l’alimentation du troupeau doit être homogène et continue, alimentation hivernale ou pâturage de printemps, avec ou sans complémentation.
· Prélever des poils ou de la laine sur une zone propre sur huit ou dix animaux représentatifs d’un même lot ayant reçu la même alimentation.
· Les poils doivent être coupés ou tondus au ras de la peau, sans arrachage bien sûr.
· Conserver les deux ou trois centimètres les plus proches de la peau.
· Mélanger les poils des bêtes d’un même lot pour constituer un échantillon d’environ dix grammes.
Un conseiller en élevage pourra aider l’éleveur dans l’interprétation des résultats obtenus.
La méthode de calcul des apports en minéraux en quatre points
Voici donc les étapes, à suivre dans cet ordre, pour effectuer vos calculs :
1. Déterminer le déficit (selon les principes énoncés précédemment).
2. Calculer la part à donner (en tenant compte du CAR).
3. Calculer le rapport arithmétique entre les portions de phosphore et de calcium (minéraux majeurs), pour avoir une idée de la formule à choisir.
4. Calculer la quantité à donner, en collant au plus près des besoins en phosphore, au vu de son prix et des conséquences écologiques de son utilisation.
Notre expert appliquera cette méthode dans trois cas de figure bien différents concernant :
· Des vaches laitières produisant 30 L/j de lait, ration à base d’ensilage maïs (système de production intensif)
· Des brebis produisant 2 L/j de lait, au foin
· Des vaches allaitantes, à la pâture (système de production extensif)
Les différents facteurs d’efficacité des compléments minéraux vitaminés
Nous en avons eu un exemple avec l’hypomagnésémie, un minéral consommé perturbe souvent l’absorption d’un autre minéral, ce qui entraîne un déséquilibre. Ces nombreuses interactions forment un enchevêtrement complexe.
C’est pourquoi la distribution d’un minéral seul doit être évitée, à part pour remédier à une carence grave ciblée.
Cela étant, nous pouvons maintenant énoncer les dix commandements suivants (on nous pardonnera d’employer une syntaxe copiant le vieux sage aux grandes oreilles, maître Yoda) :
1. La solubilité du produit minéral tu rechercheras pour une bonne assimilation (évaluation par autotest, ou notion d’insolubilité chlorhydrique inférieure à 2 %).
2. L’équilibre entre les différents minéraux (en fonction de la composition des rations et des interactions) tu respecteras.
3. La composition de la ration (pâture, type de fourrage, ensilage) tu étudieras.
4. Le coût ou rapport qualité/prix ne te guidera pas (l’expérience montrant que le plus cher n’est pas forcément le meilleur, et le mélange le plus complexe pas forcément le plus utile).
5. Les rations ne couvrant pas tous les besoins, des apports tu donneras (régulièrement et pour toutes les catégories d’animaux).
6. La valeur des fourrages est délicate à définir car de nombreux facteurs elle dépendra (comme la nature du sol, la fertilisation, le stade de récolte, les conditions de récolte, ou encore l’espèce végétale choisie).
7. Pour mesurer un déficit en minéraux, l’analyse de poils tu préfèreras (celle des fourrages étant aléatoire).
8. Aucun lien entre prix et efficacité tu constateras.
9. Au plus juste tu couvriras les besoins en phosphore (cher et polluant).
10. Du carbonate de calcium tu pourras ajouter afin de compléter une formule.
À ces conseils, on peut ajouter que la forme du minéral (seau à lécher, granules, semoulette, voire même liquide) n’a pas d’impact sur sa valeur nutritive. Ce qui ne veut pas dire que c’est un choix sans conséquence, comme nous allons le voir.
Avantages et inconvénients des différentes formes sous lesquelles on trouve les compléments minéraux vitaminés
La semoulette en distribution quotidienne permet :
· Une consommation maitrisée,
· Un mélange avec du sel et/ou des plantes (ces dernières utilisées dans un but antiparasitaire par exemple).
La semoulette ou les granulés en libre-service (sorte d’open bar des minéraux) offre :
· Une consommation volontaire facilitée.
· Une possibilité de mélange avec du sel et/ou des plantes.
