Mon p'tit billet d'humeur. Le burn-out, un instant de fragilité intime
Je me souviens, c'étaient les premières semaines de mon arrêt de travail. Une phrase me marque particulièrement ou plutôt une réflexion de la part d'un proche : "Je ne te comprends pas. A cause d'une simple réprimande, tu ne supportes pas et tu t'arrêtes" Seul mon regard "noir" peut lui répondre à ce moment. Je ne possède pas la réplique adéquate, mais surtout, je ne connais pas la cause de mon effondrement professionnel.
Depuis ces dernières semaines, la colère semble être l'unique émotion intérieure et viennent s'y ajouter la culpabilité et la honte qui m'empêchent d'apercevoir l'horizon. Nous sommes le 16 septembre 2014 fin de matinée. Il y a tout juste un mois, je sortais de la médecine du travail, il faisait beau. Je rentre dans un café, je suis abasourdi. Elle vient de me demander de m'arrêter de travailler. Depuis le retour de mes congés fin juillet, ma pensée est vide. Seuls les silences assourdissants et la solitude résonnent en permanence, tels des échos. Je ne peux pas faire face à ma détresse, je prends conscience que je suis alors en situation impuissance.
Je suis épuisé, vidé physiquement, mentalement et mon système émotionnel s'en trouve totalement déséquilibré. Moi qui franchissais le moindre obstacle. Un problème je le transformais en solution. Peu importe les critiques, elles me motivaient pour aller de l'avant. Oh, bien entendu, certains collègues bienveillants admiraient ma capacité de travail. D'autres vous invitaient à réduire la cadence, "A prendre soin de moi". Je répondais par un : ne t'inquiète pas ! Sans avoir bien compris le sens de cette phrase, qui ne restait pour moi, que de simples mots...
Il me faudra plusieurs mois pour admettre et comprendre que ma "force" représentait en fait ma fragilité intime. Celle qui m'a entraîné insidieusement vers la spirale infernale du burn-out. Lorsque je prenais conscience, je apercevais que ce processus trouvait sa source bien avant mon entrée dans le monde professionnel. En effet, le travail, la multiplicité des tâches et les projets m'enivraient. Mon mental ne se reposait quasiment jamais. C'était ma manière d'exister au regard des autres. D'obtenir la reconnaissance, d'être apprécié et aimé en quelque sorte. Laissé pour compte par mes parents et recueilli à 6 mois par mes grands-parents. Entre abandon et surprotection, deux solutions s'offraient à moi : devenir l'ombre de moi-même ou aller chercher la lumière pour exister ! Pourtant, mon corps avait tenté de m'avertir à plusieurs reprises mais sans réponse de ma part. Alors, ce 12 juin 2014, il m'a dit stop !
Paradoxalement, j'indiquais régulièrement à mes collègues de ne point trop en faire car le travail peut-être dangereux pour la santé... Il peut tuer ! Plus encore, j'affirmais qu'il fallait savoir "Prendre soin de soi"... Quelques mois plus tard, j'ai pris le temps de répondre à ce proche qui ne comprenait pas la raison de mon arrêt. Je lui dis que nous pourrions être victimes lui et moi du même accident de voiture. Peut-être que lui alors, serait dans l'incapacité de reprendre le volant alors que moi, oui. Je voulais lui expliquer, que ce n'est pas l'ampleur du fracas qui compte, non ! L'essentiel est de l'appréhender, de l'analyser de le comprendre afin de repartir sur le chemin de la vie, et d'apprivoiser les caresses du vent sur ses joues. D'apprendre à prendre le temps et... Soin de soi. Aujourd'hui, ce ne sont plus des mots mais une phrase à laquelle, il me semble, lui avoir donné le sens qui me correspond et me ressemble le mieux.
"Petit traité du bien-être au travail. Comment redonner un visage humain au travail social ?" Editions du Panthéon. Novembre 2018/https://www.concilioformations.fr