· Deux inconvénients : la consommation n’est pas maitrisée et le matériel de distribution représente un certain investissement.
Les pierres ou seaux à lécher permettent :
· Une consommation volontaire mais limitée par l’action de lécher (environ 50 g/j pour les bovins et 5 g/j pour les petits ruminants).
· Une pierre de 10 kg est requise pour cinq bovins ou vingt petits ruminants.
· Deux inconvénients : une consommation non maitrisée et une exposition aux intempéries.
· Veiller à ne pas les placer près des points d’abreuvement (pour éviter une surconsommation réciproque).
Les minéraux peuvent être intégrés à l’eau de boisson avec :
· Une pompe doseuse ou directement dans un bac.
· Mais il y a des inconvénients : les minéraux liquides réclament une technologie assez onéreuse et sont à réserver aux oligoéléments et vitamines (cures) ; certains composants sont amers, rendant leur consommation variable.
Quant aux bolus, censés se dégrader lentement dans le rumen, notre expert doute de leur efficacité réelle et ne les recommande que pour des cas particuliers, comme la période d’estive.
Enfin le sel dont nous avons vu l’impact sur la pression osmotique de l’organisme est donné par l’exploitant sous deux formes :
· La pierre de sel dont la consommation volontaire par l’animal ne dépassera pas environ 50 g/j pour un bovin et 5 à 6 g/j pour un petit ruminant.
· En grain, à intégrer dans la ration.
Et les vitamines dans tout ça ?
Nous ne les avons pas oubliées ! Mais elles constituent un cas particulier : souvenons-nous que les vitamines du groupe B (comme la biotine ou vitamine B8, argument de vente de nombreux CMV) sont normalement synthétisées par les micro-organismes du rumen. Si ce dernier est équilibré, entre autres grâce à un apport en minéraux correct, aucune complémentation ne devrait être nécessaire pour ce groupe de vitamines.
Pour les vitamines A, D et E, c’est seulement en hiver, quand les bêtes sont nourries avec des aliments conservés, qu’une complémentation s’impose. Il faut aussi prendre en compte la proportion d’aliments concentrés dans la ration, car au-delà de 40 %, les vitamines A et E se perdent dans le rumen. Cependant, ce cas de figure est peu courant.
Les apports journaliers recommandés sont exprimés en UI (Unité Internationale) /kg de MS. Notre expert nous détaillera comment déterminer le dosage requis en vitamine A, D ou E, selon l’espèce de ruminant et son stade physiologique.
Et ce, en gardant à l’esprit que le foie peut stocker des vitamines pendant une quinzaine de jours, d’où l’établissement de cures bimensuelles.
Un dernier conseil pour les jeunes animaux en pleine croissance, privilégier des vitamines d’origine naturelle (comme la célèbre huile de foie de morue) aux vitamines de synthèse dont le rendement est moindre. Et même si cette huile de poisson n’est pas très facile à administrer...
Comment faire quelques économies en réalisant soi-même des seaux à lécher
À l’aide d’un malaxeur, ou d’une bétonnière pour les plus ambitieux, réaliser le mélange suivant :
· 60 % de minéraux, répartis selon la formule que vous aurez conçue,
· 30 % de sel, pour aiguiser l’appétence,
· 10 % d’argile, pour agglomérer le mélange (et un peu d’eau).
Une fois sec, le seau à lécher pourra être proposé aux bêtes. Celles-ci dédaigneront peut-être de prime abord un produit ne comportant pas de sucre (comme ceux du commerce) mais elles s’y feront bien vite. Et votre portefeuille aussi !
Et pour ceux que l’expérience ne séduirait pas, concluons par un rappel des indications dont la règlementation impose la visibilité sur l’étiquette des produits du commerce :
· Traçabilité (numéro du fabricant) et destination du produit.
· Composition (par ordre décroissant des ingrédients).
· Constituants analytiques (en pourcentage).
· Additifs.
· Mode d’emploi et recommandations.
Animatrice de formation Community manager Responsable qualité Référente financements OPCO Spécialiste santé animale
4 moisLa nutrition est la garante de la bonne santé ! Une ration équilibrée (tout comme des repas humains équilibrés dailleurs!!) est le meilleur préventif que la nature nous ait donné !